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En 2060, la zone euro pèsera deux fois moins dans le monde

 

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Certes, l’exercice consistant à imaginer le monde dans cinquante ans à partir des données existantes a quelque chose d’arbitraire et de très artificiel. Qui sait quel sera le destin des nations, et l’influence des troubles politiques, des conflits, des revirements de tous ordres, sur l’ordre mondial ? Ces précautions posées, le rapport livre des analyses intéressantes sur les fondamentaux à l’oeuvre dans l’économie mondiale, et une présentation de leur effet pays par pays.

Le poids de la Chine dans la production mondiale devrait passer de 17 à 28% d’ici 50 ans

Globalement, le constat qui se dégage est celui d’un retour progressif aux éléments macro-économiques d’avant la crise, mais plutôt à l’horizon 2020, avec un tassement de la croissance dans les pays émergents. Comme le rapport est produit par l’OCDE, il fourmille de remarques traditionnelles : sans réformes structurelles majeures, la croissance sera handicapée. En revanche, avec une convergence internationale du droit du travail et une libéralisation accrue des économies, les niveaux de vie augmenteront de 16 % d’ici à 2060.

Là encore, ces chiffres dont la matérialité est difficile à mesurer (le concept de niveau de vie est par nature flottant…) sont à prendre avec précaution. Ils ont néanmoins le mérite de souligner l’importance d’une rénovation de l’ordre économique mondial pour limiter les risques de divergences majeures et dangereuses pour la prospérité collective. Les Européens ne manqueront toutefois pas de s’alarmer à la lecture du document. Selon l’OCDE, la zone euro, qui représente aujourd’hui 17 % de la richesse mondiale, n’en représentera plus, en 2060, que 9 %.

La France et l’Europe doivent se lancer dans une coopération intelligente et durable renouvelée

Cette diminution par deux de la place de l’union monétaire dans la production mondiale de valeur ajoutée illustre bien le risque auquel nous nous exposons dès aujourd’hui à mener des stratégies économiques orientées vers des objectifs à court terme. Cette érosion ne frappe pas que l’Europe. Le Japon devrait passer de 7 % à 3 % de la richesse mondiale, et les États-Unis de 23 % à 16 %. Ces pertes de parts de marchés des anciens pays industrialisées s’expliquent par le poids nouveau de la Chine (qui passerait de 17 à 28 %) et de l’Inde, qui enregistrerait la plus forte progression proportionnelle (de 7 à 18 %).

La Chine deviendrait, sans surprise, la première puissance économique mondiale. Pour les Français, ce constat peu réjouissant apporte néanmoins quelques consolations. En particulier, les projections démographiques montrent que l’Allemagne entame une phase de déclin structurel qui risque d’être fatal à sa superbe actuelle. La France restera l’un des pays, et de loin, les plus jeunes d’Europe. Dans ce contexte, le recours massif à l’immigration semble inévitable.

Ces constats alarmants, qui exigeraient de la France, et de l’Europe, un renouveau dans une coopération intelligente et durable, semble toutefois susciter peu d’intérêt. Hormis Économie Matin, seul un représentant du Monde s’était déplacé, parmi la presse française, pour assister à la conférence de presse de l’OCDE. Alors que la presse mondiale était venue en nombre.

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