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Taxe Google: les éditeurs de presse unis pour leur perte?

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Le ministère de la culture a lancé la « mission culture acte 2 » qui est une mission de concertation sur les contenus numériques et la politique culturelle, objectifs : « favoriser le développement des oeuvres etdes pratiques culturelles numérique » (faute d’orthographe incluse) et « d’assurer l’accès de tous à celles-ci ».

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Face à cette haute et louable ambition, les éditeurs de presse, pour une fois unis, ont présenté un projet visant…à taxer les contenus indexés par les moteurs de recherche, instantanément baptisé « taxe Google ». Le point de vue de Fabrice Boé.

Des géants insuffisamment taxés

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire combien était choquante l’invraisemblablement faible imposition en France des géants du numériqueLe Figaro a fait un point dans son édition du 8 octobre et rappelle que, par un jeu de déplacement de leurs profits, les Google et autres AppleAmazonFacebook ou Microsoft règlent en France des impôts qui en d’autres circonstances et s’il ne s’agissait pas de « milliards perdus » feraient sourire. Mondialement, selon le FigaroGoogle prévoit de payer 3,2% d’impôts sur ses 7,6 milliards $ de bénéfices réalisés à l’international, de son côté Microsoft déclare un minuscule bénéfice au fisc français (pour environ 2 milliards € de chiffre d’affaires…) quant à Apple il annoncerait des pertes en France, donc pas d’impôts mais des déficits reportables…

Faut-il pour autant encourager les éditeurs français dans leur croisade ?

Selon eux, cités par la Correspondance de la Presse, cette taxation constituerait un « véritable bond en avant », la presse papier « finançant le développement du numérique ».

Qui peut comprendre cela ?

Taxer des contenus dont la presse a terriblement besoin qu’ils soient repris par les moteurs de recherche serait un progrès ?

Où a-t-on vu, par ailleurs, que la presse finance le développement du numérique ?

Si la magnifique opération menée par les éditeurs aboutissait, les contenus de presse « taxés » seraient-ils encore diffusés demain par les moteurs de recherche ?

Le numérique a de moins en moins besoin de la presse

C’est ici qu’il faut se battre et s’unir : assurer la présence de la presse dans le numérique, tout faire pour que ses contenus soient massivement diffusés et que la presse redevienne le principal créateur et fournisseur de contenus journalistiques.

Les éditeurs devraient plutôt mettre à profit leur union retrouvée pour tous ensemble s’organiser et, bien davantage qu’aujourd’hui, se fixer comme objectif que la presse renforce sa présence sur les supports numériques.

Le support papier continue à décliner, tous les chiffres le prouvent et nul ne s’attend à une inversion de tendance : trouver de nouveaux relais de diffusion est un impératif majeur, de survie même, pour l’industrie de la presse. Les supports numériques, sous toutes leurs formes, constituent la meilleure si ce n’est l’unique opportunité pour exister dans le monde de demain. Il ne s’agit pas d’une option secondaire ou d’un canal marginal destiné à compléter le papier mais, soyons clair, du canal qui va devenir dominant. C’est là que seront les lecteurs, tout simplement.

L’Etat a aussi un rôle à jouer

Lors des anticipations portant sur le budget 2013, on a pu noter que sur le milliard d’euros d’aides à la presse, toutes formes confondues, le fonds de modernisation stratégique va sans doute allouer (section 2 et 3) environ 20 millions d’euros au soutien d’initiatives de diffusion numérique de contenus de presse : 2% du total pour créer le monde de demain, c’est peu…

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