Site icon La Revue Internationale

Face à la mort et à la parentalité, les inégalités sociales persistent

entreprise.jpgentreprise.jpg

[image:1,l]

Selon l’Insee, la fécondité serait en progression en France depuis le milieu des années 1990. Les structures familiales se diversifient et l’espérance de vie progresse « à un rythme légèrement ralenti pour les femmes (près de quatre années de vie gagnées depuis 1990 pour les femmes, contre cinq ans et demi pour les hommes) ». Cependant, la démographie, les situations conjugales ou parentales varient selon les milieux.

Les inégalités sociales face à la mort restent stables

L’espérance de vie s’est nettement améliorée depuis vingt-cinq ans, toutes catégories sociales confondues : « Chez les hommes comme chez les femmes, les ouvriers, les employés, les cadres, mais aussi les professions intermédiaires, les artisans commerçants ou les agriculteurs ont gagné environ un an d’espérance de vie à 35 ans tous les cinq ans », indique l’Insee. Les inégalités sociales face à la mort sont donc les mêmes. Toutefois, force est de constater qu’un homme cadre de 35 ans vit en moyenne six ans et demi de plus qu’un ouvrier et une femme cadre trois ans de plus qu’une ouvrière.

[image:2,n]

« Pour les hommes, les inégalités d’espérance de vie dépendent davantage de la catégorie sociale que du niveau d’éducation », explique le rapport. Mais pour les femmes, c’est un peu différent : « Le diplôme s’avère plus discriminant que la catégorie sociale pour décrire les inégalités de mortalité, mais c’est en partie lié à une présence moins longue sur le marché du travail, en particulier pour les générations les plus anciennes. »

Comment expliquer que ces inégalités persistent ?

Selon l’Insee, les inégalités sociales face à la mort, avant 60 ans, sont particulièrement marquées en France : « Parmi les salariés du secteur privé nés entre 1940 et 1946, 13 % de ceux qui étaient ouvriers à 36 ans sont morts avant 60 ans, contre 6 % des cadres ». Le risque de mortalité avant 60 ans varie aussi en fonction du groupe social auquel on appartient et de sa profession.

Dans le secteur privé, les décès avant 60 ans seraient par exemple plus fréquents chez les ouvriers les moins qualifiés, notamment chez les ouvriers de type artisanal, nombreux à exercer dans le bâtiment – « 16 % de décès avant 60 ans » -, que chez les ouvriers qualifiés travaillant dans l’industrie (12 %). Au final, toujours selon le rapport de l’Insee, « pour un homme de 36 ans salarié du secteur privé, le risque de mourir avant 60 ans varie selon la profession, de 5,5 % pour les ingénieurs et cadres techniques d’entreprise à 21 % pour les agents de surveillance ».

Et de nombreuses raisons expliquent cette différence de chiffres. Un ouvrier est davantage exposé à la maladie et aux accidents professionnels qu’un cadre : « Près des deux tiers des ouvriers déclarent porter des charges lourdes ou effectuer des mouvements douloureux et fatigants (contre environ un cadre sur dix), d’après l’enquête Conditions de travail de 2005 ». Des inégalités qui peuvent aussi s’expliquer par des habitudes de consommation liées à la situation professionnelle. Certains comportements à risque, comme l’alcool ou le tabac, ne sont pas sans conséquences pour la santé. Sans compter que l’accès aux meilleurs médecins ou spécialistes n’est pas le même pour tous. 

Vie affective et parentalité

Pour les hommes, le recul de la vie en couple s’observe dans toutes les catégories sociales et quel que soit le niveau de diplôme. Selon l’Insee, « les hommes cadres de 30 à 59 ans vivent aujourd’hui plus souvent en couple que les ouvriers », ce qui était déjà le cas en 1990. Les évolutions les plus significatives s’observent plutôt chez les femmes. Les femmes cadres ou diplômées du supérieur ont longtemps été celles qui connaissaient davantage le célibat, or leur situation conjugale semble avoir un peu évolué depuis 1990. Alors que les autres femmes ont connu un recul important de la vie en couple, « la part de femmes en couple entre 30 et 59 ans dépend désormais peu du niveau social ».

Et s’il est un autre domaine où les inégalités sont très marquées, c’est la parentalité. La monoparentalité se développe ainsi surtout dans les catégories sociales les moins favorisées. Et en particulier pour les mères de jeunes enfants : « En 2009, parmi les mères ayant un enfant de moins de trois ans, la proportion de mères de famille monoparentale est de 19 % parmi celles ayant au plus le brevet, contre 5 % pour les mères diplômées du supérieur ». Lorsque le plus jeune enfant a entre 15 et 17 ans, une mère sur quatre serait seule pour les éduquer en 2009, et ce, quel que soit son diplôme. Le constat était différent en 1990 où, quand les enfants étaient grands, la monoparentalité était plus fréquente pour les femmes diplômées du supérieur que pour les autres.

Quitter la version mobile