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Quelques interrogations sur la réforme des rythmes scolaires

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Dans un discours prononcé le 9 octobre dernier à la Sorbonne, le président de la République française, François Hollande, a promu de réformer l’école dès 2013. Ainsi s’est-il engagé en faveur du retour à la semaine de 4 jours et demi de cours dans le primaire et contre le redoublement.

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Sur cette réorganisation des journées d’école, a martelé François Hollande, « l’État doit prendre ses responsabilités », mais les collectivités territoriales « y seront associées dans le cadre des projets éducatifs territoriaux ». Se posera non seulement la question de la péréquation entre communes riches et moins riches pour financer les activités périscolaires, mais aussi celle de la formation des enseignants, des projets pédagogiques annuels et du rôle des académies.

Une réforme peau de chagrin ?

Le principal syndicat du primaire, en l’occurrence le SNUipp-FSU, a mis en cause le scénario ayant été avancé par Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation nationale, avec des journées d’école en maternelle et de primaire qui seraient réduites d’une demi-heure[1]. « Où est passée l’ambitieuse réforme des rythmes scolaires ? » s’est interrogé le SNUipp-FSU. Quant au SE-Unsa, il a prévenu que l’« on [serait] loin de la grande réforme promise ».

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Au-delà de l’amélioration (des) conditions de vie professionnelle et personnelle des enseignants et du « risque de désillusion » qui inquiètent les syndicalistes, beaucoup de parents se posent judicieusement des questions sur les conséquences de la réforme des rythmes scolaires.

Cela mérite que l’on s’y penche, d’autant plus que Vincent Peillon a annoncé aux syndicats la possibilité, pour les régions, de coordonner l’ensemble des dispositifs d’orientation et d’information des élèves – l’État devant néanmoins conserver son rôle en matière d’orientation au sein des établissements scolaires par le biais de son opérateur national, l’Onisep, et de ses déclinaisons académiques.

Les éventuelles conséquences de cette réforme

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Le chef de l’État français a certes raison de vouloir réformer les rythmes pour éviter de surcharger les journées des élèves, tout en refusant de laisser les élèves «  livrés à eux-mêmes à partir du milieu de l’après-midi ». Il est dans le bon chemin en plaidant pour l’accompagnement périscolaire, la pratique culturelle et sportive, ainsi que l’aide aux devoirs « faits dans l’établissement plutôt qu’à la maison ».

Mais il ne suffit pas de réduire d’une demi-heure les rythmes scolaires, ni de supprimer le HCE[2], ni de le remplacer par le Conseil supérieur des programmes, pour apaiser les inquiétudes des collectivités territoriales au regard de la note relative à la cantine, aux transports scolaires ainsi qu’au taux de prise en charge par la Caisse d’allocations familiales (CAF)[3].

La création de cette institution ne suffit pas non plus à rassurer les parents d’élèves qui se posent des questions sur les charges supplémentaires qui leur seraient imposées, ainsi que la pertinence des projets pédagogiques des directeurs d’écoles et leur suivie – donc leur contrôle – par les académies…

Documentation

Un nouvel élan socialiste.

 

Notes :

[1] Ainsi dureront-elles 5 h 30, au lieu de 6 heures. Elles seraient complétées, en conséquence, d’une demi-journée supplémentaire de cours le mercredi matin, et d’une demi-heure d’aide aux devoirs proposée à l’ensemble de la classe.

[2] Le Haut conseil de l’éducation est un organisme consultatif institué par la loi de 2005 sur l’avenir de l’école et conçu pour formuler des propositions sur la pédagogie, les programmes, les résultats du système éducatif et la formation des enseignants.

[3] Pour Pierre-Yves Jardel, maire d’Orbais-l’Abbaye dans la Marne, en charge de l’éducation à l’Association des maires de France (AMF), cette mesure coûtera au total 160 000 euros supplémentaires aux communes rurales – alors que celles-ci consacrent déjà 30 à 40 % de leur budget à l’école –  avec l’embauche d’animateurs, la cantine du mercredi midi et les accompagnateurs dans les cars scolaires. Pour Yves Fournel, adjoint à l’éducation à la Ville de Lyon et en charge de ces questions à l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), « si on suit les ratios habituels, la Caisse d’allocations familiales prendrait en charge 4,1 millions ». Ainsi resterait-il 900 000 euros à partager entre la Ville et les parents.

Selon l’Assemblée des départements de France, le poste de dépense lié au transport scolaire, qui coûte entre 1 000 à 1 500 euros par an et par enfant, subirait une « hausse de 3 % en moyenne basse, allant jusqu’à 30 % pour certains territoires ».

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