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Les Latinos de Floride, arbitres du scrutin?

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Une fois de plus, tout pourrait se jouer en Floride

Il n’y a, sans aucun doute, pas de plus grand objectif à ce stade pour les candidats que la Floride, chaudement disputée, dont les 29 votes du collège électoral pourraient placer Barack Obama en tête, ou au contraire soulager Mitt Romney de la nécessité de balayer plusieurs petits États.

Romney a repris sa campagne mercredi 31 octobre avec trois arrêts à Tampa, Jacksonville et Coral Gables. Il a parlé de son expertise économique et a déclaré qu’il était temps d’entamer une « nouvelle course », mais s’est abstenu d’attaques directes contre le président, qui se trouvait toujours aux prises avec les conséquences de l’ouragan Sandy.

L’équipe de campagne d’Obama a quant à elle déclaré que le Président ferait une autre visite en Floride avant le jour du scrutin, mais n’a pas fourni plus de détails.

Les sondages se suivent et ne se ressemblent pas

Selon les sondages, il est presque impossible de dire qui est en tête. Il y a quelques jours, les choses semblaient pencher en faveur de Mitt Romney.

« Romney a pratiquement pris la Floride », déclarait Brad Coker de l’institut de sondage Mason-Dixon Polling and Research, qui a réalisé un sondage pour le Tampa Bay Times, montrant Mitt Romney en hausse de 6 points par rapport à Barack Obama.

Mais ce résultat pourrait être exagéré, selon Nate Silver, qui tient le blog Fivethirtyeight au New York Times.

« Mason-Dixon est une firme de sondage expérimentée, mais leurs résultats ont plus suivi la tendance républicaine que le consensus dans le Minnesota et dans la plupart des autres États », écrivait Silver la semaine dernière. D’autres sondages ont crédité Obama de 1 point de plus, et Romney de 1 à 3 points de plus.

Le vote hispanique pourrait départager les deux rivaux

C’est donc toujours une course grande ouverte que les deux hommes sont déterminés à gagner, et les analystes disent que le vote latino pourrait les départager.

La population hispanique en Floride est la troisième du pays en importance, et constitue 16% des électeurs éligibles. Cela pourrait être une bonne nouvelle pour Barack Obama : les Hispaniques ont tendance à le soutenir contre Mitt Romney, par plus de trois pour un.

Les Cubains pencheraient pour Mitt Romney

Mais, contrairement au reste du pays, la population hispanique de Floride dispose d’un important contingent cubain – près d’un tiers. Or les Américains d’origine cubaine penchent plus vers les républicains, et la campagne de Mitt Romney s’est emparée de ce sujet.

Mardi 30 octobre, la campagne républicaine a publié une annonce, tout en espagnol, reliant Barack Obama à des gens comme le président vénézuélien Hugo Chavez et à Mariela Castro, fille du président cubain Raul Castro et nièce de Fidel, qui reste le symbole le plus haï de la révolution parmi la communauté cubaine de Floride.

Barack Obama favori des Hispaniques, malgré quelques divergences

Selon Evelina Santiago, qui a quitté le Mexique pour s’installer aux États-Unis il y a vingt-cinq ans, Barack Obama est le seul choix.

« Nous aimons Obama », dit-elle. « Je pense que la plupart des électeurs latinos l’apprécient aussi. Beaucoup sont confus au sujet de Romney, ils ne savent pas quel est son but, et ils sont très inquiets au sujet de ses politiques d’immigration ».

Santiago a concédé que les Cubains étaient dans une autre catégorie, et voteront probablement différemment. « Ils ne pensent qu’à leurs propres intérêts, qu’on leur rende leurs terres à Cuba », explique-t-elle. « Ils ne pensent pas à ce pays [les États-Unis]».

D’autres Hispaniques sont influencés par l’Église catholique, dit-elle, particulièrement sur des questions comme l’avortement et le mariage gay. Cela pourrait diminuer leur soutien à Barack Obama, qui s’est montré favorable à des politique pro-choix et a soutenu l’égalité des droits pour les couples de même sexe.

Cependant, des études montrent que certaines de ces attitudes sont maintenant en train de changer. Plus de la moitié (52%) des Latinos interrogés en octobre par l’institut de sondage Pew ont déclaré qu’ils soutenaient le mariage gay.

Quand elle s’est installée aux États-Unis, Santiago n’avait aucune formation professionnelle. Maintenant, elle est technicienne médicale, et son mari, mécanicien aéronautique. Ils ont un fils à la Duke university, et ils vivent le rêve américain.

« Nous avons travaillé dur pour avoir ce que nous avons », dit-elle fièrement. « Cela a demandé beaucoup d’efforts pour avoir une éducation, pour avoir la citoyenneté ».

Le président sortant a « besoin de plus de temps »

Mais, même avec son passeport américain, Santiago ne se sent pas vraiment en sécurité. « Romney a tenu une ligne très dure pendant les primaires », dit-elle. « Les gens sentaient qu’ils pouvaient se faire arrêter, etc. Ils incarcéraient les Japonais pendant la guerre, n’est-ce pas ? », demande-t-elle, faisant référence à l’internement des Américains d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Santiago sait que les choses sont difficiles, mais elle est prête à laisser au Président un peu de plus de temps. « Le travail qu’il a fait ces quatre dernières années sera difficile à finir », dit-elle. « Il a besoin de plus de temps ».

L’ombre de l’élection de 2000 plane encore sur la Floride

Gordon Tolbert est né à Miami mais a récemment emménagé au Minnesota. Il est rentré faire campagne pour Barack Obama.

« Je ne m’inquiète pas tant que ça pour le Minnesota », dit-il. « Mais nous ne pouvons plus jamais nous permettre une répétition de ce qui s’est passé en Floride en 2000 ».

La bataille entre George W. Bush et Al Gore était tellement serrée – 537 votes seulement en faveur de Bush – que Gore avait demandé un recomptage. Les débats qui ont suivi à propos des « bulletins papillon » [bulletins pliés en deux] ou des « confettis » [certains bulletins, dont le coin avait été mal perforé, n’auraient pas été comptabilisés] ont finalement pris fin à la Cour Suprême qui, dans une décision plutôt crispée, a donné la Floride – et la présidence – à Bush.

Tolbert est parti frapper aux portes dans le sud de la Floride depuis plus d’un mois, et est convaincu que Barack Obama a l’État dans la poche. « Les Hispaniques sont les plus passionnés par Obama », dit-il. « Ils veulent vraiment l’avoir ».

Global Post / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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