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Les enjeux financiers d’une scission au sein de l’UMP

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François Fillon menace de faire scission. Jean-François Copé préfère penser que ce n’est pas imaginable. Mais l’ancien Premier ministre l’affirme, il ira « jusqu’au bout ». De deux choses l’une : soit le député maire de Meaux accepte de donner les rênes du parti à Alain Juppé, soit l’UMP implose.

Situation inédite dans l’histoire du plus grand parti de France, qui risque d’avoir bien du mal à, un jour, se relever d’un tel scénario catastrophe. La « fracture politique et morale » que dénonçait François Fillon lundi soir s’est transformée en véritable cassure. Quelque soit la solution de sortie de crise, le parti est à jamais coupé en deux. Mais imaginons le scénario de la scission. Quelles seraient les conséquences pour l’UMP ?

Une histoire de gros sous

Le principal enjeu d’une scission au sein d’un parti, c’est l’argent. Aussi prosaïque soit-il, cet enjeu sera au cœur de toutes les négociations. L’État verse aux mouvements politiques de l’argent en fonction de leurs résultats aux élections législatives. Pour recevoir cette aide publique, il faut qu’un parti réunisse au moins 1% des votes dans 50 circonscriptions lors du 1er tour. L’État verse ensuite 1,68 euro par voix obtenue, chaque année pendant cinq ans. Par la suite, et uniquement pour ceux qui ont réussi à franchir ce premier seuil, l’État verse 42 228 euros pour chaque député élu, chaque année.

Chaque député ou sénateur rapporte ainsi près de 42 200 euros à son groupe parlementaire. Si une centaine de parlementaires venait à quitter l’UMP, la perte serait donc considérable pour le parti, une perte sèche de plusieurs millions d’euros par an. « Un parlementaire élu sous la bannière UMP, dès lors qu’il s’inscrit dans un autre groupe, le financement va à son nouveau groupe », explique le constitutionnaliste Pascal Jan au Huffington Post.

L’UMP dans la tourmente

Or le parti de Jean-François Copé connaît de gros soucis financiers. Avec sa défaite aux législatives, l’UMP a perdu plus de 13 millions d’euros de subventions par rapport à 2007. L’UMP recevra environ 26 millions d’euros de subventions par an et pendant cinq ans. Cela comprend 11,8 millions d’euros venus des voix et environ 14 millions d’euros grâce aux députés élus. Ajoutons à cela que, lors des dernières législatives, l’UMP n’a pas respecté la parité. Une erreur qui lui coûtera environ 4 millions d’euros par an.

Si la moitié des parlementaires venait à partir, on envisage bien la perte que cela engendrerait pour le parti. Mais si les fillonistes veulent créer un nouveau mouvement, ils doivent faire vite, car la déclaration d’affiliation des parlementaires doit se faire en décembre au plus tard. Reste toujours la solution de l’UDI de Jean-Louis Borloo, qui paraît toute disposée à accueillir de nouveaux adhérents.

« Nous voulons devenir la première force politique territoriale. Ce n’est pas un vœu pieu. Qui, selon vous, peut espérer reprendre en 2014 des villes comme Paris, Strasbourg, Toulouse à la gauche ? Qui peut espérer reconquérir le Grand Ouest et le Centre ? C’est nous. Demain, nous nous retrouverons devant les maires ; jeudi, nous défendrons cinq propositions de loi ; samedi, nous accueillerons nos nouveaux adhérents », déclarait le fondateur de l’Union des démocrates et indépendants au Monde, mardi 20 novembre.

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