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Rugbyman professionel, il reprend la compétition après un AVC

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AVC. Accident vasculaire cérébral. Voilà le diagnostic annoncé à Grégory Mahé, rugbyman professionnel âgé de trente ans, quand il se rend aux urgences le 6 mai 2011. Trois lettres qui devraient signifier la fin de tout : d’une vie trépidante, d’une carrière de sportif de haut niveau, d’une passion pour le ballon ovale. Pourtant, après une lourde opération du cerveau nécessitant une période de coma artificiel, il n’a qu un désir : reprendre l’entraînement. Son courage, son incroyable détermination et sa joie de vivre poussent Grégory à ne pas baisser les bras.

Envers et contre tous, il entreprend une solitaire et douloureuse rééducation. Chez lui, dans son jardin, Grégory Mahé réapprend les gestes de la vie quotidienne mais aussi et surtout ceux qui font de lui un demi d’ouverture ayant côtoyé les plus grands. Quatre mois plus tard, le voici de retour sur les terrains ! Avec l’humour qui le caractérise, l’auteur se dévoile en évitant les poncifs et le pathos que l’on retrouve trop souvent dans ce type de témoignage.

Extraits de Mon match contre l’AVC, de Grégory Mahé

Cette saison sportive 2011-2012 a été la plus difficile de ma vie de rugbyman. J’ai connu des périodes de doute, des moments de grande fatigue, j’ai supporté les migraines mais j’ai également dû faire face à des soucis d’argent. De plus, mon grand-père paternel a été frappé par un cancer de la plèvre. Il a d’ailleurs été hospitalisé le même jour que moi. Mon père a eu beaucoup de courage car il s’inquiétait à la fois pour son fils, qui était entre la vie et la mort à Montpellier, et son père, qui luttait contre un cancer en Bretagne… Je pense souvent à mon papy qui n’est toujours pas sorti d’affaire. J’espère qu’il va s’accrocher et guérir au plus vite.

À force de batailler, j’ai retrouvé une forme physique correcte pour le rugby et la compétition. Tout s’est plutôt bien passé pendant la première partie de la saison sportive et j’ai enchaîné les matches sans pépin. Pourtant, nouveau coup dur, en février 2012 : je me suis blessé à l’épaule. Une mauvaise déchirure qui m’a éloigné des terrains près d’un mois. Mais j’ai repris l’entraînement et les matchs avec l’USC. Je ne suis pas du genre à m’envoyer des compliments mais je suis tout de même très heureux de mon parcours sportif. En effet, quelques mois à peine après avoir été victime de cet AVC et alors que rien n’était évident pour moi, j’ai réussi, cette saison 2011-2012, à être titulaire sur vingt matchs et cinq fois remplaçant (sur un total de trente matchs disputés). Autre satisfaction personnelle : notre équipe de Carcassonne a fini au pied du podium à un point des demi-finales ! Ce fut donc une grosse saison pour notre équipe et la plus dure à mener à titre personnel mais la victoire est d’autant plus belle qu’elle a été difficile.

J’ai eu beaucoup de chance dans mon malheur puisque les séquelles de mon accident sont finalement assez légères. Toutefois, mon champ visuel s’est considérablement rétréci. Après l’opération, je ne voyais plus en dessous du bas-ventre ni sur les côtés.

L’hématome dans ma tête avait comprimé le nerf optique et, au moment de l’AVC, j’avais totalement perdu ma vision de l’œil gauche. Actuellement, j’ai toujours une vue déficiente mais j’espère qu’en travaillant ma vision périphérique mon champ visuel s’élargira. Je formule des vœux pour que ma vision s’améliore aussi dans les prochains mois. Surtout que cela me gêne parfois, particulièrement à mon poste de demi de mêlée. J’ai absolument besoin de capter tout ce qui se passe autour de moi pour gérer au mieux la rencontre et mes partenaires de jeu. Pour l’instant, je compense avec l’ouïe et, malgré le casque que je dois porter, je parviens à situer mes coéquipiers et à leur transmettre le ballon quand il faut.

Depuis mon accident, je suis sujet à des migraines plus ou moins intenses, tenaces et quasiment quotidiennes. C’est usant, fatiguant et les médecins ne peuvent pas dire si elles disparaîtront un jour ou même si elles s’atténueront. Mais j’ai appris à vivre avec. Je ne vais pas me plaindre. C’est supportable. Depuis la rentrée 2011, je n’ai pas été soumis à beaucoup de contrôles médicaux. Je connais bien mon corps et fonctionne au feeling. C’est un avantage. Je sais lorsque je dois être raisonnable et lever le pied.

>> Lire l’interview de Grégory Mahé

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