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Affaire Bettencourt: Nicolas Sarkozy sera-t-il mis en examen?

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Selon Le Figaro, Nicolas Sarkozy « s’estime inattaquable sur ce dossier, mais il sait qu’une mise en examen est possible ». « Le juge Gentil est déterminé à tout faire pour le mettre en cause », a-t-on indiqué au quotidien dans l’entourage de l’ex-chef de l’État.

Dans le cadre de l’enquête, les bureaux de Nicolas Sarkozy ont été perquisitionnés par les juges au début de l’été, ses agendas minutieusement inspectés, ses comptes de campagne épluchés. Le dossier devait être le plus solide possible.

Que reproche-t-on à Nicolas Sarkozy ?

Pour financer une campagne électorale, la limitation des dons des personnes privées est fixée à 4600 euros, tout don égal ou supérieur à 150 euros ne pouvant être effectué en espèces. Or il semblerait que Nicolas Sarkozy ait reçu beaucoup plus de 4600 euros de la part de Liliane Bettencourt.

Mis en examen pour « recel » dans le volet abus de faiblesse de l’affaire Bettencourt, son trésorier de campagne et ancien ministre du budget, Éric Woerth, est en effet soupçonné d’avoir reçu début 2007 près de 150 000 euros en espèces de la main de Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane et André Bettencourt. Ce que nie en bloc l’intéressé. À l’origine de l’accusation, l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout.

Ce qui intrigue les juges, c’est que selon plusieurs témoignages, Nicolas Sarkozy aurait rendu visite à plusieurs reprises à Liliane Bettencourt ou à Patrice de Maistre en 2007, notamment pendant l’entre-deux tours de la présidentielle. Des faits niés par Nicolas Sarkozy qui n’a reconnu s’être rendu chez la milliardaire qu’une seule fois, en février 2007.

De nombreux témoignages

Éric Woerth ne cesse de le rappeler : « Il n’y a pas eu un centime d’argent liquide illégal versé à l’UMP pendant cette campagne. Je peux vous dire que Patrice de Maistre ne m’a pas remis d’argent, mais je ne peux pas le prouver. J’ai fait évoluer ce parti vers plus de transparence et je pense être très « clean ». […] Je veux m’en tenir à ma vérité qui est la vérité : je n’ai pas perçu d’argent liquide pour financer la campagne, pour financer l’UMP ou à titre personnel. »

Cependant, le juge Jean-Michel Gentil ne semble pas convaincu par cette défense, car de nombreux témoignages viennent corroborer celui de Claire Thibout, qui affirmait avoir retiré 50 000 euros sur un compte parisien de Liliane Bettencourt pour Patrice de Maistre, qui les aurait ensuite remis au trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy.

Longtemps laissé à l’abri dans les coffres de la police judiciaire, le scellé numéro un, qui regroupe des extraits du journal intime de l’artiste François-Marie Banier, confident de Liliane Bettencourt, a enfin été versé dans la procédure pour « abus de faiblesse ». Le 26 avril 2007, sont évoquées les confidences faites ce jour-là par Liliane Bettencourt à son ami. Voici ce qu’écrit François-Marie Banier : « De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent, j’ai dit oui. » Et d’ajouter : « Comment puis-je savoir s’il lui donne vraiment ? Vous verrez ce que c’est l’argent… ». L’enquête montre que ce 26 avril 2007, 400 000 euros en espèces, prélevés sur un compte suisse, ont bien été remis à Mme Bettencourt par l’intermédiaire de Patrice de Maistre.

Que risque Nicolas Sarkozy ?

Les sommes en jeu sont colossales : environ 4 millions d’euros au total, provenant des comptes suisses de Liliane Bettencourt, ont été acheminés vers la France par Patrice de Maistre, en plusieurs fois, en 2007 (deux fois 400 000 euros, pendant la campagne, puis pendant l’entre-deux tours, ce qui a alimenté les soupçons de financement illicite), en 2008 (deux fois 1 million d’euros) et en 2009 (trois fois 400 000 euros). Des sommes qui auraient été versées à Nicolas Sarkozy. Il devra donc s’en défendre…

À l’issue de l’audition, Jean-Michel Gentil pourra soit prononcer une mise en examen à l’encontre de Nicolas Sarkozy, soit lui accorder le statut de témoin assisté. Si l’ancien président est mis en examen, le juge peut, au terme de l’instruction, prononcer un non-lieu ou le renvoyer devant un tribunal correctionnel. Si le juge lui accorde le statut de témoin assisté et que ce statut est maintenu, le non-lieu sera automatiquement prononcé à la fin de la procédure.

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