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Michèle Barzach: «Refusons la mort évitable, de millions d’enfants»

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Déclaration officielle de Michèle Barzach, 

Présidente de l’UNICEF France

 

A vous tous, enfants, jeunes, bénévoles, militants, élus locaux,

A vous, Mélissa Theuriau et Jamel Debbouze, personnalités amies de l’UNICEF, qui nous faites le plaisir et l’honneur d’être à nos côtés, 

A vous tous réunis ici,

Depuis 23 ans, le 20 Novembre est, pour l’UNICEF, un temps clé de mobilisation autour des droits de l’enfant. Depuis 23 ans, nous fêtons chaque année l’adoption par les Nations unies de la Convention internationale des droits de l’enfant, véritable pierre angulaire de nos programmes de terrain dans les pays en développement, de notre mission de plaidoyer partout dans le monde et de notre engagement, individuel et collectif, en faveur des enfants et des jeunes.  Bien au-delà d’un simple texte juridique, la CIDE est, pour l’UNICEF et pour l’ensemble des acteurs engagés dans le champ de l’enfance et de la jeunesse, un véritable levier d’action dans les domaines essentiels de la non-discrimination, de la survie, de l’éducation, de la protection, de la participation. A l’échelle internationale, nationale et locale, la CIDE est finalement un formidable moteur de progrès pour la société tout entière : une société qui respecte ses enfants, qui fait confiance à ses jeunes, est une société qui fait le pari de l’avenir.

Cette année, nous avons choisi de consacrer la Journée internationale des droits de l’enfant au combat que notre organisation mène au niveau mondial contre la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Refuser la mort évitable de millions d’enfants est une nécessité absolue, en matière de développement, autant qu’un impératif moral de lutte contre l’injustice.

Au cours des deux dernières décennies, le monde a fait d’immenses progrès dans la réduction de la mortalité des enfants grâce à de nouveaux vaccins, de meilleurs soins de santé, des investissements dans l’éducation et des engagements forts de la part des gouvernements. Le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans a presque diminué de moitié, passant de 12 millions en 1990 à 6,9 millions en 2011.

Les Objectifs du Millénaire, en particulier l’OMD 4 portant sur la réduction de la mortalité infantile, a également joué un rôle d’accélérateur. L’histoire de la survie de l’enfant est à la fois celle d’une belle réussite et celle d’un combat inachevé. Les Etats ont montré que faire de la survie des enfants une priorité et investir dans les toutes premières années se traduit par moins de décès, des vies meilleures et des bénéfices à long terme pour toute la société. Pour autant cette évidence est loin d’être généralisée et certaines régions du monde, certains pays et zones à l’intérieur de ces pays connaissent toujours des niveaux de mortalité infantile catastrophiques. 19 000 enfants continuent de mourir chaque jour avant leur cinquième anniversaire, le plus souvent de causes que l’on sait éviter. C’est intolérable, nous ne pouvons l’accepter ! 

C’est en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne que la mortalité des enfants est la plus forte; par ailleurs, les enfants des zones rurales sont globalement plus exposés à la mort que les enfants habitant dans les villes ; enfin, les décès d’enfants sont bien plus nombreux parmi les populations défavorisées et marginalisées, y compris dans nos pays riches. C’est donc en direction de ces enfants, les enfants les plus vulnérables, les enfants les plus fragilisés et stigmatisés, que doivent porter nos efforts en priorité. L’équité est une condition de la réussite. 

Un élan concerté est nécessaire pour permettre à tous les enfants, quels que soient leur lieu de naissance et leur origine ethnique, sociale et religieuse de survivre et de se développer. Nous avons pour cela la connaissance, les outils, les traitements et la technologie pour préserver des millions de vies chaque année. Nous savons que les plus grandes menaces qui pèsent sur les jeunes enfants sont la pneumonie, la diarrhée, le paludisme.

Nous savons aussi que la plupart des décès d’enfants ont lieu pendant les premiers mois de la vie ; que les chances de survie d’un enfant sont plus élevées si sa mère est en bonne santé ; que la malnutrition joue un rôle dans plus de 30% des décès.

