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Les parties prenantes, pourquoi dialoguer avec elles?

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Rarement l’expression « parties prenantes » n’aura été autant employée. La conférence environnementale de septembre et le projet de Plan national d’actions prioritaires en faveur de la Responsabilité Sociétale des Entreprises  qui en découle, font de la concertation avec les parties prenantes une donnée essentielle de l’engagement responsable des entreprises. Encore plus récemment, lors du World Forum de Lille de mi novembre, pas une plénière, pas un forum, pas une table ronde sans qu’il soit fait mention des parties prenantes.

Sans parler de l’ISO 26000 et de la GRI qui font du dialogue avec les parties prenantes un passage obligé à toute démarche RSE. Finalement, on pourrait croire que le dialogue avec les parties prenantes, c’est-à-dire leur identification et la prise en compte de leurs attentes par les entreprises, sources d’un nouveau type d’échange, serait un fait acquis et mis en pratique par la majorité des entreprises. Pas si sûr, à l’analyse de publications d’entreprises. Alors, qu’en est-il vraiment ? Comment identifier ses parties prenantes et pour quel bénéfice ?

Les référentiels RSE et la législation, promoteurs du dialogue avec les parties prenantes

Les référentiels d’engagement et de reporting RSE comme l’ISO 26000 ou la GRI font du dialogue avec les parties prenantes une pratique fondamentale de la RSE. Pour l’ISO 26000, ce dialogue est une des deux pratiques fondamentales de la RSE, quand pour la GRI, il s’agit d’un principe directeur.

Dans les deux cas, la mise en œuvre d’une politique RSE induit que l’on ait analysé ses impacts sur son environnement (l’humain, la biodiversité) et que l’on ait échangé avec « Tout  individu ou groupe pouvant affecter ou être affecté, directement ou indirectement, dans le court terme comme dans le long terme, par les stratégies, les actions, les messages (et leurs conséquences) que l’entreprise met en œuvre pour atteindre ses objectif », pour reprendre la définition que nous proposent les rédacteurs du référentiel ISO2 26000. Quant à L’article 225 du code de commerce sur le reporting extra financier, il exige des entreprises éligibles, qu’elles indiquent les conditions de dialogue avec les personnes ou les organisations intéressées par l’activité de la société. 

Les réseaux sociaux, nouveau territoire d’expression des parties prenantes

Parallèlement, l’inexorable montée en puissance des réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn (161 millions d’utilisateurs dans 200 pays, 1 million de nouveaux membres par semaine…)  et Viadeo, sans oublier Facebook et Twitter,  traduit la volonté d’un consommateur également collaborateur, citoyen et actionnaire ( le 3CA, potentiellement beaucoup d’entre nous), ou le « citoyen consommateur » (célébré par Emmanuel Druon, dirigeant de Pocheco et auteur du livre Ecolonomies, entreprendre et produire autrement) de vouloir de plus en plus interagir avec les entreprises.

L’expression consommacteur traduit d’ailleurs ce nouveau comportement de consommateurs d’avoir des informations sur le produit ou service qu’il achète comme sur l’entreprise elle-même et bien sûr d’obtenir des réponses. Au sein de l’entreprise, les salariés à l’instar de leurs représentants souhaitent connaître le cap donné par le capitaine du navire qui donnera ainsi plus de sens aux manœuvres qu’on leur demande d’exécuter.  

Des parties prenantes nombreuses et variées à hiérarchiser avec méthode

Si l’on sait que les parties prenantes sont donc des organisations privées ou publiques, ou des individus pouvant affecter ou être affectés – directement ou indirectement, positivement ou négativement, dans le court comme dans le long terme – par les décisions ou activités d’une entreprise, plusieurs questions se font jour pour les organisations privées et publiques…soucieuses de les connaître. 

Comment identifier ses parties prenantes ; sont-elles les mêmes pour mon entreprise et l’ensemble des mes unités et sites ? Partagent-elles les mêmes interrogations, m’impactent-elles comme je les impacte ici et ailleurs de la même façon et ont-elles les mêmes opinions et les mêmes priorités ? Une fois que je les ai identifiées, comment les hiérarchiser ; faut-il les prendre toutes en compte et sinon, pourquoi et sur quelle base en conserver ou en exclure certaines?  Quelles sont leurs attentes ? Une fois que je les ai identifiées, priorisées, que j’ai collecté leurs attentes, comment dialoguer avec elles ? Finalement, quels sont les enjeux pour mon entreprise d’instaurer un tel dialogue, quels avantages en tirer ? 

