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Pékin, chiffon rouge du débat politique américain

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Les attaques contre la Chine, au cœur de la campagne

Ce n’est pas un secret que les attaques contre la Chine ont figuré en bonne place dans cette élection, alors que les deux candidats à la présidentielle s’affrontaient pour mesurer qui était le plus dur au sujet de la Chine.

Le candidat républicain à la présidentielle, Mitt Romney, a qualifié la Chine de « manipulatrice de monnaie » lors du deuxième débat présidentiel – ce que Barack Obama a jusqu’à présent refusé de faire.

Pendant ce temps, Obama vante fréquemment ses efforts pour créer des emplois en Amérique, notant que c’était Romney qui les avait délocalisés en premier lieu.

Simple manœuvre politique ou attaque réelle ?

Beaucoup d’observateurs de la Chine à l’étranger ont rejeté cette image négative du pays, considérée comme une manœuvre politique. Mais certains remarquent que la tactique aura probablement des répercussions et un impact potentiellement négatif sur les relations entre les deux plus grandes économies du monde.

Et qu’en est-il des plus de trois millions de Sino-Américains vivant aux États-Unis ? Global Post a interrogé la communauté sino-américaine de Boston – 25 000 personnes environ – sur la manière dont elle arrivait à vivre dans un pays où la Chine est considérée comme un endroit qui ne « joue pas selon les règles ».

La relation sino-américaine doit rester cordiale

Beaucoup de Sino-Américains interrogés prennent les commentaires négatifs des candidats avec des pincettes, et sont d’accord que la réalité est telle que la relation entre les deux plus grandes économies du monde doit rester cordiale.

La plupart disent pourtant que, si Romney est élu, ses politiques nuiraient à la relation entre la Chine et l’Amérique, depuis que le républicain a qualifié la Chine de « manipulatrice de monnaie ».

« Si Romney est élu, tout changera », dit Kris Nii, Sino-Américain de 19 ans, étudiant en ingénierie à l’université de Boston.

« Qualifier la Chine de manipulatrice de monnaie ne bénéficiera pas à l’Amérique »

« La Chine essaie d’élever la monnaie petit à petit pour ne pas avoir trop d’incidence sur le pays. À la fin, le pays est bénéficiaire parce que la monnaie s’est stabilisée, donc les Américains n’auront pas à avoir d’usines en Chine, et le taux de chômage pourra baisser. Je ne pense pas que qualifier la Chine de manipulatrice de monnaie bénéficiera à l’Amérique. Obama devrait maintenir la relation actuelle ».

Nii raconte qu’il est complètement indifférent aux commentaires négatifs que les candidats ont faits sur son pays. « La Chine fait des mauvaises choses », ce qu’il n’avait jamais vu avant de déménager en Amérique en 2010. « Personne en Chine ne sait que la Chine manipule la monnaie ».

Vince Chen, un étudiant de la Notheastern University à Boston, explique : « Si la Chine est qualifiée de manipulatrice de monnaie, cela affectera sans aucun doute la relation ». Résultat, « si Romney est élu, la situation sera pire, mais si Obama est élu, elle restera la même ».

Washington reste dépendant de Pékin au sujet de la dette américaine

Pékin reste le plus gros créditeur de Washington – même si le Japon devrait assumer ce rôle en janvier -, détenant environ 15 400 milliards de la dette américaine, soit environ 8% de toute la dette des États-Unis.

Qualifier la Chine de « manipulatrice de monnaie » mettrait probablement à rude épreuve les relations entre les deux pays, et pourrait nuire à l’économie américaine si la Chine cessait d’acheter des obligations américaines, ce qui empêcherait les États-Unis de rembourser leur dette.

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Entre manipulation politique et réalité des relations

Pour Li Sha Sha, étudiant à la Northestern University, Obama n’est pas le meilleur choix. « Obama a été président pendant quatre ans, mais il n’a pas été en bonne entente avec la Chine », dit-il.

Nancy Hung, professeur de chinois à la Northestern, déclare que « le tableau peint par les hommes politiques n’est pas aussi simple que cela ».

« C’est le politicien qui essaie de manipuler les gens. Même si l’Amérique doit beaucoup d’argent à la Chine, ils sont toujours les plus puissants. Les Américains peuvent fixer le taux de la monnaie ».

Mei Hung, directrice de la Chinese Culture Connexion, une association à but non lucratif qui promeut l’harmonie interculturelle, pense que la plupart des gens ne comprennent pas la complexité des relations entre la Chine et les États-Unis.

« Chaque pays accuse trop facilement un autre pays d’être la source de ses propres problèmes, ce qui n’est pas vrai », dit-elle.

« La mauvaise économie de l’Amérique » n’est pas le résultat d’une manipulation de la monnaie par la Chine, explique Hung, ajoutant que les Chinois croient la même chose à propos du dollar. Quand « la Chine et le Japon ont négocié un nouvel accord pour contourner les dollars américains pour leur commerce », dit-elle, « le gouvernement américain a essayé de toutes ses forces d’arrêter cela ».

« Ils font cela dans le but de gagner des votes »

Le Dr. Hsia-chih Chang, un professeur de langue et culture chinoise à l’université de Boston, dit que les attaques contre la Chine sont vraiment un phénomène nouveau aux États-Unis, où les gens peuvent être menacés par la montée en puissance de la Chine.

Même si les deux pays ont formalisé leurs relations diplomatiques en 1979, Chang dit que « condamner la Chine pour les problèmes américains est presque une attitude attendue des deux candidats. Ils font cela dans le but de gagner des votes ».

Chang souligne que les campagnes passées étaient la preuve qu’une fois élu, « la politique du président sur la Chine doit être beaucoup plus réaliste ».

Global Post / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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