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Cinquante ans de conférences de presse présidentielles

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Six mois après son investiture, le chef de l’État se trouvera ce mardi 13 novembre au soir face à 400 journalistes, pour la première conférence de presse à l’Élysée de son quinquennat.

 

Les petites phrases du général de Gaulle

C’est au général de Gaulle que l’on doit le lancement de cette initiative. Premier chef d’État de l’ère de la télévision, il lance la première conférence de presse retransmise en direct par l’ORTF, en 1958.

Très solennel devant les journalistes, entouré de ses ministres, le Président ne manque cependant pas d’user de formules bien pensées et de « petites phrases », comme en 1962, lorsqu’il lance : « Dante, Goethe, Chateaubriand, appartiennent à toute l’Europe dans la mesure où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides et s’ils avaient pensé, écrit en quelque espéranto ou volapük intégrés… ».

Et à la question : « Comment vous portez-vous ? » posée par un journaliste en 1965, le Président répond : « Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous, un jour, je ne manquerai pas de mourir ».

Pompidou cite Éluard

Georges Pompidou continue l’exercice de style, malgré les comparaisons fréquentes avec son prédécesseur, dont les allocutions étaient restées gravées dans les mémoires.

La conférence de presse du 22 septembre 1969 a marqué les esprits. Interrogé sur l’affaire Gabrielle Russier (une enseignante qui s’était suicidée après avoir été condamnée pour avoir eu une liaison avec un de ses élèves), Georges Pompidou réfléchit quelques instants, puis, en littéraire aguerri, cite Paul Éluard : « Comprenne qui voudra, mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés »

Valéry Giscard d’Estaing, un « traditionaliste qui aime le changement »

Valéry Giscard d’Estaing, « VGE », souhaite apporter un « coup de jeune » au style présidentiel. Arrivé en 1974 à l’Élysée, il tient sa première « réunion de presse » comme il l’appelle, en juillet de la même année.

Moins conventionnel que ses prédécesseurs, il se tient devant un grand rideau bleu, debout devant un pupitre sur lequel est posé un bouquet de fleurs, comme dans un salon privé. « Je suis un traditionaliste qui aime le changement […] J’ai été élu pour conduire le changement dans l’ordre », déclare-t-il.

François Mitterrand et la stratégie de la rareté

François Mitterrand rompt avec la logique des précédents présidents. Il espace ses interventions, adoptant la « stratégie de la rareté » élaborée par son conseiller en communication, Jacques Pilhan. Il cherche en effet à se démarquer du style présidentiel du général de Gaulle, critiqué pour son omniprésence sur les ondes.

Le président socialiste interviendra en 1984 pour défendre la reconquête industrielle et la croissance sociale. Puis il tiendra huit conférences de presse pendant la guerre du Golfe, entre 1990 et 1991, afin de préparer les Français à la guerre lors de l’invasion du Koweït par l’Irak : « Puisque nous sommes dans une logique de guerre, il faut tout faire ou faire beaucoup. Il faut tout faire pour en sortir… et il faut faire beaucoup parce que ce qui doit être accompli doit l’être dans le cadre du droit ».

Jacques Chirac, quatre conférences de presse en douze ans

Jacques Chirac n’est pas un grand adepte des conférences de presse. Il n’en tiendra que quatre pendant ses douze ans de mandat. Sa première conférence de presse intervient très rapidement après son élection.

Le 13 juin 1995, il annonce devant les journalistes qu’il a conviés la reprise des essais nucléaires à Mururoa, dans le Pacifique. « Nous préférerions tous ne pas avoir à reprendre des essais nucléaires. Malheureusement, nous les avons arrêtés un peu trop tôt », déclare-t-il alors. « Il n’y a strictement aucune conséquence écologique », ajoute-t-il, dans le but de devancer les critiques.

Les grandes déclarations de Nicolas Sarkozy

À son arrivée à l’Élysée, Nicolas Sarkozy souhaite la rupture avec Jacques Chirac, promettant de tenir deux à trois conférences de presse par an. En janvier 2008, pour sa première conférence devant les journalistes, le chef de l’État fait deux déclarations surprises : « Avec Carla, c’est du sérieux. Mais ce n’est pas le JDD qui fixera la date », déclare-t-il à propos de son possible mariage avec Carla Bruni. Le même soir, il annonce la fin de la publicité sur la télévision publique. À Laurent Joffrin, de Libération, qui évoque la « monarchie élective », le Président se défend et réplique : « Moi, issu de la monarchie ? Si la monarchie est l’élection, alors ce n’est plus la monarchie ! Les mots ont un sens… ». 

Jusqu’à la fin de son mandat, Nicolas Sarkozy tiendra finalement trois autres conférences de presse à l’Élysée, multipliant plutôt les émissions spéciales devant le public ou les interviews télévisées.

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