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Ludovic-Mohamed Zahed: réconcilier islam et homosexualité

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C’est une mosquée très spéciale qui s’ouvrira à Paris ce vendredi 30 novembre. Elle accueillera les musulmans homosexuels ainsi que des femmes, a annoncé le collectif « Homosexuels musulmans 2 France ». Son fondateur, Ludovic-Mohamed Zahed, qui est lui-même homosexuel et musulman, explique que ce sera un lieu où les femmes et les hommes pourront prier ensemble et où pourraient être célébrés des mariages entre personnes de même sexe.

« Rien dans le Coran n’interdit l’homosexualité »

Ce vendredi 30 novembre, Libération est revenu sur le projet un peu fou de cet homme qui veut croire qu’islam et homosexualité ne sont pas incompatibles. « Actuellement, la morale islamique condamne cette orientation sexuelle, mais en réalité, rien dans l’islam ou dans le Coran n’interdit l’homosexualité », déclare Ludovic-Mohamed Zahed, au site d’information turc Daily Hürriyet.

Une déclaration qu’il a réaffirmée aux journalistes de Libé : « Les musulmans homosexuels ne doivent pas se sentir honteux. L’homosexualité n’est condamnée nulle part, ni dans le Coran ni dans la sunna. Si le prophète Mahomet était vivant, il marierait des couples d’homosexuels. »

Un avis que tous ne partagent pas

Mohammed Benkheira, auteur de L’amour de la loi : Essai sur la normalité en Islam, ne semble pas du tout du même avis. Dans le Dictionnaire du Coran de Mohammad-Ali Amir-Moezzi, il explique que seule la sexualité entre partenaires de sexes opposés est autorisée, la sodomie entre mâles étant décrite comme une « abomination sans pareil », un « crime horrible et révoltant », car « il ne peut y avoir d’union qu’hétérosexuelle » par le vagin, lieu de la procréation et non l’anus prévu pour un autre effet.

En 2011, seuls deux imams se sont déclarés ouvertement gays. Il s’agit de l’imam Moulana Muhsin Hendricks et de l’imam Daayiee Abdullah. Le premier considère qu’il est « possible d’être un bon musulman tout en étant homosexuel ». Le second pense qu’« être un bon musulman signifie être en paix dans son cœur et son âme. Il faut atteindre le point où deux pôles de sa vie, sa foi et sa sexualité, sont réconciliés. »

Il reste une exception

Les convictions de Ludovic-Mohamed Zahed ne représentent pas l’interprétation majoritaire qu’ont les fidèles du Coran, mais il veut se battre pour lever ce qu’il considère comme un tabou. « On n’est pas là pour convaincre qui que ce soit. On n’essaye pas de déconstruire un dogmatisme pour le remplacer par un autre. L’islam n’appartient à personne », explique-t-il à Libération. Son rêve : un islam « apaisé, réformé, inclusif », qui accepte le blasphème, car « la pensée critique est essentielle pour le développement spirituel », poursuit-il.

Ludovic-Mohamed Zahed a créé « Homosexuels musulmans 2 France » en 2010. Le collectif compte plus de 300 membres et a organisé une conférence pour les LGBT (Lesbienne, gay, bisexuelle, transsexuelle) et les musulmans progressistes à Paris au début de novembre.

Un mariage pour tous très attendu

Ce qu’il attend, c’est de pouvoir épouser civilement en France son compagnon qu’il a épousé en Afrique du Sud en février dernier. Il a même été le premier homme gay marié au cours d’une cérémonie musulmane en France.

Son père Lyes, 65 ans, respecte le combat de son fils, mais n’est pas très rassuré pour autant : « Mon fils défend ce qu’il pense être juste. Il n’a aucune récompense. Il vit très chichement. On l’aide un peu. Il se bat pour amener un peu de tolérance. J’ai juste peur pour lui avec tout l’obscurantisme, ceux qui disent qu’il faut tuer les homosexuels… Des fous, il y en a partout », confie-t-il aux journalistes de Libération.

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