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Revue de détails des motions qui divisent le parti socialiste

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Les militants PS ont voté, ce jeudi 11 octobre, pour départager deux des cinq motions qui ont été déposées au parti. Le premier signataire de la motion qui remportera le plus de voix, lors du second tour le 18 octobre prochain, deviendra officiellement le Premier secrétaire du parti socialiste, lors d’un congrès qui se tiendra à Toulouse, du 26 au 28 octobre. Ce vote est d’une importance capitale, car des résultats du scrutin dépendra la répartition des postes au sein du Conseil national du parti.

Harlem Désir, premier signataire de la motion majoritaire a été, sans surprise, plébiscité par les militants à la suite de ce scutin, en réunissant 68,1% des voix. Retour sur les motions qui définissent les différents courants du principal parti de la majorité présidentielle.

« Mobiliser les Français pour réussir le changement »

C’est la motion majoritaire soutenue par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et l’ancienne Première secrétaire du parti, Martine Aubry. À sa tête, Harlem Désir, qui avait assuré l’intérim pendant la primaire socialiste.

Assuré de l’emporter, sauf événement exceptionnel, l’ancien président de SOS Racisme a déjà endossé le rôle de Premier secrétaire en attendant la confirmation des militants. Il a par ailleurs lancé mercredi 10 octobre un « appel » à « participer très massivement à ce choix » : « Moi, je souhaite que les militants se saisissent de ce débat. Il y a un choix d’unité, de soutien à la politique qui est engagée », a-t-il déclaré sur France Inter.

Soutiennent cette motion, les aubrystes, les hollandais, les moscovicistes, les hamonistes, les peillonnistes, les vallsiens… Bref, l’ensemble du gouvernement.

« Question de principes »

« Nous aimons notre parti et nous croyons dans l’esprit d’unité et dans le goût de la liberté de ses membres, comme dans la force de ses idées. Mais, comme bien des militants, nous ne nous reconnaissons plus dans les luttes d’appareil, la cooptation, les querelles d’ego », écrivent les principaux signataires de cette motion, Juliette Méadel, conseillère dans le 14e arrondissement de Paris, et le sénateur de la Nièvre, Gaëtan Gorce. « Il faut reprendre le travail intellectuel, le vrai, celui qui demande du temps », lancent-ils.

Pour eux, la méthode de désignation des instances dirigeantes du parti est « surannée ». Ce sentiment pourrait être partagé par un grand nombre de militants qui dénoncent déjà un congrès verrouillé.

« Maintenant la gauche »

C’est la motion qui incarne l’aile gauche du parti. Porté par Emmanuel Maurel, qui organise le grand rassemblement annuel de La Rochelle, ce courant risque de se trouver très peu soutenu dans la mesure où Benoît Hamon a rejoint la motion majoritaire.

« Notre premier objectif en faisant une motion, c’était de réveiller le congrès, d’imposer des thèmes dans le débat, comme celui du TSCG. On prône la relance plutôt que la rigueur, symbolisée par le chiffre sacré des 3%, ce qui, dans un parti laïc, n’est d’ailleurs pas très logique… », a déclaré Emmanuel Maurel. Son second objectif étant d’obtenir un minimum de 5% des voix des militants pour obtenir une représentation au Conseil national du parti.

Les soutiens de cette motion se sont en effet fait entendre lors des débats sur le Traité budgétaire européen, en affirmant leur opposition au texte, comme la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann ou le député et président du Conseil général de l’Essonne, Jérôme Guedj.

« Oser, plus loin, plus vite »

« Cette motion a pour ambition de dire la réalité des crises actuelles mais aussi de montrer qu’il y a des solutions pour s’en sortir : on peut retrouver l’équilibre des finances publiques sans politiques d’austérité. On peut lutter contre le chômage sans attendre un miraculeux retour de la croissance… », déclarent les signataires, dont le très médiatique Stéphane Hessel.

Celui qui a soutenu Martine Aubry durant la primaire socialiste et François Hollande durant la présidentielle n’a pas sa langue dans sa poche : « Il faut un cap, si l’on veut changer les choses. Chacun a ses particularités, celle de Hollande est de ne pas brusquer, d’y aller pas à pas. Mais il y a des moments où, pour se faire reconnaître comme étant la voix de la France, il faut savoir trancher et proposer des changements profonds », a-t-il déclaré à Médiapart.

Pour Pierre Larrouturou, rédacteur de la motion, le choix de Stéphane Hessel était un signe fort : « Si nous avons demandé à Stéphane Hessel d’être le premier signataire, c’est que nous sommes dans un contexte de crise historique. Le problème n’est pas de choisir entre Trucmuche et Tartempion. La dernière crise de cette gravité a débouché sur la Seconde guerre mondiale et ses 40 millions de morts. Tout cela peut très mal finir. Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour agir ? »

« Toulouse, mon congrès »

Constance Blanchard, membre du Conseil national et jeune militante de 25 ans veut mettre avant l’importance de la jeunesse dans les débats au sein du parti. Avec Fabien Verdier, président du club Convictions, ils veulent mettre en avant l’ouverture, le dynamisme, la richesse des origines, des expertises et des parcours des militants pour faire émerger des idées neuves au PS.

Constance Blanchard n’hésite pas à s’appuyer sur l’engagement de François Hollande pour appuyer sa motion : « Je demande à être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse. Chacun de mes choix, chacune de mes décisions se fondera sur ces seuls critères : est-ce juste et est-ce vraiment pour la jeunesse ? »

Parmi ses idées : « abaisser l’âge de vote à 15 ans pour les élections locales », ou encore « abaisser l’âge d’éligibilité des sénateurs à 18 ans ».

D’après un sondage de septembre de l’institut de sondage Harris Interactive, seulement 26% des Français se déclarent intéressés par l’identité du prochain Premier secrétaire du PS, et à peine un sympathisant socialiste sur deux (53%).

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