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«L’ombre du fou rire»: rétrospective Yue Minjun à la Fondation Cartier

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Yue Minjun et le « réalisme cynique »

Considéré comme l’un des principaux représentants du mouvement du « réalisme cynique », Yue Minjun, 50 ans, a émergé sur la scène artistique chinoise au début des années 1990. Révélé au monde entier après sa participation à la Biennale de Venise de 1999, et la vente record de son tableau Exécution en 2007- vendu à 6 millions de dollars –, Yue Minjun est aujourd’hui à l’honneur à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris.

« C’est la première fois que je vois autant de mes oeuvres accrochées en même temps », confie l’artiste au journal Libération. « C’est également la première fois que je m’examine », poursuit-t-il. « En visitant l’exposition, j’ai détecté pas mal de maladresses dans mes peintures. Je me suis dit que je ne fais pas partie des peintres qui savent se cacher. Je m’exprime de façon directe et simple ».

Un regard acerbe sur le monde

En rupture avec le « réalisme socialiste » et les avant-gardes, Yue Minjun adopte un regard plus acerbe et moins idéaliste sur le monde : « C’est pour cela que le fait de sourire, de rire pour cacher son impuissance a une grande importance pour ma génération », explique l’artiste, qui place le rire au coeur de son oeuvre. 

Le rire comme exutoire dans l’œuvre de Yue Minjun 

À travers quarante tableaux provenant de collections du monde entier, ainsi qu’une centaine de dessins encore jamais révélés au grand public, la rétrospective présente ce fameux rire énigmatique, caractéristique de l’oeuvre de Yue Minjun. Cet éclat de rire prend forme sur le visage du personnage de Yue Minjun, créé en 1991, qu’il démultipliera dans ses œuvres. Inquiétant, figé et stéréotypé, ce rire devient rapidement une sorte de ricanement démoniaque, fonctionnant comme une critique de la société chinoise, même si l’artiste refuse qu’on résume son art à « une simple critique sociale ».

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Des personnages qui rient d’eux-mêmes et du monde qui les entoure

En déployant ce rire et l’iconographie colorée, Yue Minjun contraste avec l’anxiété et la violence contemporaines, et porte un regard ironique sur le contexte social et politique de la Chine. En démultipliant ses personnages à l’infini sur ses oeuvres, avec en toile de fond des hauts lieux publics du pays ou des références à l’imagerie populaire chinois, l’artiste caricature ainsi le goût de la Chine pour l’uniformisation et interroge sur la question de la condition humaine dans le monde moderne

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