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Stabilité stratégique, condition à la capitalisation boursière

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La capitalisation boursière n’est plus, comme dans les années 1980, la solution privilégiée par les entreprises. Cette année, elles se sont majoritairement tournées vers leurs banquiers. Selon Dominique Cerruti, directeur général adjoint de Nyse Euronext, qui gère la bourse de Paris, « en France, le financement des entreprises est encore assuré à 95 % par des crédits bancaires, 4 % par les fonds investissements et capital-risque. Et seulement 1 % par la bourse ». Maigre ratio.

C’est que la bourse n’est plus aussi efficace. D’un coté, elle est accusée de profiter aux spéculateurs qui se soucient comme d’une guigne de l’économie réelle, ainsi qu’aux investisseurs, qui réclament des dividendes exorbitants. D’un autre coté, elle ne remplit plus son rôle avec assez de constance, trop dépendante qu’elle est de la confiance des actionnaires qui ont été particulièrement prompts à retirer leurs mises ces dernières années.

Une récente étude KPMG sur le risque actionnarial a en effet recensé un certain nombre de décrochages boursiers depuis 2007, ces chutes ayant touché en priorité les entreprises les plus petites en termes de capitalisation, même si les grandes entreprises n’y ont pas échappé non plus. Les secteurs de la technologie et des biens de consommation boursière ont été également des cibles privilégiées. « L’importance du capital immatériel dans ces secteurs, la fréquence et la rapidité des ruptures technologiques peuvent expliquer cette vulnérabilité », note Jean-Florent Rérolle, Associé KPMG Corporate Finance.

La mauvaise santé boursière entraîne des désordres sociaux et managériaux, qui inquiète davantage les investisseurs

Concrètement, plus d’une entreprise cotée sur deux (51,7%) a connu au moins quatre décrochages relatifs de plus de 20% de son cours de bourse entre 2007 et 2012, tandis que 86,5% en ont connu au moins un de cette ampleur. Une entreprise sur deux a connu une chute de plus de 30% sur la même période. Il s’agit de décrochages brutaux, dont KPMG a essayé de déterminer les causes quand ils étaient supérieurs à 30%. Le constat est simple : ces décrochages interviennent principalement lors d’une perte de confiance des investisseurs suite à des signaux stratégiques incohérents de la part des directions.

Par exemple, pour la majorité des cas, c’est dès lors que les objectifs en termes de croissance, de marge, de technologie ou de portefeuille d’activité ne sont pas littéralement suivis que les investisseurs cessent d’adhérer à la ligne stratégique de l’entreprise. Sinon, cette perte de confiance peut survenir suite à une décision financière susceptible de cacher une faille stratégique.

Les solutions proposées sont plus restrictives et onéreuses qu’avant

Non seulement cette confiance est extrêmement volatile, mais elle est également très longue à réinstaurer puisque neuf mois sont nécessaires pour retrouver le niveau de l’indice après une chute de 20% et près de onze mois pour les décrochages de 30%.

Cette situation pose de vrais problèmes aux entreprises qui se trouvent confrontées, suite à un décrochage, au double challenge de devoir booster leurs résultats tout en évitant les dommages collatéraux de telles chutes sur l’organisation. Si elles n’y parviennent pas, elles risquent de générer un cercle vicieux dans lequel la mauvaise santé boursière entraîne des désordres sociaux et managériaux, qui eux-mêmes inquiètent davantage les investisseurs.

Cette étude aurait donc plutôt tendance à décourager les entreprises de recourir à la bourse. Mais en ces temps difficiles, elles n’ont pas tellement le choix. « Trouver de l’argent était déjà un sport difficile, mais récemment il est devenu vraiment dur à pratiquer. Cela n’arrive pas du jour au lendemain, ni de façon globale, mais il y a davantage de réticences de la part des banquiers à accorder des prêts. Les solutions proposées sont plus restrictives et beaucoup plus onéreuses qu’avant », explique Patrice Coulon, directeur général délégué de GE Capital.

Dans ce contexte, les entreprises vont sans doute devoir reconsidérer sérieusement la capitalisation boursière, mais devront, pour se prémunir contre les risques, bâtir au préalable une stratégie solide.

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