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Allemagne: un déplacement capital pour Jean-Marc Ayrault

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« L’entente franco-allemande, c’est pas l’alignement de l’un sur l’autre », déclarait Jean-Marc Ayrault mercredi 14 novembre sur France Info. Et pourtant, les rumeurs d’une inquiétude de plus en plus grande outre-Rhin sur les politiques mises en place par le gouvernement socialiste sur le plan économique ne font que croitre. Selon le Premier ministre, sa relation avec ses homologues allemands est très cordiale : « On se parle, on se respecte, et puis on essaie de trouver les bonnes réponses ensemble », a-t-il déclaré.

« Nous, nous avons des questions aussi à poser au gouvernement sur ce qu’on peut faire ensemble pour relancer la croissance », a ajouté Jean-Marc Ayrault. « Là, on a des perspectives qui sont mauvaises ».

Vision différente sur la relance de la croissance

Et c’est bien sur le thème de la croissance – sujet capital s’il en est – que les avis français et allemands divergent. Pour Jean-Marc Ayrault, les Allemands se projettent trop à long terme, or selon lui, l’urgence de la situation oblige une vision plus à court terme : « Le court terme c’est de permettre la relance de la croissance en Europe, ça passe par la stabilisation de la situation de l’euro, ça passe par la mise en place de l’union bancaire et de la supervision des banques, ça passe par la mise en place de l’intervention de la Banque centrale européenne », expliquait-il toujours sur France Info.

Or il paraitrait, selon la presse allemande, que le Conseil allemand des experts économiques, composé de « cinq sages » qui conseillent le gouvernement, aurait été sollicité pour réfléchir à des mesures pour venir en aide à la France. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble en serait à l’origine. Or cette information n’a été que partiellement démentie par le Conseil allemand des experts économiques et par le gouvernement allemand.

Selon Jean-Marc Ayrault, ces rumeurs sont « très exagérées du côté de la presse allemande, ou d’une partie de la presse allemande ». Quoiqu’il en soit, le malaise demeure.

L’Allemagne et la France, partenaires inévitables ?

En soit, l’idée n’est pas si surprenante. L’Allemagne a besoin de la France. L’Allemagne gagne de l’argent grâce à son commerce extérieur, le marché et l’économie français sont donc bien trop précieux pour ne pas s’y intéresser de près. L’Allemagne a tout intérêt à voir la France retrouver sa croissance.

« Nos économies sont tellement liées, tellement interconnectées, leur dynamisme conjoint est tellement nécessaire à l’Europe que ce malentendu me semble être une tempête dans un verre d’eau », a insisté lundi 12 novembre le ministre de l’Économie français Pierre Moscovici. « Nous allons nous en expliquer s’il en était besoin mais en réalité les choses vont bien entre la France et l’Allemagne. »

Cependant, la semaine dernière, l’ancien chancelier Gerhard Schröder affirmait que « les promesses de campagne du président français vont se briser sur la réalité économique ». « La France va vraiment avoir des problèmes si le refinancement de sa dette se complique », avait ajouté l’ancien leader social-démocrate. Un avis que semble partager un grand nombre d’Allemands et Angela Merkel elle-même.

De son côté, Jérôme Cahuzac, le ministre délégué chargé du Budget, s’est montré plus dubitatif, soupçonnant quelques motivations « tactiques » outre-Rhin : « On peut s’interroger sur les raisons tactiques qui feraient que l’Allemagne douterait de la politique de la France, moins parce que cette politique ne lui conviendrait pas que [parce que] l’Allemagne, notre voisin, souhaiterait précisément garder ce leadership », a-t-il déclaré.

Contexte difficile pour Jean-Marc Ayrault

Ce voyage intervient une semaine après le pacte de compétitivité présenté par Jean-Marc Ayrault, qui prévoit notamment 20 milliards d’euros d’allègements de charges pour les entreprises par la mise en place d’un crédit d’impôt, et salué par Berlin.

Mais le contexte n’en ai pas moins difficile pour le Premier ministre qui s’entretiendra jeudi 15 novembre avec le président allemand Joachim Gauck et le ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Après un passage au mémorial des juifs assassinés d’Europe, il déjeunera avec des responsables syndicaux allemands. Ce n’est que dans l’après-midi qu’il rencontrera Angela Merkel, rencontre qui se soldera par une conférence de presse. Enfin, le lendemain matin, Jean-Marc Ayrault prendra son petit-déjeuner avec des dirigeants du parti social-démocrate.

Mission de confiance, donc, pour le Premier ministre, qui a pour lui le privilège de maîtriser la langue de Goethe. Une opération séduction qui sera certainement suivie d’effets. C’est tout ce que souhaite François Hollande, qui a expliqué que tout serait mis en œuvre pour défendre cette amitié franco-allemande : « Rien ne doit être fait pour affaiblir cette relation, pour que nous puissions, au-delà de nos différences, trouver le bon compromis dans l’intérêt de l’Europe et de nos deux pays », a-t-il déclaré ce mardi 13 novembre lors de sa conférence de presse à l’Élysée.

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