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À qui ont profité les 600 milliards du plan de sauvetage américain?

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Pour répondre à toutes ces questions, nous avons découvert un site impressionnant qui retrace l’ensemble des dépenses et recettes du Trésor au dollar près : le « Bailout Tracker »du site ProPublica.org ! Commençons donc par nous intéresser aux différentes institutions ayant reçu une aide. Attention, il faut bien comprendre que lorsqu’un État réalise un plan de sauvetage pour renflouer les banques ou bien pour éviter la faillite de certaines entreprises, il ne s’agit absolument pas d’un don de l’État (hormis des subventions directes dans de très rares exceptions) !

Si une institution ayant reçu une « aide » de l’État arrive à rembourser son prêt, alors l’État aura réalisé un gain

L’aide de l’État se matérialise le plus souvent sous forme de prêts (avec intérêt) ou bien sous forme de prise de participation de l’État au capital de l’entreprise (sorte de nationalisation). Donc si une institution ayant reçu une « aide » de l’Etat ne fait pas faillite et arrive à rembourser son prêt, alors l’État aura donc réalisé un gain sur cette transaction via le paiement des intérêts (auquel il faudrait, pour être précis, soustraire la hausse de la charge de la dette liée à la hausse de la dette publique + actualisation des flux). Idem si l’État entre au capital d’une entreprise et que le cours de l’action remonte, alors un gain sera réalisé au moment de la revente (auquel il faut ajouter les dividendes versés par l’entreprise à l’État-actionnaire).

Sur les 605 milliards injectés par le Trésor américain, 245 milliards de dollars l’ont été à destination des banques et des institutions financières, 187 milliards pour nationaliser Freddie Mac et Fannie Mae, près de 80 milliards en direction de l’industrie automobile (General Motors et Chrysler), 67,8 milliards pour le géant de l’assurance AIG et 24 milliards dans diverses opérations de rachat d’actifs toxiques et programme en direction du marché immobilier.

Le Trésor a réalisé un profit net de 4,5 milliards de dollars sur Bank of America

Les principales banques et institutions financières ayant reçues une aide de l’État sont Bank of America (45 milliards), Citigroup (même somme), JP Morgan (25 milliards), Wells Fargo (25 milliards), Goldman Sachs (10 milliards) et Morgan Stanley (10 milliards). La grande majorité de l’aide aux banques a été réalisée dans le cadre du « Capital Purchase Program » d’octobre 2008, et consiste en une prise de participation de l’État sous forme d’actions privilégiées donnant droit à un versement d’un dividende de 5% par an.

Par exemple le sauvetage de Citgroup a rapporté au Trésor américain la jolie somme de 12,4 milliards de dollars ! Comment est-ce possible ? Simplement car le Trésor, en tant qu’actionnaire, a reçu des dividendes de la part de Citigroup et a réalisé de très belles plus-values au moment de la revente des actions privilégiées. Dans une moindre mesure, c’est la même chose pour les autres grandes banques citées précédemment. Le Trésor a réalisé un profit net de 4,5 milliards de dollars sur Bank of America, 1,7 milliard sur JPMorgan, 2,2 milliards sur Wells Fargo et 1,4 milliard sur Goldman Sachs. Sur l’ensemble des banques ayant été « sauvées », certaines ont, il est vrai, fait faillite et donc n’ont pas remboursé le Trésor (= perte nette). C’est par exemple le cas de UCBH Holdings (perte pour le Trésor de 291 millions de dollars). Mais dans l’ensemble, le sauvetage des banques a rapporté de l’argent à l’État américain.

La ligne de crédit de 85 milliards de dollars accordée par le gouvernement à AIG, transformée ensuite en un engagement de 69,8 milliards dans le cadre du TARP + 112,5 milliards de la Fed, entraîne pour le moment un gain de 12,4 milliards de dollars (194,7 – 182,3 = 12,4 milliards) (source: treasury.gov).

Bien que comptablement le sauvetage des banques et d’AIG ait permis de dégager un gain significatif pour le contribuable américain, il ne faut pas oublier de réformer Wall Street pour que cela n’arrive jamais plus… Même s’il est vrai qu’il y a eu quelques légères améliorations depuis la crise, il y a encore du boulot pour être sûr que l’économie américaine ne soit plus jamais dans cette situation ! 

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