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Les clés de la Maison Blanche sont à chercher dans l’Ohio

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S’il n’y avait pas eu l’ouragan Sandy, perturbateur non invité de la campagne présidentielle américaine, les caméras du monde entier seraient sans doute toujours braquées sur l’Ohio.

L’État qui suit le sens du vent

Ce petit État du Midwest, coincé entre la Pennsylvanie, l’Indiana et le Lac Erie, fort de 11 536 000 habitants, a la particularité de faire et défaire les présidents. Et à l’heure où les sondages discordants n’annoncent que très peu de différence entre les deux candidats, il est de bon ton de faire campagne dans cet État qui, traditionnellement, suit le sens du vent. Car l’Ohio est le « swing state » par excellence.

Historiquement, l’Ohio a souvent accordé sa voix aux candidats républicains. Entre 1856 et 1908, l’État n’a pas dérogé à la règle, et ce n’est qu’en 1912 qu’un premier démocrate, Woodrow Wilson, a réussi à sortir vainqueur des urnes, profitant d’une discorde entre deux candidats républicains.

Si l’Ohio est une « terre » de présidents – sept présidents américains sont natifs de cet État – il est aussi un bon « thermomètre » du résultat de l’élection nationale. Depuis 1856, premier scrutin auquel ont participé les républicains, l’Ohio a toujours été révélateur du résultat final – jamais un Républicain n’a remporté la Maison Blanche sans l’emporter dans l’Ohio.

Dépenses colossales dans l’Ohio

Mais, à quelques jours du scrutin du 6 novembre, l’Ohio doute encore, les sondages divergent et les deux candidats doivent redoubler d’efforts pour faire pencher la balance de leur côté. Les plus grosses dépenses en communication des deux candidats seront placées dans cet État.

Le Figaro révèle mercredi 31 octobre que Barack Obama a dépensé 57 millions de dollars en publicité, soit 5 dollars environ par habitant, contre 34 millions pour Mitt Romney, soit 3 dollars par habitant.

Une somme colossale, mais dans cet État, le jeu en vaut la chandelle, et les deux adversaires en ont bien conscience. Et si Barack Obama l’a emporté en 2008 avec une marge de 4,6% sur son adversaire républicain, rien n’est moins sûr aujourd’hui.

Pétrole, gaz et automobile

L’État-témoin des États-Unis est partagé. Ce riche territoire américain, le 6ème le plus riche, est doté de ressources naturelles très importantes. L’Ohio est le troisième producteur de pétrole des États-Unis, il est également producteur de sel et de gaz. Mais l’Ohio est surtout un État de la « Rust Belt » (« ceinture de rouille »), qui regroupe les régions de l’ère industrielle américaine. L’automobile est un enjeu clé ici où 118 000 personnes travaillent dans ce secteur.

118 000 emplois, ce sont 118 000 électeurs redevables du plan de sauvetage de l’automobile, initié par George W. Bush et entré en vigueur sous Barack Obama.

Un État, trois zones

Très concrètement, l’Ohio est divisé en quatre parties bien distinctes. Le Nord-Ouest, près du lac Erie, est acquis à la faveur de Barack Obama. À l’inverse, le Sud-Est, la région de Cincinnati, est largement peuplée de républicains. Entre les deux, le Sud-Ouest et le Nord-Est penchent pour Mitt Romney, mais les derniers jours de la campagne confirmeront ou infirmeront cette donnée. Quant au centre de l’État, autour de la principale ville Colombus, l’indécision est le maître mot et c’est là que tout pourrait se jouer.

Les femmes et les Afro-Américains

L’Ohio, c’est également une terre qui regorge de gaz de schiste. Une promesse de plusieurs milliers d’emplois dort actuellement dans les sous-sols de l’État et, si Mitt Romney promet du forage et de l’argent, Barack Obama reste plus prudent.

Il y a également la fracture sociale. Les Noirs-Américains ont largement voté en faveur de Barack Obama il y a quatre ans. Mais depuis, il y a eu cette déclaration sur le mariage homosexuel. La pilule est difficile à avaler pour les milieux religieux. Il y a ensuite les femmes au foyer, un électorat qui était acquis au président sortant jusqu’à cette série de débats qui a joué en faveur de Mitt Romney dans les sondages. Ces deux groupes sociaux semblent aujourd’hui être les deux clés du scrutin. Selon de nombreux observateurs, le vainqueur sera celui qui aura réussi à rallier les femmes et les Noirs à sa cause. Et aujourd’hui, personne ne peut prédire quel sera le choix de cet électorat volatile.

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