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Quand Coca-Cola cherche à être vendu en pharmacie

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Oenobiol, qui appartient au groupe pharmaceutique Sanofi depuis 2009, compte s’allier au géant américain de la boisson sans alcool, Coca-Cola, pour créer une boisson de beauté, début 2013. À Coca-Cola reviendrait le développement de la boisson et sa production, à Sanofi, sa commercialisation. Objectif : lancer « une combinaison unique entre le rafraîchissement, le goût et le pouvoir d’actifs de beauté ». Beautific Oenobiol sera essentiellement constitué d’eau, de jus de fruits et d’« ingrédients actifs pour maximiser un objectif beauté ciblé »

Début octobre, Rue89 dévoilait un document de travail interne détaillant le projet. La gamme sera déclinée en quatre boissons : « solaire », « cheveux et ongles », « topslim », ou « vitalité » et son prix est évalué entre 2 et 3 euros.

Colère des chercheurs de Sanofi

Au-delà du mystère autour de ces ingrédients qui rendraient plus beaux, le futur lancement de ces boissons a déclenché la colère des chercheurs de Sanofi. Le groupe a en effet annoncé la suppression de 900 postes dans le secteur de la recherche d’ici 2015. « D’un côté, on casse la recherche, et de l’autre, on s’associe à Coca, l’entreprise qui a généré des millions de diabétiques partout dans le monde, c’est quand même choquant d’un point de vue éthique », s’étonne Thierry Bodin, délégué syndical CGT à Sanofi, pour le Figaro.

Des critiques que le groupe pharmaceutique a qualifié de déplacées : « Déplacées parce qu’elles sous-entendent que le renforcement de nos activités santé grand public serait préjudiciable à l’innovation scientifique, ce qui est un contresens », a déclaré Sanofi.

Coca-Cola se lance dans les produits aux bienfaits pour la santé

Du côté de Coca-Cola, l’opération est avant tout une histoire de communication. À l’heure où l’on rend les sodas responsables de l’obésité, le géant américain souhaite offrir au public l’image d’une marque qui sait aussi rendre soin de la santé des consommateurs, des femmes en particulier.

Si, depuis 1998, la firme américaine souffre d’une baisse de près de 14 % de ses ventes, elle souhaite, grâce à ce nouveau produit, rebondir en s’inspirant du succès d’Actimel ou d’Acvtivia de Danone. Cependant, c’est un marché dangereux, suivi de très près par les agences sanitaires. L’année dernière, Nestlé a dû arrêter la production de sa boisson santé Nesfluid, une eau de coco aromatisée qui devait réaliser 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2015. Faute de succès auprès du public, la boisson a été retirée du marché, un an à peine après son lancement.

Un produit qui peine à convaincre

Au-delà du prix élevé de la petite bouteille, beaucoup s’interrogent sur le rôle que joue Sanofi dans la commercialisation du produit. Est-ce bien à un groupe pharmaceutique de se lancer dans ce genre de commerce ? Car les bienfaits de ces compléments alimentaires ne sont pas encore prouvés.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rappelait en 2010 qu’une « alimentation équilibrée suffit à apporter tous les nutriments nécessaires à la santé » et soulignait l’absence de bénéfice prouvé à consommer des compléments alimentaires, « alors même que l’on manque d’études qui permettraient, lors de prises régulières et prolongées, de montrer leur innocuité et que des signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à leur consommation ont été rapportés ».

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