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Jean-François Copé président: l’UMP tente de réduire la fracture

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Confusion à l’UMP après l’annonce des résultats par la Commission d’organisation et de contrôle des opérations électorales de l’UMP (Cocoe) : 176 608 votants. 174 678 suffrages exprimés. Jean-François Copé obtient 87 388 voix (50,03%) François Fillon, 87290 voix (49,97%). Avec 98 voix d’avance, Jean-François Copé est officiellement élu président.

« Il était temps que ça s’arrête », a lâché lundi 19 novembre soir Patrice Gélard, le président de la commission électorale de l’UMP, épuisé après une longue journée de recomptage et trois mois d’organisation d’élection. Selon lui, même si les statuts de l’UMP ne sont pas du tout adaptés à ce genre d’élection, les résultats sont indiscutables.

Le clan Copé tend les bras

Invité ce mardi 20 novembre matin sur RTL, Jean-François Copé ne s’est pas du tout montré inquiet quant à un risque de scission. « L’heure aujourd’hui est à tourner la page, le temps électoral est terminé (…) Tout ça maintenant est derrière nous », a-t-il expliqué.  « À tous, je dis : on travaille tous ensemble », a-t-il lancé à l’égard de ceux qui l’ont combattu pendant la campagne. Jean-François Copé a aussi assuré qu’il « (tendait) les bras » à tous ceux qui ne l’ont pas soutenu, et notamment à François Fillon.

De son côté, le nouveau vice-président du parti, Luc Chatel, n’a pas hésité à proposer son poste à François Fillon : « On peut imaginer des responsabilités de vice-présidence. (…) Nos statuts ne l’interdisent pas », a-t-il déclaré, ce mardi matin sur LCI. « C’est la volonté de Jean-François Copé de tendre la main à l’équipe de François Fillon, à François Fillon lui-même », a-t-il ajouté. Proposition que l’intéressé aurait refusé, selon RTL.

Un malaise ? Quel malaise ?

Nadine Morano, soutien du vainqueur, était invitée sur Europe 1. Selon elle, trop de commentateurs n’ont pas voulu voir la popularité de Jean-François Copé auprès des militants UMP : « Le couac vient des instituts de sondages et des observateurs qui disaient que Fillon avait gagné », a-t-elle expliqué. L’ancienne ministre n’a pas voulu croire aux critiques sur le déroulement de ces élections : « Ca s’est passé dans la bonne humeur », a-t-elle ajouté.

L’ancienne garde des sceaux et soutien de Jean-François Copé, Rachida Dati, a qualifié ces élections de « victoire » pour l’UMP : « Ne dégoûtons pas les militants, qui se sont fortement mobilisés hier pour cette élection. (…) C’est une victoire pour l’UMP, un grand moment de démocratie, un grand moment de mobilisation. (…) C’est un parti vivant qui est né hier soir, un parti vivant démocratiquement, vivant en termes de génération, vivant en termes d’idées. On ne va pas se gâcher ce grand moment de démocratie », a-t-elle déclaré sur iTélé.

Le clan Fillon ne souhaite pas la scission de l’UMP

Sur Radio Classique, Laurent Wauquiez (candidat à la vice-présidence sur la liste de François Fillon) a déploré la conduite de ces élections : « Je ne suis pas fier parce que le spectacle qu’on a donné au cours des deux derniers jours était au fond aussi pitoyable que grotesque », a-t-il déclaré, tout en dénonçant « une somme d’irrégularités (…) à faire pâlir n’importe quelle démocratie naissante ». « Les militants méritaient mieux », a-t-il conclu.

Un avis partagé par François Baroin : « Le spectacle donné au cours de ces 48 dernières heures était humiliant pour les militants et pour nous tous », a-t-il déclaré sur iTélé. Cependant, l’ancien ministre de l’Économie ne souhaite pas ajouter la division à la défaite de son camp : « L’UMP est évidemment coupée en deux » mais « personne ne souhaite l’éclatement de cette formation », a-t-il ajouté. Mais les différences subsistent et le soutien de François Fillon n’a pas voulu les nier : « J’ai un désaccord profond avec Jean-François Copé et tous ceux qui sont sur une posture droitière », a-t-il poursuivi.

Des déceptions à peine étouffées

Éric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon, n’a pas hésité à dénoncer l’organisation des élections : « C’est tout du moins un dysfonctionnement qu’une formation comme la nôtre ne puisse désigner son président », a-t-il expliqué, dénonçant la confusion qui régnait autour du rôle du rival de l’ancien Premier ministre qui était à la fois secrétaire général de l’UMP et candidat à la présidence : « Celui qui était en charge d’organiser le scrutin était aussi candidat ». Et de conclure : « Cette étroitesse du résultat impose la sérénité. L’UMP est en difficulté ».

Dans un communiqué, l’ancien ministre et filloniste Gérard Longuet a jugé que Jean-François Copé a « surfé sur les exaspérations » : « Pour la première fois, l’UMP découvre grandeur nature la démocratie. Il n’est pas anormal que des difficultés surgissent, pour certaines non prévues. (…) François Fillon a souffert de son statut de vainqueur annoncé, je le regrette profondément même si, consolation, dans ma chère Lorraine, il est largement en tête. (…) Jean-François Copé a surfé sur les exaspérations que suscite, sur nos électeurs, le gouvernement et a mobilisé les inquiétudes les plus extrêmes des territoires les plus exposés ».

Les ténors prennent la parole

Viennent ensuite deux anciens Premiers ministres. Jean-Pierre Raffarin appelait à la dédramatisation sur RTL, lundi matin : « J’appelle à la dédramatisation parce que chaque fois que des élections sont serrées, ça se passe un peu comme ça, il y a ce type de conflit, il faut l’accepter », a déclaré le soutien de Jean-François Copé.

De son côté, Alain Juppé, qui n’avait pas ouvertement pris position dans le duel, a écrit un billet courroucé sur son blog : « Tout au long de la campagne, il s’est moins agi de l’avenir de l’UMP que de celui de deux protagonistes obsédés par l’échéance de 2017. Il faut sortir de cette situation lamentable si l’on veut éviter l’éclatement de notre parti, à un moment où la France a plus que jamais besoin d’une opposition pugnace et intelligente. » Voix de la sagesse et du pragmatisme ? Jean-François Copé en sera-t-il capable ? Affaire à suivre…

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