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Que se passe-t-il vraiment en RDC?

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Alors qu’un calme relatif était revenu dans la région du Kivu, l’offensive menée par des rebelles du M23 depuis mercredi 14 novembre ravive des tensions qui affectent désormais aussi Goma, capitale régionale du Nord-Kivu.

Sur place, deux forces s’affrontent, dans une zone qui demeure le théâtre de conflits meurtriers depuis une vingtaine d’années. Les générations se succèdent et les conflits restent les mêmes.

Sur cette petite région, qui ne représente qu’un faible pourcentage du territoire de la République démocratique du Congo, de multiples enjeux se mêlent et pourraient bien faire retomber la province dans un bain de sang.

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Que s’est-il passé à Goma ?

Quasiment sans violence, les rebelles du M23 ont pris possession de la capitale régionale du Nord-Kivu après plusieurs semaines de calme. Quelques jours auparavant, alors que ces derniers entamaient leur offensive, ils affirmaient qu’ils n’entreraient dans Goma que si l’armée menait à son tour une offensive.

Qui s’affronte sur place ?

Les membres du Mouvement du 23 mars (M23), rébellion initiée par le Rwanda, et principalement composée de Tutsis, ont lancé une offensive contre l’armée congolaise (FARDC).

À l’origine du problème, un accord signé le 23 mars 2009. Ce jour-là, le président congolais Joseph Kabila a mis fin à de violents conflits et a promis d’intégrer les rebelles tutsis à l’armée régulière. Or ces soldats ont refusé de se voir affecté hors du Kivu.

Joseph Kabila, qui estime que le Rwanda manipule ces hommes de manière à garder une autorité sur le Kivu, autorité qu’il a eue pendant longtemps, a refusé catégoriquement.

C’est ainsi que les rebelles du M23 ont accusé Joseph Kabila de ne pas respecter les termes de l’accord initial.

Que cherchent les acteurs du conflit ?

Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo depuis l’assassinat de son père le 16 janvier 2001, se pose en défenseur de l’unité de son territoire et de l’appartenance du Kivu à la RDC. Le Kivu est une des régions les plus riches du pays, pillée depuis plusieurs années par les puissances étrangères.

Paul Kagamé, président rwandais, cherche à tout prix à conserver une autorité qui lui a été accordée il y a plusieurs années sur le Kivu. Son territoire est trop petit, sa population trop dense et le Kivu est une source de richesse incalculable pour lui. Derrière cet enjeu économique, Paul Kagamé cherche, à travers ses manoeuvres, à créer une zone autonome qui serait sous son contrôle.

Qu’y-a-t-il au Nord-Kivu ?

Le Nord-Kivu se situe à l’est de la République démocratique du Congo. Cette région se situe à la frontière de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie.

Sa situation géographique en fait une région très convoitée qui est régulièrement le théâtre de violents conflits.

Éloignée de la capitale, Kinshasa, le Nord-Kivu est orienté vers l’est de l’Afrique. De l’autre côté de la frontière, les pays surpeuplés du Rwanda et du Burundi sont attirés par cette région riche en minerais et en potentiel agricole.

De fait, si l’histoire du Kivu est complexe et riche de nombreux rebondissements, les scénarios ont tendance à se répéter et, aujourd’hui comme hier, le Nord-Kivu congolais est sous le coup d’une tentative de prise de contrôle par des forces dirigées par l’ennemi et voisin rwandais.

Le minuscule Rwanda, dont la population dépasse les capacités d’accueil de sa superficie, déborde naturellement vers l’ouest, une région riche en ressources minières, or, coltan, cassitérite, mais également en pétrole.

Que fait la communauté internationale ?

La communauté internationale, à la suite de nombreuses publications de rapports, tend à réaliser pleinement la situation. Ainsi, le Rwanda, qui restait le partenaire de nombreuses puissances importantes, est de plus en plus isolé sur la scène internationale.

Les Nations unies ont largement mis en avant la responsabilité du Rwanda de Paul Kagamé dans de nombreux crimes commis en RDC. Aujourd’hui, de nombreux pays ont décidé de créer un embargo économique sur le pays de Paul Kagamé. L’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas et la Banque africaine de développement ont ainsi récemment geler leur aide en faveur du Rwanda.

Si la prise de conscience internationale est là, il est également certain que le Rwanda n’a pas d’autres solutions que de se battre pour ce territoire, symbole de sa survie et de sa croissance économique. Malgré les pressions, le Rwanda soutiendra envers et contre tout la rébellion du M23.

Après la prise de Goma par les rebelles du M23, les Nations unies ont unanimement condamné l’offensive et ont soutenu à l’unanimité un projet de résolution qui appelle à des sanctions contre deux chefs du mouvement.

> Retour au dossier : la marche rapide du M23 contre Kinshasa

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