L’influent hebdomadaire britannique a de nouveau pris la France pour cible à la une de son dossier du 17 novembre 2012. La France, « bombe à retardement au cœur de l’Europe », titre-t-il. Une couverture qui n’a pas manqué d’agacer au plus au point le gouvernement, qui a vivement réagi vendredi 16 novembre.
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La dernière édition du très libéral hebdomadaire britannique The Economist a fait l’effet d’une bombe auprès du gouvernement français : Pierre Moscovici, Arnaud Montebourg ou encore Jean-Marc Ayrault se sont empressés de dénoncer l’outrance de l’hebdomadaire britannique.
La France, homme malade de l’Europe ?
Pierre Moscovici s’est exprimé vendredi matin dans le Financial Times, l’autre grand titre de la presse économique britannique : « La France n’est pas l’homme malade de l’Europe. La France reste la cinquième puissance économique en pleine possession de ses ressources, mais elle doit retrouver sa compétitivité ». Le ministre de l’Économie et des finances a rappelé que les choses avaient changé depuis la présentation du rapport Gallois et du pacte de compétitivité. Et c’est une réforme « à la française » que le ministre propose d’élaborer, « avec les mesures les plus ambitieuses qu’aucun gouvernement ait encore appliquées ».
Le « Charlie Hebdo de la City »
La veille déjà, les réactions fusaient au sein du gouvernement. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a dénoncé « l’outrance du magazine britannique pour faire vendre du papier », et défendu le « sérieux budgétaire » de la France, alors qu’il était en visite officielle à Berlin. Najat Vallaud-Belkacem a quant à elle demandé à l’hebdomadaire britannique « d’actualiser son logiciel de pensée ».
Il est monnaie courante pour The Economist de publier des dossiers plutôt critiques sur la France en une de son magazine. Pour le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, la une est « digne des caricatures de « Charlie Hebdo ». « The Economist » est le « Charlie Hebdo » de la City », a-t-il déclaré, ajoutant sur Europe 1 que le magazine « ne s’est jamais distingué par son sens de la modération ».
La présidente du Medef Laurence Parisot a également tenu à soutenir le gouvernement, qualifiant de « tout à fait exagéré » le titre de The Economist. Elle a cependant souligné qu’il y avait « quelque chose de juste : la France est au cœur de l’Europe. Si elle s’effondre, toute l’Europe s’effondre ». Elle a aussi rappelé que le dossier conçu par l’hebdomadaire britannique avait été bouclé « avant le rapport Gallois et le pacte de compétitivité du gouvernement ».
La petite guerre des investissements
Selon le dernier baromètre d’Ernst & Young sur les investissements directs étrangers en Europe pour le premier semestre 2012, la France arrive en deuxième position, juste derrière la Grande-Bretagne. « Il y a quinze jours, le discours ambiant était que la France était le pays champion des taxes. Les gens disaient : nous devons fuir, on s’en va, on s’en va. Maintenant l’esprit est plus constructif, les entrepreneurs affirment vouloir investir et créer de l’emploi », a déclaré Pierre Moscovici dans le Financial Times.
Il y a un peu plus d’un mois, le maire de Londres, Boris Johnson, avait fustigé la politique fiscale française lors du congrès du parti conservateur qui s’était tenu à Birmingham le 8 octobre dernier. Il l’avait qualifiée de « pire tyrannie depuis 1789 », et s’était montré prêt à dérouler le tapis rouge à tous les exilés fiscaux français voulant fuir la taxe à 75% sur les plus hauts revenus. « Quand la France instituera [ce taux], nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d’entreprises françaises qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni. Cela paiera nos services publics et nos écoles », avait-il déclaré devant une assemblée de chefs d’entreprise.
La une de The Economist est un pavé de plus jeté dans la mare des critiques lancées par le Royaume-Uni contre la politique économique française.