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Expulsions de Roms en France: Amnesty International s’alarme

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Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France, a confié son inquiétude au sujet du traitement infligé aux Roms. « Depuis l’été 2010, la question des roms est devenue synonyme de fermeté », explique-t-elle.

La France ne respecte pas le droit international

Amnesty International estime que la France bafoue le droit international en matière de droits de l’Homme. John Dalhuisen, directeur du programme Europe d’Amnesty International, rappelle que la France est tenue de reloger décemment les personnes expulsées, même si cette solution suit une solution de justice. M. Dalhuisen dénonce « le discours est plus sain, mais les immigrants pauvres vivant en bidonvilles sont chassés en permanence, et on assiste à une violation des droits de l’Homme. Les politiques déplacent les problèmes plutôt que de les régler. »

La France compte 15 000 Roms, dont plus de la moitié en île-de-France. Marion Cadier, chercheuse pour Amnesty, a suivi des Roms de février à septembre 2012. Le constat est alarmant : les Roms vivent par défaut dans des lieux insalubres, sont souvent privés d’électricité et doivent parfois marcher 2 kilomètres pour accéder à l’eau.

La jeune femme explique que les personnes vivant dans ces conditions ne connaissent jamais la date précise de leur expulsion, et vivent dans le stress et l’angoisse.

Des conditions dangereuses pour la santé des Roms

L’association met en place, avec Médecins du monde, une équipe mobile sanitaire. Cette médiation a pour but de rapprocher les populations roms des centres de soin. « Après de nombreuses expulsions, ces personnes sont souvent déstabilisées, perdent leurs repères. Les démarches longues pour l’aide médicale n’ont souvent pas le temps d’aboutir », déplore le co-responsable de mission Roms à Médecins du monde, Martin Duteurtre.

Au moins 500 enfants roms non scolarisés en Seine-Saint-Denis

Véronique Decker, directrice de l’école Marie Curie à Bobigny, « une des rares villes en France qui respecte la loi », selon elle, accueille dans son établissement une trentaine d’enfants roms. « Certains ont vécu quatre ou cinq expulsions », dénonce-t-elle. « Les enfants sont aussi traumatisés que d’autres dans l’Histoire. Ce qui leur est fait est effroyable », lance-t-elle.

Changer d’école à chaque expulsion conduit à l’effondrement psychique de ces enfants, qui finissent par abandonner, et n’ont plus envie d’apprendre. « Nous créons des enfants qui ne trouvent pas leur place, des Causette, des Gavroche », déplore Véroniqe Decker, qui estime que le coût sera bien plus important dans quelques années si ces personnes ne sont pas relogées dignement.  

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