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Louis Gallois, un grand patron iconoclaste

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Ancien grand patron, son rapport attendu ce lundi 5 novembre sera déterminant pour la croissance et l’emploi : coût du travail trop élevé, crainte des entrepreneurs, déconfiture des industriels français. Louis Gallois doit répondre à la question suivante : faut-il ou non provoquer un choc de compétitivité ?

Avant de pouvoir découvrir le contenu de ce rapport, revenons sur la carrière de celui qui a été nommé le 6 juin dernier commissaire général à l’investissement en Conseil des ministres.

Un patron de gauche

Louis Gallois est né en 1944 à Montauban. Lors de son passage à l’ENA (promotion Charles de Gaulle, 1970-72), il adhère à la CFDT, qui vient de créer une section au sein de l’école, et s’encarte au PS avec l’un de ses plus vieux amis, Jérôme Clément, ancien patron de la chaîne Arte. Diplômé d’HEC, il commence alors sa carrière comme haut fonctionnaire, en intégrant en 1972 la direction du Trésor, sous le regard bienveillant de Pierre Bérégovoy et Pierre Joxe.

En 1981, il devient le directeur de cabinet de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Recherche et de la technologie. Il sera ensuite nommé directeur général de l’Industrie au ministère de l’Industrie, puis chargé de mission au ministère de l’Économie, des finances et de la privatisation.

C’est ce poste qui le conduira à travailler dans le secteur aéronautique en devenant PDG de la SNECMA (motoriste aéronautique et spatial de premier rang) puis de l’Aérospatiale en 1992. Il quittera l’entreprise juste avant la fusion avec Dassault Aviation.

En 1996, il remplace Loïk Le Floch-Prigent à la tête de la SNCF, puis devient co-président d’EADS et président d’Airbus en 2006. Louis Gallois sera président du groupe EADS en 2007. Lorsqu’il quitte le groupe en mai dernier, il peut se féliciter des très bons chiffres du groupe : plus de 1400 commande dans l’année, un carnet de commande de 540 milliards d’euros et du cash à hauteur de près de 11 milliards d’euros.

Le 10 octobre 2011, il fonde La Fabrique de l’Industrie, un laboratoire d’idées, destiné à ouvrir et stimuler la réflexion sur les enjeux et les perspectives de l’industrie. Il est également président de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), une fédération française d’organismes et d’associations proposant aux personnes en situation de grave détresse sociale un accueil, un hébergement et une aide à la réinsertion sociale.

Des qualités remarquées et appréciées

Ses anciens collaborateurs parlent d’un homme très attaché au patriotisme économique « Pour lui, l’aéronautique est une industrie de souveraineté, il considère cela comme une donnée de base », a confié à Challenges l’un d’entre eux. Passionné mais aussi homme de terrain, il a toujours voulu épargné au mieux les salariés lors des plans sociaux ou des restructurations des entreprises qu’il a dirigées.

Entré à la SNCF dans un contexte social extrêmement tendu, il s’est révélé être un expert en dialogue social, apprécié et respecté des cheminots. Lorsqu’il quitte l’entreprise en 2006 pour rejoindre le groupe EADS, ses qualités de dirigeant ont été publiquement et unanimement saluées par les syndicats. Son passage à la tête du groupe aéronautique a confirmé ces qualités : « C’est un patron qui défend les intérêts de l’État et des actionnaires, et il ne s’en cache pas. Mais, à la différence de Noël Forgeard (ancien patron d’EADS, ndlr), il tient à ce que les organisations syndicales soient informées en priorité », confiait à la mi-octobre Xavier Petrachi, délégué syndical CGT à Airbus, à l’Expansion.

En outre, lorsqu’il prend la direction du groupe, il refuse un salaire supérieur à 180 000 euros par anNoël Forgeard touchait un salaire de 2,33 millions d’euros. Or les statuts d’EADS prévoient que les salaires versés aux deux co-présidents soient identiques. Louis Gallois a alors proposé que la différence entre son salaire et celui de son homologue allemand Thomas Enders, soit reversé à des associations humanitaires.

Investi d’une grande mission

Il aurait pu rêver d’une retraite bien méritée, mais, à 68 ans, Louis Gallois s’est vu confié une mission toute particulière : remettre au président de la République un rapport sur les mesures à mettre en place pour relancer la croissance des entreprises industrielles françaises.

Selon le Parisien, il prévoirait de remettre en cause la loi sur les 35 heures. Et, selon le Figaro, Louis Gallois proposerait de baisser les cotisations sociales de 30 milliards d’euros, de réduire les dépenses publiques et d’augmenter légèrement la CSG (Contribution sociale généralisée, une taxe qui participe au financement de la sécurité sociale) et la TVA. Ainsi proposerait-il « un choc de compétitivité sur deux ou trois ans de 30 milliards ».

Pour mettre fin aux rumeurs, le ministre de l’Économie Pierre Moscovici a déclaré le 20 octobre dernier que ce rapport sera « une contribution importante » aux décisions que prendra ensuite le gouvernement. « Mais ce sera au gouvernement de décider ce que sera la politique de compétitivité du pays », a-t-il conclu.

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