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François Hollande, élu «le plus gentil des politiques»

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Une liste d’un peu plus de 50 noms a été soumise aux principaux observateurs de la vie politique française avec une question : qui est, selon vous, parmi ses responsables politiques de tous bords le plus gentil – ou la plus gentille ?

C’est le président de la République François Hollande qui est arrivé en tête avec 19 voix, devant Michel Sapin, son ministre du Travail – 16 voix -, Aurélie Filippetti, sa ministre de la Culture – 9 voix.

La gauche en tête au palmarès de la gentillesse

C’est le politologue Stéphane Rozes, président de Cap, enseignant à Sciences-Po et à HEC, qui se hasarde à ce constat, un constat gentil mais aussi quelque peu angélique… « La gentillesse semble corrélée aux valeurs dites de gauche : empathie, solidarité, proximité… Quand on n’arrive pas à se projeter dans l’avenir,  on a besoin d’hommes politiques qui ont la capacité de nous comprendre, d’être proches de nous, dans lesquels on puisse se retrouver… À la gauche, le social protecteur, à la droite, l’économique… voilà les représentations binaires de Français. »

Les chiffres pourraient donner raison à Stéphane Rozes : dans le « Top 10 des politiques gentils », derrière le Président et son tandem ministériel, on ne retrouve que deux hommes de droite, de centre-droit à vrai dire, Jean-Louis Borloo (4e), le nouveau président de la centriste UDI, et Jean-Pierre Raffarin (8ème) avec sa bonhommie provinciale et ses célèbres « raffarinades ».

Pour être gentil, mieux vaut être d’extrême gauche que bien à droite

Deux surprises : d’abord, on peut être un « méchant trotskyste » et un vrai gentil – Philippe Poutou (6ème).

À l’inverse, des positions franchement à droite seraient rarement synonymes de gentillesse… Évidemment, Jean-Marie et Marine Le Pen n’ont obtenu aucune voix. Pas plus que Christine Boutin, Jean-François Copé ou Claude Guéant. Nicolas Sarkozy ne s’en sort pas mieux.

Mais ce serait allé bien vite en besogne que d’en tirer des conclusions liées au positionnement politique. D’autres se distinguent également par des zéros pointés, des zéros pointés qui éveillent le souvenir de rumeurs… 0 voix pour Michèle Alliot-Marie, Martine Aubry, Olivier Besancenot, Rachida Dati, Laurent Fabius, François Fillon ou Alain Juppé, Arnaud Montebourg et Hervé Morin, Vincent Peillon et Jean-Vincent Placé, Laurent Wauquiez et Rama Yade.

Un tabou malmené

Certes, on pourra toujours prétendre que le jury était très masculin mais cela aurait pu constituer un avantage pour les politiques au féminin. Eh bien, non !

Deux femmes seulement dans les 10 premiers, et 8 seulement sur les 28 ayant obtenu au moins un point : 5 voix pour Roselyne Bachelot et Najat Vallaud-Belkacem, 4 voix pour Ségolène Royal et Christiane Taubira, 3 voix pour Nathalie Kosciusko-Morizet et 1 voix pour Cécile Duflot. Forcément, pour s’imposer dans un monde dominé largement par les hommes, faut-il vraiment être gentille ?

« Gentil » ou « gentil »

Mais, parmi les sondés, combien auront véritablement répondu à la question ? Certains n’auraient-ils pas été tenté de prendre le terme « gentil » dans son autre acception : « gentil », « pas méchant », « inoffensif », « un peu limité »… Ce sondage se transformerait alors en crime de lèse-président de la République. Compte tenu de tout ce qu’on dit et écrit ces derniers temps, pour la plupart des personnes interrogées, l’idée ne peut que légitimement traverser l’esprit.

Pour être devenu président de la République, il faut parfois ne pas avoir été « gentil »

Dans un sens ou dans l’autre, il est évident que François Hollande ne saurait être que « gentil ». On ne remporte pas les succès électoraux qu’il a remportés qu’au prix de la gentillesse.

À moins que… consensuel, il a su, des trans-courants de la fin des années 80 à son départ de la direction du PS en 2008, s’éviter les inimitiés. Gentil, il l’a été au contact des militants dans toutes les Fêtes de la rose auxquelles il a participé.   

Pour ce qui est des primaires, le forfait de Dominique Strauss-Kahn lui a sans doute épargné de mener un combat plus relevé tandis que, face à Martine Aubry, en matière de « gentillesse » la compétition était peut-être plus aisée…

Reste à savoir si l’on peut gouverner « gentiment » – a fortiori en temps de crise. Réponse, pour partie, lors de la première conférence de presse du Président à l’Élysée, ce mardi 13 novembre. 

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