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Johannesburg, la nouvelle ville branchée?

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Un paradis pour l’art, la mode et le tourisme

La ville de Johannesburg, dont certains disent qu’elle est plus dangereuse qu’une zone de guerre et qu’elle illustre la décadence urbaine, est devenue l’un des lieux les plus passionnants au monde pour les arts et le tourisme.

Des sections du centre-ville, notoirement meurtrier, de Johannesburg sont devenues un paradis « hipster ». L’art et la mode ont désormais pris leurs quartiers dans les anciens bâtiments décrépits, y installant des bars sur les toits et des galeries, tandis que les marchés tendances qui ont lieu le week-end vendent de la bière artisanale et des produits frais locaux.

D’autres parties du centre-ville voient l’émergence de nouvelles épiceries haut de gamme, de cafés et de restaurants avec terrasse, poussant les « cols blancs » des banques et des compagnies minières à rester dans ces quartiers en dehors des heures de bureau. Des endroits tels que « Little Addis », un quartier commercial éthiopien florissant, incarnent désormais la réputation croissante de Johannesburg en tant que capitale africaine.

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Le centre-ville change, mais la réputation reste

Gerald Garner, auteur de livres sur la régénération de Johannesburg, a déclaré que, pour la première fois dans l’histoire de l’Afrique du Sud, les gens de toutes origines vivent et travaillent dans une zone géographique all-inclusive. Et, ajoute-t-il, la ville est désormais plus sûre.

« [Le Centre-ville de Johannesburg] est le premier lieu, vingt ans après l’avènement de la démocratie, où nous commençons à voir une nouvelle société », explique Gerald Garner. « Nous avons atteint une masse critique. »

Malgré l’afflux des entrepreneurs, promoteurs, artistes et créateurs de tendances, la vieille réputation de Johannesburg, en tant que capitale meurtrière du monde, s’avère obstinément difficile à changer.

Le taux de criminalité reste particulièrement élevé en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud, et particulièrement à Johannesburg, a encore un taux de criminalité qui atteint un niveau inquiétant, même s’il diminue lentement. Et malgré les améliorations urbaines, certains quartiers de la ville restent dangereux – par exemple, le quartier de Hillbrow, dans le centre-ville où, chaque année, pour célébrer le Nouvel An, les habitants stockent des vieux appareils, les montent sur les toits des immeubles, et les jettent dans les rues en-dessous.

Plusieurs facteurs ont conduit à un déclin rapide de Johannesburg dans les années 1990, notamment l’abandon en masse des bureaux et des immeubles d’habitation dans le centre-ville, et un flot soudain de travailleurs noirs qui, sous l’apartheid, ont été contraints de vivre en dehors de la ville. Johannesburg est devenue connue pour ses bâtiments « détournés », ses rues sales et ses crimes.

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Les locaux, premiers « touristes » de leur ville

Plus d’une décennie d’efforts de régénération, en commençant par les étapes simples d’aménagement des espaces urbains et l’installation d’un art public, a contribué à inverser la tendance à Johannesburg. Mais les nouvelles de ce changement ont été lentes à se répandre. Il n’est pas rare d’entendre les habitants de la banlieue Nord de Johannesburg, où chaque maison est délimitée par un haut mur et une clôture électrique, dirent avec prétention qu’ils n’ont pas été au centre-ville depuis vingt ans.

Garner, qui conduit des visites guidées du centre-ville de Johannesburg, a expliqué que 55% des personnes à qui il fait visiter Johannesburg sont des locaux qui cherchent à explorer leur propre ville. Parfois, cela implique beaucoup d’inquiétude : il raconte qu’une femme, tellement terrifiée d’être dans la ville, s’était mise à pleurer. Garner a salué le rôle de la Coupe du Monde 2010, qui a poussé les gens à se rendre à Johannesburg, appelée « Joburg » ou « Jozi » par la population locale.

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« Cela a changé la perception des gens sur la ville, et pas seulement des étrangers, mais aussi des gens du pays », dit Garner. « Nous avons redécouvert notre ville ».

Johannesburg, loin des sentiers battus

Quand les touristes visitent l’Afrique du Sud, ils débarquent à l’aéroport international OR Tambo de Johannesburg – et, presque toujours, partent directement pour Le Cap ou pour un safari dans le parc national Kruger.

Greg Sullivan, fondateur et PDG de l’AFAR, un magazine et site Web de voyages, a conduit plus tôt ce mois-ci un groupe de touristes bien nantis dans le but spécifique d’explorer tous les côtés de Johannesburg. C’étaient les deuxièmes « AFAR Experiences », un programme de voyages qui présente aux touristes de grands artistes locaux, des politiciens, des personnalités culturelles et d’affaires. Sullivan raconte qu’il visite Johannesburg depuis 2005, et il a vu les changements.

Mais, si le tourisme en Afrique du Sud est de plus en plus populaire, Johannesburg reste au second plan.

« L’Afrique du Sud est une destination de plus en plus prisée », dit-il, « mais personne ne vient à Joburg. Bien sûr, la ville a ses murs, mais elle est beaucoup plus ouverte qu’elle ne l’était. Vous pouvez dire que cette ville est sur le point de devenir prisée ».

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Une ville à deux facettes

À Johannesburg et dans sa banlieue, les maisons sont fortifiées avec des barres anti-intrusion, des systèmes d’alarme de haute technologie et des clôtures électriques. Dans la plupart des endroits, vous ne voulez pas vous promener dans les rues vides, mal éclairées la nuit. La sécurité privée reste une industrie importante, et les gardes sont visibles à chaque coin du centre-ville.

En moyenne, 42 personnes par jour sont tuées en Afrique du Sud, un pays de 50 millions de personnes, selon les dernières statistiques de la police. Le taux a diminué : on comptait plus de 18 000 meurtres il y a huit ans. Selon les dossiers de la police, 15 609 personnes ont été tuées pour l’année se terminant au mois de mars. Le pays possède également l’un des taux les plus élevés de viols au monde.

La réhabilitation de la ville pourrait bien faire de la ville la « capitale africaine »

Mais Garner affirme que la réputation du centre-ville de Johannesburg comme centre meurtrier est erronée. En fait, il est convaincu qu’il est plus sûr de marcher dans le centre-ville de Johannesburg que dans l’un des quartiers chics de la banlieue nord de la ville. Selon Garner, 50 000 nouveaux appartements ont été créés dans la ville au cours des cinq dernières années, la plupart d’entre eux sont des appartements de location à prix abordables, et non des propriétés de luxe. Cela signifie qu’il y a 100 000 nouvelles personnes économiquement actives qui vivent dans le centre-ville de Johannesburg, explique-t-il.

« Votre plus grand risque aujourd’hui est que vous alliez trébucher sur quelque chose », a-t-il dit récemment au début d’une visite guidée avec un groupe AFAR dans le centre-ville.

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« Il y a huit ans, je ne vous aurais jamais amenés ici », dit-il, à côté de ce qui était autrefois un camp de squatteurs situé dans un bâtiment industriel, avant que celui-ci ne soit rénové, dans le quartier général d’AngloGold Ashanti, lieu élégant d’organisations d’événements, appelé Turbine Hall.

« Vous vous tenez sur ce qui était l’endroit le plus dangereux de Johannesburg. Ce qui était autrefois un camp de squatteurs est maintenant le lieu de mariage le plus populaire de Johannesburg. »

Global Post / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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