Ce dialogue permet à l’entreprise d’être mieux à même de piloter ses actions en adéquation avec son environnement et surtout d’affiner sa stratégie dans une logique de création de valeur pour tous ceux qu’elle impacte. La maîtrise de sa « licence to operate » et de son image sont également des produits de ce dialogue organisé ; on comprendra ici que cet avantage induit la pro-activité de l’entreprise.

Le dialogue permet aussi de mieux répondre aux enjeux du développement durable qui se posent à l’entreprise et d’inscrire sa politique RSE dans une dynamique d’amélioration, en construisant une offre responsable. Ce dialogue est un moyen de valoriser le capital immatériel de l’entreprise et, on l’a déjà évoqué, il constitue un élément indispensable de la construction du reporting RSE.

On l’aura compris, le risque pour l’entreprise est de se sentir cerner par une foultitude de personnes morales (et leurs représentants) et de personnes physiques toutes plus pressées les unes que les autres d’en découdre avec elle ou à défaut d’intentions belliqueuses, de tout savoir sur ce qu’elle fait et d’exiger qu’elle rende des comptes. L’intention des promoteurs du dialogue avec les parties prenantes n’est certainement pas de contraindre l’entreprise à dialoguer avec la terre entière et de tout dévoiler sur ce qu’elle fait et entend faire, de délivrer les tenants et aboutissants de sa R&D… quand bien même la transparence et la redevabilité sont des principes intrinsèques des la RSE. 

Il va donc s’agir pour l’entreprise de cartographier ses parties prenantes avec une méthodologie adaptée, en ne se contentant pas de lister quelques familles d’interlocuteurs. (Tennaxia a élaboré une approche méthodologique outillée  d’une grille d’analyse qualitative pondérée et structurée en deux étapes : autoévaluation et effet miroir) 

Un dialogue multiforme 

Certains grands groupes qui établissent depuis la promulgation de la loi NRE des rapports extra-financiers, ont résolu d’établir le dialogue avec leurs parties prenantes en organisant des panels représentatifs, le plus souvent constitués d’experts. Ce parti pris peut s’expliquer par la complexité et le nombre des groupes et sous-groupes de parties prenantes à prendre en compte pour des entreprises le plus souvent internationales et multi-sites.  

Certaines entreprises organisent des réunions au niveau de leurs sites opérationnels sur un échantillonnage de parties prenantes. Ce type d’échanges implique donc que l’entreprise dispose d’une cartographie précise et d’une base de données disponible, pertinente et… mise à jour. La périodicité de ce type d’échanges dépend bien entendu de la problématique et/ou de l’ambition de l’entreprise et des moyens qu’elle a décidé de mette en œuvre.

D’autres entreprises échangent via des questionnaires en ligne sur leur site web (ce qui pose le problème de la représentativité des parties prenantes répondantes) quand certaines se servent des réseaux sociaux pour dialoguer ou mettent en place des blogs dédiés.

La publication du reporting extra-financier voulu par l’article 225 précité constitue un excellente opportunité d’échanges avec les parties prenantes en amont (afin de satisfaire à l’indication à fournir sur les conditions du dialogue) mais aussi en aval, afin de faire évaluer par les parties prenantes le contenu de ce reporting (Tennaxia a conçu à cet effet une évaluation du reporting par un panel représentatif de parties prenantes lien solution rse concernée ). 

Conclusion 

Finalement, en dialoguant avec leurs parties prenantes les entreprises renforcent la légitimité de leur démarche RSE tout en s’obligeant à en démontrer la pertinence avec des actions concrètes et mesurables. Le dialogue avec les parties prenantes, sous-tend une identification préalable qui tienne véritablement compte des impacts de l’entreprise et par là même l’intégration d’acteurs connaissant et représentant les réalités du terrain. Le dialogue se construit sur la durée (il faut savoir donner du temps au temps) et implique la mise en œuvre de modalités d’échanges idoines. Dialoguer avec ses parties prenantes constitue par ailleurs un élément clé de la boucle d’amélioration continue de la démarche RSE.

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