Et nous savons ce qu’il faut faire pour éviter et prévenir ces dangers ! Vaccins, médicaments, soins de santé à la mère, prévention du VIH-Sida, nutrition, amélioration de l’accès à l’eau potable, etc. Des solutions peu couteuses existent et sont accessibles. Même s’il reste du chemin à parcourir, notamment en matière de traitements pédiatriques, les progrès médico-scientifiques des dernières décennies devraient permettre de limiter drastiquement le nombre de décès d’enfants chaque année. 

Mais rappelons-le, sauver des jeunes vies, dépasse  largement la seule problématique de la santé. Il s’agit d’un combat quotidien qui implique des évolutions profondes dans différents secteurs : l’éducation est un élément capital de notre équation, comme le sont la lutte contre les discriminations ; ainsi que l’amélioration du statut de la femme, de l’adolescente et de la petite fille. Un enfant né d’une mère qui a eu accès à l’école élémentaire a beaucoup plus de chances de vivre au-delà de son cinquième anniversaire, que celui né d’une mère privée d’éducation élémentaire. 

Les études de l’UNICEF le montrent : chaque année supplémentaire de scolarité dans la vie d’une fille réduit de 10% le risque de décès de son futur bébé. Placer la femme et la jeune fille au centre des politiques de développement est une condition essentielle pour accélérer la baisse de la mortalité des jeunes enfants. De la même façon, assurer un accès aux soins et à la prévention équitables aux communautés les plus vulnérables est essentiel dans l’atteinte des objectifs. 

Aujourd’hui, notre message est sans équivoque : nous pouvons radicalement réduire la mortalité des enfants. Et puisque nous le pouvons, nous le devons ! J’appelle à ce titre la France, partie prenante de l’effort global, à jouer un rôle central dans ce combat, à travers son aide au développement, à travers sa puissance de plaidoyer, à travers les actions communes qu’elle mène et mènera aux côtés de l’UNICEF.

L’enfant et la jeunesse sont au cœur du programme du Président de la République ; ils doivent être au cœur de sa politique de développement. Marquer un engagement politique international fort et jouer un rôle prépondérant dans la santé maternoinfantile à l’échelle mondiale est un véritable défi pour la France.  A notre échelle et à celle de chacun d’entre nous,  nous avons un devoir d’indignation : rendre visible le nombre de morts évitables parmi les enfants dans le monde et rendre cette situation intolérable, c’est déjà une forme d’action.

Tel est le sens de notre OPERATION POUSSETTES VIDES : REFUSONS LA MORT EVITALBE DE MILLIONS D’ENFANTS ! comme de celles menées dans de très nombreuses villes en France. Nous avons choisi la poussette vide comme objet symbole fort de la disparation des enfants qui manquent à l’appel. 

Cet enchevêtrement réalisé par le designer ANTOINE  CHOUMOFF symbolise la violence de cette situation. Tel est également le sens de la campagne grand public que nous lançons dès cette semaine dans les médias et qui se poursuivra en 2013 et au-delà. Pour cette campagne, nous avons choisi un  message fort et percutant autour du décès évitable de 7 millions d’enfants que vous verrez dès la semaine prochaine dans les médias.

Nos bénévoles et nos Jeunes ambassadeurs, tout comme le réseau des 220 Villes Amies des enfants, sont une formidable caisse de résonnance, de formidables relais d’action et d’interpellation. Cette année encore, nous voyons se manifester leur puissance de mobilisation. 20 Villes, de Lyon à La  Rochelle, en passant par Bordeaux, Rouen, ou encore Aubagne et Nancy ont mis en œuvre des événements spécifiques autour d’une prise de parole avec l’UNICEF.

Nous sommes fiers, d’emmener dans notre sillon des collectivités engagées au quotidien pour les droits de l’enfant.

Pour relever le défi de la lutte contre la mortalité infantile, pour donner à chaque enfant le meilleur début possible dans la vie, nous avons besoin de la mobilisation et du pouvoir d’indignation de tous et de chacun. 

Merci.

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