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Quand la droite républicaine manifeste…

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« Je pense que M. Hollande sous-estime beaucoup le très grand mécontentement du pays réel », a lancé Jean-François Copé sur le plateau du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, ce dimanche 28 octobre au soir. « Il pourra se trouver – si je suis élu à la tête de l’UMP le 18 novembre prochain – que je propose, comme nous l’avions fait en 1984 pour sauver l’école libre, que les Françaises et les Français qui s’indignent et qui s’inquiètent pour l’avenir de notre pays et des enfants de France se mobilisent dans la rue ».

La droite républicaine peut-elle manifester ?

Une déclaration qui ne cesse de soulever les critiques de la gauche. Le nouveau Premier secrétaire du parti socialiste, Harlem Désir, s’est d’ailleurs exclamé dans un communiqué : « En menaçant d’en appeler à la rue contre l’exécutif et les réformes de la majorité, le secrétaire général de l’UMP sort des limites du débat démocratique et républicain ».

« Alors quoi, quand c’est la gauche qui est descendue systématiquement dans la rue (…), à ce moment-là, c’est la démocratie, quand c’est la droite, ce serait les ligues fascistes ? » a réagit ce mardi 29 octobre au matin Jean-François Copé sur Canal+.

Car si les manifestations ne font pas, en effet, partie de la culture de la droite, doivent-elle en permanence être associées à l’extrême droite ? Revenons sur les trois grandes manifestations républicaines qui ont marqué l’histoire de la Ve République.

Manifestation gaulliste du 30 mai 1968

Le 29 mai, le président Charles De Gaulle disparaît de l’Élysée, créant un sentiment d’affolement dans la population. Le lendemain, à 18 h, une foule arrive sur les Champs Élysées, assez silencieuse, malgré quelques slogans contre le parti communiste ou socialiste, comme « Mitterrand charlatan, au poteau ». Des manifestants défilent avec de nombreux drapeaux et banderoles tricolores.

Les organisateurs annoncent un million de manifestants, la préfecture de police en compte trois à quatre cents mille. Le mouvement s’est ensuite propagé à de grandes villes comme Rouen, au Havre, à Caen, mais aussi à Besançon, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Limoges, Marseille, Montpellier, Nancy et Toulouse. Ces manifestations rassureront la droite qui craignait l’instabilité à la tête de l’État.

Manifestation du 24 juin 1984 pour la défense de l’École libre

La création d’un « grand service public unifié et laïc de l’éducation nationale » faisait partie des promesses de campagne de François Mitterrand, pendant la campagne de 1981. Un projet de loi (loi Savary) a donc vu le jour en décembre 1982, visant dans un premier temps la constitution d’« établissements d’intérêt public » (EIP) qui associeraient les écoles publiques, les écoles privées et les collectivités territoriales, avec la perspective d’intégrer les maîtres du privé dans la fonction publique.

[image:2,f] Le mouvement a été essentiellement animé par deux responsables de l’enseignement privé catholique français : Pierre Daniel, président de la fédération des parents d’élèves UNAPEL et le chanoine Paul Guiberteau, secrétaire général de l’enseignement catholique français.

La manifestation géante a donc réuni, le 24 juin 1984, deux millions de personnes selon les organisateurs, et 550 000 selon la police. Et le 14 juillet 1984 sur TF1, le président de la République François Mitterrand, annonçait le retrait du projet de loi Savary.

Manifestation contre le Pacs le 31 janvier 1999

Cette manifestation à Paris réclamait le retrait de la proposition de loi, adoptée à l’Assemblée nationale, visant à créer un Pacte civil de solidarité (Pacs) ouvert aux couples hétérosexuels et homosexuels.

[image:3,f] Le défilé avait réuni des élus d’opposition de droite, les deux tendances du Front national, ainsi que des adhérents des associations familiales catholiques, protestantes, musulmanes et juives. Un comptage électrique donnera le nombre de 200 000 manifestants. Mais la loi sera magré tout votée.

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