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Jean-François Copé, l’audace au service de l’ambition

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Il aurait pu perdre beaucoup dans cette élection à la tête de l’UMP. Formules choc, prises de positions périlleuses, les sondages le prédisaient perdant… mais il y est arrivé. D’une courte tête, certes, 98 voix exactement, mais il est devenu envers et contre tous le nouveau président de l’UMP. Drôle d’élection pour un parti qui a le culte du chef. Les militants ne se sont pas remis du départ de Nicolas Sarkozy, mais le maire de Meaux souhaite leur offrir l’image d’un futur présidentiable. Il a les cartes en main, à lui de jouer.

Un « petit Français de sang mêlé »

Jean-François Copé est né le 5 mai 1964 à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Aîné d’une famille de trois enfants, il est le fils de Monique Ghanassia, et du professeur Roland Copé, chirurgien gastro-entérologue proctologue. « Je suis moi aussi, comme Nicolas Sarkozy l’a si bien exprimé le 14 janvier 2007, un « petit Français de sang mêlé » », écrit-il sur son blog.

Son grand-père Marcu Hirs Copelovici a fui l’antisémitisme de la Roumanie et s’est installé en France en 1926, où il changera son nom en Marcel Copé. Son grand-père maternel, Ismaël André Ghanassia, avocat à Alger, est arrivé en France dans les années 1950, peu après les débuts de la guerre d’Algérie.

Malgré ses origines, il déclare à la Tribune juive en 2002 être un « juif non pratiquant » et il « veille à demeurer, avant tout, le représentant d’une autorité laïque ». « Ma communauté, c’est la communauté nationale », a-t-il ajouté.

Études et vie privée

Jean-François Copé effectue sa scolarité à l’école active bilingue Jeannine-Manuel dans le 15e arrondissement de Paris et au lycée Victor-Duruy du 7e arrondissement. Il obtient son baccalauréat (économique et social) en 1981. En 1985, il intègre Sciences Po (dans la promotion des Fréderic Beigbeder, Anne Roumanoff et autres Arnaud Montebourg) puis l’ENA, dans la promotion Liberté-égalité-fraternité (1987-1989).

« Dès mon plus jeune âge, j’ai eu cette passion de la politique et de l’engagement qui ne m’a plus jamais quitté », se souvient Jean-François Copé. « J’en garde le souvenir des soirées électorales devant la télévision familiale, et d’une éducation bercée par les valeurs du Gaullisme dont je me sentais proche et auxquelles je crois toujours aujourd’hui. »

En 1991, il épouse Valérie Ducuing, consultante en relations publiques chez Véolia, dont il a deux fils et une fille : François-Xavier, Pierre-Alexis et Raphaëlla. Ils divorceront en 2007. Ce n’est qu’en 2011 qu’il épouse en secondes noces Nadia d’Alincourt qu’il aurait connu sur les bancs du lycée Victor Duruy. Ensemble, ils auront en 2010 une petite Faustine.

Un fonctionnaire ambitieux

En 1993, à 29 ans, il devient le directeur du cabinet de Roger Romani, ministre délégué chargé des Relations avec le Sénat et des rapatriés auprès du Premier ministre Édouard Balladur. Au sein du RPR, il est également secrétaire national chargé de la formation, puis secrétaire général adjoint auprès d’Alain Juppé. C’est à cette époque qu’il est membre de la cellule de réflexion économique de Jacques Chirac animée par Nicolas Sarkozy. Et en 1995, il soutient Jacques Chirac contre Édouard Balladur lors des élections présidentielles, contrairement à Nicolas Sarkozy.

Il devient maire de Meaux à partir de 1995, mais aussi député de cette circonscription la même année. « Je suis alors le benjamin de l’Assemblée nationale. Une expérience parlementaire passionnante mais de courte durée : en 1997, au lendemain de la dissolution de l’Assemblée, je passe du statut de plus jeune élu à celui de plus jeune battu, lors d’une élection qui se joue en triangulaire avec le Front National », raconte-t-il.

Mais il n’abandonne pas, et devient conseiller régional d’Île-de-France de 1998 à 2007. De 1998 à 2001, il exerce la fonction de secrétaire national du RPR, chargé de l’économie, puis de la formation. De 2001 à 2002, il devient secrétaire général adjoint du RPR, chargé du projet d’alternance.

Une carrière également dans le privé

De 1989 à 1991, il est chef de bureau à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et au Crédit local de France, puis directeur de cabinet du président du directoire de Crédit local de France et de 1991 à 1993, maître de conférences d’économie et de finances locales à Sciences Po.

Il est professeur d’économie et de finance à l’université Paris VIII, de 1997 à 2002. Dans le même temps, de 2000 à 2002, il est membre du conseil de surveillance de Dexia Crédit local de France et président du conseil d’administration de l’Institut des managers du développement local.

En mai 2007, bénéficiant du décret permettant aux anciens ministres et parlementaires de devenir avocats sans formation spécifique ni examen, il obtient un certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) et prête serment devant la cour d’appel de Paris. À partir de septembre 2007, il exerce à temps partiel, pour 20 000 euros par mois, dans le cabinet d’avocats d’affaires Gide Loyrette Nouel, l’un des plus importants de France, chargé par exemple de conseiller l’État dans le projet de fusion GDF-Suez.

Jean-François Copé anime depuis la rentrée 2006 son propre club politique, Génération France.fr, dont le slogan est « 0 % petites phrases et 100 % débat d’idées ». Christian Jacob (président du groupe UMP à l’Assemblée) et Luc Chatel (nouveau vice-président de l’UMP) en font partie.

En 2002, enfin ministre…

« Élu à nouveau député de Seine-et-Marne en 2002, j’ai le grand honneur d’être aussitôt nommé au gouvernement par le président de la République Jacques Chirac », raconte-t-il. Durant le mandat du président, il a exercé les missions successives de secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement (2002/2004), ministre délégué à l’Intérieur (2004/2005), puis enfin ministre délégué au Budget et à la réforme de l’État (2005/2007).

Porte-parole du gouvernement durant ces cinq ans et auprès de deux Premiers ministres successifs, Jean-Pierre Raffarin puis Dominique de Villepin, Jean-François Copé liera un lien tout particulier avec les deux hommes. Jusque dans son combat à la présidence de l’UMP, Jean-Pierre Raffarin sera à ses côtés.

En 2007, avec l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, il n’est pas retenu pour participer au gouvernement que le président forme autour de François Fillon. Mais il est réélu à l’Assemblée et devient président du groupe UMP.

2010, le début de la conquête

En novembre 2010, lorsqu’avec l’accord de Nicolas Sarkozy, il devient secrétaire général de l’UMP à la suite de Xavier Bertrand, il se fixe pour unique objectif 2017. Il ne s’en est jamais vraiment caché, il s’en donnera les moyens.

On ne sait pas encore comment il sortira de cette bien triste élection à la tête de l’UMP. Mais rien n’indique qui souhaite renoncer pour 2015 ou 2016. Alain Juppé, qui n’avait pas ouvertement pris position dans le duel, a écrit un billet courroucé sur son blog : « Tout au long de la campagne, il s’est moins agi de l’avenir de l’UMP que de celui de deux protagonistes obsédés par l’échéance de 2017. Il faut sortir de cette situation lamentable si l’on veut éviter l’éclatement de notre parti, à un moment où la France a plus que jamais besoin d’une opposition pugnace et intelligente. » À bon entendeur…

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