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Prix Renaudot: «Notre Dame du Nil» crée la surprise

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Surprise

Scholastique Mukasonga ne figurait pas parmi la liste de sélection finale. Pourtant, elle a eu la surprise de voir son livre Notre-Dame du Nil récompensé par le prix Renaudot mercredi 7 novembre, après avoir obtenu six voix au dixième tour du scrutin. Franz-Olivier Giesbert, jury du Renaudot, a assuré que « rien n’était préparé ». « On tournait en rond, on a eu beaucoup de mal, il n’y a jamais eu un tel blocage, et puis soudain, il y a eu un emballement général » pour le livre de Mukasonga, a-t-il déclaré.

L’auteure, jointe par téléphone alors qu’elle se trouvait à Caen dans le Calvados, a d’abord « cru à une blague ». Le roman faisait partie de la sélection du printemps, mais n’avait pas été retenu par la suite. C’est Jean-Marie Le Clézio qui a « lâché son nom », explique Franz-Olivier Giesbert. « On regardait ce livre comme un remord, tout le monde est content ».

Un prélude au génocide rwandais

Notre-Dame du Nil a pour cadre un lycée religieux de jeunes filles, perché sur un sommet montagneux, près des sources du fleuve égyptien. Les familles des jeunes filles espèrent que celles-ci, loin des tentations de la capitale, resteront vierges jusqu’au mariage négocié qui les attend. Le lycée est soumis à un quota « ethnique » qui limite à 10% le nombre d’élèves tutsis.

Sur le même sommet, un « vieux Blanc » peint les jeunes filles tutsis, assurant que celles-ci descendent des pharaons noirs de Méroé. Ce huis-clos donne un avant-goût du génocide rwandais entre Hutu et Tutsi sur fond d’amitiés, de désirs, de haines et de rivalités politiques et raciales.

Rescapée des massacres

À 56 ans, Scholastique Mukasonga est le quatrième auteur africain à recevoir le prix Renaudot. Elle a connu dès son plus jeune âge les violences et les humiliations lors des conflits ethniques qui frappent le Rwanda. En 1960, sa famille est déplacée dans une région insalubre du pays. Chassée en 1973, elle s’exile au Burundi. En 1994, année du génocide des Tutsis, elle apprend que 27 membres de sa famille ont été massacrés.

Elle a déjà reçu pour Notre-Dame du Nil le Prix Ahmadou Kourouma qui récompense un ouvrage, essai ou fiction consacré à l’Afrique noire.

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