Malgré la tempête que traverse sa famille politique, François Baroin explique que personne « ne veut l’éclatement de l’UMP ». Celui qui n’a pas caché son «désaccord profond avec Jean-François Copé » vient de sortir un « Journal de crise » (JC Lattès) qui revient sur son expérience de ministre de l’Économie et des finances. JOL Press en publie quelques extraits.
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Pour la première fois, François Baroin raconte son expérience de ministre à la première personne et nous fait pénétrer dans les coulisses du gouvernement où il a occupé l’un des postes les plus prestigieux de la République : Bercy. L’un des plus périlleux aussi, puisqu’il fut aux commandes au plus fort de la tempête économique.
Dans son journal de bord, François Baroin nous dévoile sans langue de bois l’envers du décor et nous entraine sur la scène politique mondiale. Son ouvrage est le récit de l’exercice de l’État vu de l’intérieur. Jusqu’au dernier jour du quinquennat de Nicolas Sarkozy, cet ancien journaliste a pris des notes sur un carnet qui ne le quitte jamais : sommets internationaux, Conseils des ministres, réunions de travail, cellules de crise sur la Grèce ou l’Euro, relations avec Nicolas Sarkozy, rencontres avec les grands de ce monde ou encore état du couple franco-allemand.
François Baroin est considéré comme le « fils » politique de Jacques Chirac, qui était un ami intime de son père, Michel Baroin, ancien Grand Maître du Grand Orient de France et ex-président des magasins Fnac, décédé en 1987, dans un accident d’avion.
« J’ai construit ma vie politique autour de Jacques Chirac », rappelait, en mai 2009, François Baroin. « À la suite du drame qui a coûté la vie à son père, j’ai pris, en quelque sorte, François sous mon aile pour le conseiller, l’aider, le soutenir, l’orienter. Nous sommes devenus peu à peu très proches. Plus qu’un soutien, plus qu’un ami, François est devenu comme un fils. Nous avons donc partagé beaucoup. Des déjeuners, des dîners. Des joies. Parfois des peines, aussi », a raconté de son côté Jacques Chirac, à l’été 2011. Retour sur cette relation si particulière.
Jol Press publie quelques extraits du « Journal de crise » de François Baroin
En acceptant ces nouvelles responsabilités, je ne peux m’empêcher de repenser à la première fois où l’on m’a nommé porte-parole. C’était en 1994, alors que la campagne de Jacques Chirac débutait. Le futur chef de l’État m’avait alors proposé de devenir porte-voix de sa campagne, me plaçant devant un cruel dilemme. Certes, j’avais été journaliste, je savais comment m’exprimer à la radio ou à la télévision, mais je n’avais qu’un an et demi d’expérience politique : la responsabilité me semblait trop lourde à porter. Je me sentais encore trop peu préparé pour remplir de telles fonctions. J’ai donc refusé, ce qui, à mon grand étonnement, n’a pas vexé Chirac. En réalité, son choix était déjà fait. Une semaine plus tard, lors de la réunion hebdomadaire de l’équipe de campagne, il annonça donc solennellement : « J’ai proposé à François d’être porte-parole. Et je le remercie parce qu’il a accepté. » Encore stupéfait par cette nouvelle, et alors que tous les regards convergeaient sur moi, je l’ai entendu qui poursuivait : « Regardez-le se ratatiner dans son fauteuil. François va être un bon porte-parole. »
Si je n’avais pas particulièrement souhaité jouer ce rôle au sein de son équipe, je n’ai pourtant eu de cesse, depuis lors, de remercier Jacques Chirac de m’avoir confié de telles responsabilités. Ces semaines de campagne d’une rare intensité m’ont appris à maîtriser la parole en politique et à me méfier des pronostics de toute sorte. En janvier 1995, tous les sondages donnaient Édouard Balladur vainqueur de l’élection présidentielle ! Il a fallu toute l’énergie, le savoir-faire et la ténacité d’un homme comme Jacques Chirac pour affronter avec détermination ses opposants – y compris au sein de son propre camp. De cette période restent des souvenirs que je garderai à jamais, et des leçons politiques qui continuent de me guider dans chacun de mes choix. L’image de Chirac à l’Hôtel de Ville, les pieds sur le bureau, les mains derrière la nuque, venant de raccrocher le téléphone, un sourire immense et irrésistible, nous regardant tous et disant : « Ça y est, je suis président », m’accompagne sans se faner.
