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Dans une vidéo diffusée le 9 octobre, où il est filmé à son insu, le président du parti au pouvoir (Ennahdha), Rached Ghannouchi, explique à ses interlocteurs qu’ils doivent faire preuve de « sagesse » et de « patience » avant que le parti islamiste tunisien ne prenne le pouvoir sur les athées dans le domaine des médias, de l’économie et de la défense, déjà sous le contrôle de ceux-ci selon lui.
Une remise en cause des forces de l’ordre
« Vous ne devez pas faire confiance à la police ou à l’armée », prévient-t-il. « Aujourd’hui, nous n’avons plus une mosquée, nous avons un ministère des Affaires religieuses, nous n’avons plus une boutique, nous avons un État ». Et d’insister sur le fait qu’il était inutile de « précipiter » l’arrivée des islamistes au pouvoir, qui est « encore entre les mains des laïcs ». M. Ghannouchi a tenu à souligner l’émergence d’une Tunisie islamiste, en rupture avec la Tunisie laïque.
Le discours de Rached Gannouchi a été dénoncé par l’opposition. Le parti républicain a estimé que l’auteur de ces propos « jette le discrédit sur des institutions, et leur doit des explications ». Mohammed Bennour, porte-parole du parti Ettakatol, pourtant allié d’Ennahdha, a qualifié de «dangeureux et choquants » les propos tenus dans la vidéo.
Complot ou démasquage?
Pour sa défense, le parti majoritaire tunisien explique qu’il s’agit d’un coup monté et que les propos ont été «sortis de leur contexte ». Selon le cabinet de Rached Gannouchi, ces propos visent à dissuader les islamistes d’utiliser la violence, et sont nés d’une volonté d’encourager les salafistes à s’impliquer dans la vie publique.
Alors qu’il assurait prôner un islam modéré, le chef d’Ennahdhda a prouvé par cette vidéo que les intentions du parti pourraient être de supplanter les laïcs dans tous les domaines: « Aujourd’hui vous, les frères salafistes, vous avez le contrôle des mosquées. Celui qui veut créer une radio, une télé, une école (coranique), qu’il le fasse! Mais pourquoi êtes-vous pressés? Il faut être patient ».