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Mariage pour tous: le projet de loi qui divise la République

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Faut-il diviser les Français en tant de crise ou préférer le rassemblement ? C’est la question que pose une grande partie des opposants au projet de loi sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels, présenté ce mercredi en Conseil des ministres.

Selon un sondage BVA pour Le Parisien – Aujourd’hui en France, publié le 3 novembre dernier, 58% des Français sont aujourd’hui favorables au mariage entre homosexuels. C’est cinq points de moins qu’en 2011. Et ils sont 50% à souhaiter que ces couples adoptent, contre 56% l’an dernier. En dix ans, c’est la première fois que la courbe décroche, même si une majorité reste favorable à la concrétisation de la promesse du candidat Hollande.

La délicate question de la procréation médicalement assistée

Défendu par la garde des Sceaux Christiane Taubira, ce texte tend à une égalité de tous face au mariage et à l’adoption, mais n’aborde pas la délicate question de la procréation médicalement assistée (PMA), défendue notamment par Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes. Car si la majorité présidentielle semble dans l’ensemble favorable à l’adoption du projet de loi, elle est divisée sur la mise en place de la parentalité pour tous.

Bruno Le Roux, chef de file des députés PS, souhaite déposer un amendement sur la PMA : « C’est une question dont on sait qu’elle sera sous-jacente pendant le débat sur le mariage. Autant la poser et, pourquoi pas, essayer de la résoudre au moment du débat sur le mariage pour tous », a-t-il déclaré.

De son côté, Christiane Taubira souhaite s’en tenir au strict respect de la promesse de campagne de François Hollande : « La question de la parentalité au sens plus large intéresse les familles quel que soit leur statut, et elle emporte des conséquences juridiques bien plus nombreuses. (…) Je pense que ces questions peuvent être séparées pour se donner davantage de temps », déclarait-elle dans le magazine Têtu d’octobre.

Demander l’avis aux Français

Pour la plupart des membres de l’opposition, le projet de loi est si important pour l’avenir de la société qu’il serait bon de soumettre le texte au jugement du peuple dans le cadre « d’états généraux de la famille », comme le souhaite Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, ou dans le cadre d’un référendum, selon les vœux de la présidente du Front national, Marine Le Pen.

« Il est absolument capital que l’on reporte l’adoption de ce texte à un Conseil des ministres ultérieur, et que l’on organise des états généraux de la famille qui permettent d’avoir un débat de fond sur cette question », a déclaré Jean-François Copé lors de l’émission Tous politiques de France Inter/Le Monde/AFP, ce dimanche 4 novembre.

Quant à Marine Le Pen elle lançait dimanche soir sur BFM-TV : « Faisons un référendum sur des sujets tels que ceux-là ! » Avant d’ajouter : « On ne peut pas en permanence parler de concertation et ne même pas accepter d’organiser un vrai débat sur ce sujet ».

Une centaine de maires ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne célèbreraient pas de mariages homosexuels si le projet de loi était adopté, au nom de ce qu’ils appellent « une clause de conscience ». Ils sont près de 12 000 à avoir signé la pétition du « Collectif des maires pour l’enfance ».

Ne pas se précipiter

Pour certains, c’est la précipitation du gouvernement à vouloir adopter le plus vite possible ce projet de loi qui est préoccupante. « On est en train d’avoir une exacerbation des tensions (…) parce que le temps de la concertation n’a pas été pris par le gouvernement, parce que le gouvernement, sur ce projet de loi, veut passer à la hussarde, rapidement, sans avoir fait l’effort de mettre tout le monde autour de la table », a lancé le député UMP Laurent Wauquiez, invité de l’émission 12/13, dimanche, sur France 3.

Lundi 5 novembre, sur France Inter, l’ancien ministre Xavier Bertrand exhortait le gouvernement à ne « pas passer en force » sur le mariage homosexuel, sujet à même de « diviser en profondeur » la société française : « On voit d’ailleurs qu’il y a une sorte de souci d’accélération parce qu’il y a de moins en moins de soutien des Français », a-t-il avancé.

Si pour Valérie Pécresse il sera tout à fait possible, non seulement d’interdire le mariage pour tous, mais aussi de démarier les couples déjà passés devant le maire, pour Christine Boutin, si le projet de loi est accepté, il sera impossible de revenir en arrière : « Il ne faut pas dire ça à nos concitoyens. On ne pourra pas revenir en arrière, on ne peut pas démarier des gens », a assuré lundi matin la présidente du parti chrétien démocrate, interrogée sur i>TELE.

Opposition des responsables religieux

S’il est une déclaration qui a fait du bruit ce premier week-end de novembre sur le sujet, c’est bien celle du cardinal André Vingt-Trois, le président de la Conférence des évêques de France, qui a qualifié de « supercherie » l’adoption par des couples homosexuels et appelé les chrétiens à se mobiliser pour exiger un débat avant le vote du texte au Parlement. « Une vision de l’être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants », a-t-il déclaré à l’occasion de la Conférence des évêques de France, à Lourdes

Un avis partagé par le grand rabbin de France, Gilles Bernheim, qui déclarait à la mi-octobre dans un essai de 25 pages sur le sujet : « Le terme homoparentalité a été inventé pour pallier l’impossibilité pour des personnes homosexuelles d’être parents ». Pour lui, « les militants LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) cherchent à installer l’idée qu’il y aurait ici une incohérence au principe d’égalité et donc une injustice (…). Ils veulent obtenir davantage – en particulier l’accès à la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes. » Et d’ajouter : « Leur projet est plus ambitieux : la négation de toute différence sexuelle ».

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