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«Le Mensuel retrouvé»: onze textes inédits de Marcel Proust

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À la recherche des textes perdus

C’est dans la revue Le Mensuel que paraît, en novembre 1890, le premier texte d’un certain Marcel Proust, alors âgé de 19 ans. Onze textes du même jeune auteur sont parus dans les colonnes de cette revue éphémère, jusqu’en 1891. Mais ignorés du grand public, c’est plus de cent ans plus tard qu’ils renaissent dans Le Mensuel retrouvé, recueil de textes inédits de l’écrivain, aujourd’hui auteur incontournable de la littérature française.

Les onze textes sont une véritable mine d’or pour les passionnés de littérature, comme Marie-Claude Char, l’une des fondatrices de la maison d’édition Des Busclats, qui vient de publier le recueil. « C’est la première fois que nous prenions connaissance de ces textes, et pourtant, nous sommes baignées dans la littérature », explique-t-elle. « C’est un bibliophile, qui souhaite rester anonyme, qui a eu la générosité de nous prêter ses exemplaires de la revue. Il n’en existe que deux actuellement, chez la BNF et lui ».

Œuvres de jeunesse

C’est sous divers pseudonymes (Étoile filante, de Brabant, Fusain, Y, Bob, Pierre de Touche), ou sous ses simples initiales (M. P.) et, une fois seulement, sous son nom Marcel Proust, que sont publiés les onze titres dans Le Mensuel. Ces écrits permettent au lecteur de découvrir une autre facette de Marcel Proust. Il avait tout juste 19 ans et sortait du lycée et du service militaire lorsqu’il a publié ses textes. Des œuvres de jeunesse donc, qui serviront de prémisses  À la recherche…

[image:2,s]Marcel avant Proust

La préface du recueil publié chez Des Busclats a été rédigée par Jérôme Prieur, écrivain et cinéaste, auteur de Proust fantôme (Gallimard). Le Mensuel retrouvé, ce sont « des chroniques de mode, de la vie mondaine et culturelle, des commentaires d’expositions, le compte rendu d’un recueil de poésie… […] Dans le premier [texte], il évoque des « choses normandes », les paysages de gazon et de mer qu’il ne cessera de revisiter dans « À la recherche du temps perdu ». Dans l’autre, intitulé « Souvenir », il met en scène une certaine Odette, qu’un narrateur encore anonyme a jadis aimée et dont il se souvient des années plus tard avec nostalgie ».

Le jeune dandy fait ses premiers pas dans le monde des salons parisiens, qu’il dépeint avec la fougue de la jeunesse. «  Dans ces textes, on sent son goût pour les arts, le music-hall, la mode, la peinture. Le jeune Proust est déjà animé par une grande effervescence intellectuelle. Il est aussi insolent et mauvaise langue, bref, très spirituel  », écrit Jérôme Prieur.

Du côté du style du jeune auteur, «  ce sont les œuvres de quelqu’un qui est en train de se séparer d’un côté « bon élève » et qui chemine vers des contrées plus personnelles  », ajoute-t-il.

Proust, version numérique

Marcel Proust : Le Mensuel retrouvé est le premier ouvrage de la maison éditrice à paraître aussi en version numérique. Michèle Gazier, l’autre fondatrice de la maison d’édition, explique ce choix : « Notre diffuseur Harmonia Mundi nous a suggéré de passer ce texte en numérique. Et il nous a semblé intéressant de pouvoir le mettre ainsi à la disposition à la fois d’un public de lecteurs que le numérique intéresse et à des lecteurs plus « pointus », universitaires, thésards, enseignants français et étrangers qui peuvent ainsi disposer rapidement d’un texte sur lequel travailler ».

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