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Rappel: comment les Américains élisent-ils leur président?

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Election Day. Mardi 6 novembre, en choisissant, dans le secret de l’isoloir, entre Barack Obama et Mitt Romney, les Américains désignent en fait un groupe de grands électeurs. Ce sont ces grands électeurs, réunis au sein du « Collège électoral », qui élira formellement le prochain président des États-Unis, et son vice-président, le premier lundi suivant le deuxième mercredi de décembre – le 17 décembre cette année.

50 scrutins pour une élection

De fait, le choix du président des États-Unis n’est pas UNE élection présidentielle mais une série de scrutins – un par État. Pour chacun de ces scrutins, une seule voix suffit pour remporter l’intégralité des « grands électeurs » attribués à l’État en question.

Ceci explique qu’il ne suffise pas de remporter le vote populaire au niveau national pour décrocher la Maison Blanche. Un candidat peut remporter davantage de votes populaires que son adversaire mais compter moins de « grands électeurs » que son concurrent et perdre la présidence.

Le dernier épisode de ce type remonte à la bataille Bush-Gore de sinistre mémoire en l’an 2000 : l’ancien vice-président Al Gore devançait le gouverneur du Texas George W. Bush de 550 000 voix au niveau national, mais 537 voix de Floride permirent au second de décrocher une majorité de grands électeurs – 271 contre 266.

Un tel scénario s’était déjà produit à trois reprises auparavant.

538 « grands électeurs »

270, c’est le nombre de grands électeurs qui garantit l’accès au bureau présidentiel, l’Oval office de la Maison Blanche. 270, soit la majorité absolue des 538 membres que compte le collège électoral – un « Electoral college » créé par le 12ème amendement à  la Constitution en 1804.

Chaque État est représenté par des grands électeurs en nombre égal au nombre de sénateurs et de représentants qui le représentent au Congrès. Le District of Columbia, qui englobe la capitale, Washington, n’a aucun représentant doté d’un droit de vote au Congrès, mais compte trois grands électeurs.

La Californie, l’État le plus peuplé, compte 55 grands électeurs. Le Texas en a 38, la Floride 29. Les États les moins peuplés en ont, au minimum, 3.

Dans tous les États – sauf le Maine et le Nebraska –, le candidat arrivé en tête du vote populaire remporte l’intégralité des grands électeurs de l’État.

Ceci explique que les candidats fassent, pour l’essentiel, campagne dans les « Swing states », les États où les sondages prédisent un résultat serré et où tout peut se jouer jusqu’à la dernière minute.

En cas d’égalité…

Dans le cas d’une égalité parfaite – 269 à 269 – entre les deux candidats, une procédure complexe permettrait d’élire le nouvel exécutif. La chambre des représentants désignerait le nouveau président dans le cadre d’un vote accordant une seule voix par État – l’avantage serait clairement à Mitt Romney –, tandis que le Sénat désignerait le vice-président (et président du Sénat). Joe Biden se verrait probablement confirmer dans ses fonctions en l’emportant face à Paul Ryan. Une cohabitation à l’américaine…

Cette égalité peut être constatée le soir du 6 novembre – selon un scénario assez peu probable, mais pas impossible – ou le 17 décembre. Cette deuxième hypothèse est assez irréaliste dans la mesure où, dans leur immense majorité, les grands électeurs, lors de leur réunion dans chaque État, respectent le vote populaire – même si rien ne les y oblige.  

700 propositions d’amendement

Au cours des 200 dernières années, quelques 700 propositions d’amendements à la Constitution visant à supprimer le Collège électoral pour instaurer un suffrage universel direct ont été déposées, aucune n’a abouti.

Il faut bien comprendre  que ce système n’a rien de farfelu. Il se justifie par le fait que les États-Unis sont une fédération et que les États fédérés souhaitaient limiter les pouvoirs du président élu des États-Unis. Un président élu au suffrage universel direct aurait un surcroit de légitimité considérable.

Le président élu, que Barack Obama se succède à lui-même où que Mitt Romney devienne le 45e dirigeant des États-Unis, prêtera serment le 20 janvier à Washington.

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