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G. Pierrat: «Avec sa réélection, Barack Obama entre dans la légende»

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JOL Press : Votre opinion sur le contexte et la légitimité de la victoire de Barack Obama ?

Ghyslaine Pierrat : Barack Obama est élu avec une majorité claire. Ce qui lui procure une forte légitimité. Je suis particulièrement heureuse pour l’Amérique, pour le reste du monde, car nos économies sont tellement interdépendantes, pour l’« Obamacare »… Barack Obama est entré dans l’Histoire. C’est maintenant un homme de légende.

JOL Press : Quels sont les différents éléments qui, selon vous, ont fait gagner Barack Obama ?

Ghyslaine Pierrat : Les circonstances ont été finalement favorables pour Barack Obama. Il a hérité d’une situation économique catastrophique, son bilan n’est pas si mal que cela. Il a quand même rétabli l’industrie automobile, misé juste, bien analysé la crise financière, assumé Ben Laden. Il est resté, dans l’esprit des gens, un dirigeant sérieux, sincère et honnête. Sa campagne qui a démarré lentement a pris ses marques et il s’est battu jusqu’à la dernière seconde. Sa femme Michelle a été d’un grand soutien et jouit d’une belle popularité (à 66 %) . Les Clinton ont été des alliés très précieux, Hillary pendant les quatre ans de gouvernance et Bill pendant la campagne. Le « spin doctor » Axelrod a fait un très bon boulot. Valérie Jarret aussi, et tant d’autres…

JOL Press : L’ouragan Sandy a-t-il eu une influence dans la dernière longueur de la campagne, dont on sait qu’elle est décisive ?

Ghyslaine Pierrat : Oui, Sandy a eu un impact dans la dernière ligne droite. Il a stoppé la dynamique de l’élan de Mitt Romney pendant quelques jours. Ce fut considérable. Il a permis à Barack Obama de revenir sur scène avec le « costume » de commandant en chef, et de montrer ce que c’est qu’un président responsable en action. Il lui a permis de montrer son constant sang froid, sa capacité à gérer « juste » cette crise climatique qui a, je le rappelle, endeuillé l’Amérique.

JOL Press : À l’inverse, qu’est-ce qui a fait perdre Mitt Romney ?

Ghyslaine Pierrat : Mitt Romney a effectué une bonne campagne et a été particulièrement performant en matière de communication et d’image. Ceci étant, les « Romnésies » constantes, ses convictions à géométrie variable, ont heurté les Américains. Certains mensonges ont été ahurissants : le dernier spot télévisé, par exemple, comme quoi Chrysler allait délocaliser en Chine lui a valu un revers. Chrysler a traité de « menteur » Mitt Romney, fait rarissime. C’était un mensonge. Nous pouvons citer aussi sa conception médiévale de la contraception, qui a surpris l’électorat féminin. Sur la forme, il a été très évolutif, mais sur le fond, ses fondamentaux étaient impossibles pour une nation aussi jeune et moderne.

JOL Press : Quels sont les chantiers qui attendent le vainqueur? 

Ghyslaine Pierrat : Là, il y a un vaste chantier qui attend Barack Obama. Quatre ans, c’est court. Très rapidement, il devra montrer que « le » Obama 2012 n’est pas « le » Obama 2008 et donner un tempo énergique du mouvement. Nous avions l’impression que le parti démocrate acceptait l’idée d’un certain déclin inévitable. Le parti républicain l’avait capté et communiquait sur le mouvement en action, le changement. La politique, c’est combattre les fatalités économiques, financières et sociales. Obama devra très vite faire siens tous les enseignements de cette campagne, tous ses profonds révélateurs. C’est une passionnante mission.

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JOL Press : Avec une Chambre des représentants très à droite, quelles conséquences sur les futures actions du Président ?

Ghyslaine Pierrat : Nous sommes à l’aube d’une nouvelle période. À chacun de le comprendre pour le futur-présent de l’Amérique qui « espère encore » . Dans ces périodes de crise, où les sociétés turbulent, où les chocs sont hugoliens, il faut retrouver une intelligence situationnelle et de nouvelles ententes. L’Amérique ne peut pas se permettre un blocage pendant quatre ans. Elle doit s’unir pour l’intérêt général.

JOL Press : Quelles recommandations lui donneriez-vous ?

Ghyslaine Pierrat : Elles seraient nombreuses. Je suis cette élection depuis des semaines et naturellement, un « spin doctor à la française » a une approche complémentaire. C’est tout un programme et mes recommandations sont prêtes ! L’heure est aux félicitations, l’heure est aux compliments.

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