Site icon La Revue Internationale

Patrick Edlinger, l’icône de l’escalade à mains nues, a quitté la terre

[image:1,l]

La vie au bout des doigts

Jean-Michel Asselin, auteur de la biographie de Patrick Edlinger qui devrait sortir dans quelques mois, a rendu hommage à celui qui était son ami depuis vingt-cinq ans : « Patrick a révolutionné l’escalade sur le plan mondial en rendant populaire un sport qui était alors extrêmement confidentiel ». « C’est grâce à lui qu’aujourd’hui il y a des milliers de pratiquants », a-t-il souligné. « Il avait un style, une élégance et un discours qui tranchaient avec celui de l’époque où seul l’affairisme comptait ». 

En 1982, la Vie au bout des doigts, un film diffusé dans l’émission les Carnets de l’aventure, a rendu connu aux yeux du public ce jeune Toulonnais né en 1960 à Dax, adepte de la grimpe en toute liberté. Seul, sans cordes, à mains nues.<!–jolstore–>

Escalade libre et dépassement de soi

C’est à la fin des années 1970 que Patrick Edlinger, qui avait commencé à grimper dès l’âge de 8 ans, commence à vivre réellement sa passion. Il est encore lycéen à Toulon et, avec son ami Patrick Berhault (qui mourra en 2004 en montagne), il part grimper sur une falaise voisine. Les deux amis apprennent ensemble à monter à mains nues, sans corde ni baudrier.

Devenu athlète de haut niveau, Patrick Edlinger se fait connaître des médias. Dans La Vie au bout des doigts et Opéra Vertical, documentaires réalisés par Jean-Paul Janssen, il escalade, en solo et sans aucun équipement, des voies des sites de Buoux dans le Lubéron et des gorges du Verdon. Le grimpeur expose ainsi une nouvelle philosophie de l’escalade, où se mêlent dépassement de soi (physique et moral), et goût du risque. Cet hédoniste, que l’on surnomme « le blond », enchaîne les prouesses d’« escalade libre »

« Il ne désirait qu’une chose : grimper »

À la fin des années 1980, Patrick Edlinger remporte ses premières compétitions d’escalade, de l’Italie (en 1985, à Bardonecchia) à l’Utah (en 1986, à Snowbird). Rien ne semble l’arrêter. Anne Géry, proche de Patrick, raconte : « Même s’il avait besoin des sponsors pour pouvoir continuer à grimper partout dans le monde, il ne désirait qu’une chose : grimper ». Celui qui disait n’avoir besoin que d’un sandwich et d’un verre d’eau pour grimper, enchaîne les entraînements intensifs. Il est même sacré « personnalité préférée des Français » par le magazine Paris Match.

Mais, après un grave accident dans les Calanques survenu en 1995, au cours duquel il fait une chute de dix-huit mètres et est atteint d’une crise cardiaque, il se retire à La Palud-sur-Verdon, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où il ouvre un gîte. Il abandonne le haut niveau mais continue à grimper chaque jour. Il devait participer, jeudi 22 novembre, aux Rencontres du cinéma de montagne à Grenoble. « Je suis un homme libre, je ne regrette rien de mon parcours », avait-il déclaré au quotidien Le Dauphiné Libéré.

Hommages

Des Alpes aux Calanques de Marseille, en passant par les rochers de la forêt de Fontainebleau, les amateurs de varappe ont pu admirer le style si particulier de ce grimpeur hors pair. C’est notamment grâce à lui que s’est développé l’engouement populaire pour l’escalade et la création de murs artificiels.

Vendredi 16 novembre, Patrick Edlinger, père d’une petite fille âgée de dix ans, est décédé à son domicile de La Palud-sur-Verdon, à l’âge de cinquante-deux ans. Les hommages se sont multipliés sur les réseaux sociaux. On pouvait notamment lire sur Twitter : « Merci de m’avoir donné envie de grimper », ou encore : « Les falaises du Verdon sont orphelines, une icône s’en est allée ».

Quitter la version mobile