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Si Angela Merkel s’alliait aux Verts pour un troisième mandat?

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Une bonne nouvelle – on l’imagine – pour Angela Merkel que la victoire de Barack Obama, mardi 6 novembre : la preuve, s’il en fallait une, qu’il n’y a donc pas de fatalité et que, malgré la crise, un « sortant » peut très bien être reconduit dans ses fonctions. Mais les bonnes nouvelles vont rarement seules, et la Chancelière s’est peut-être trouvé une autre stratégie pour l’emporter en septembre prochain.

À la recherche d’une coalition…

Ses alliés libéraux-démocrates du FDP laminés par les trois dernières années au pouvoir – et probablement exclus de toute représentation parlementaire lors des prochaines élections – Angela Merkel, faute de pouvoir escompter une majorité absolue, se doit d’envisager des coalitions de rechange…

Le scénario, jusque-là privilégié, était celui d’une « nouvelle » grande coalition – ses chrétiens-démocrates de la CDU-CSU avec son opposition sociale-démocrate du SPD – comme entre 2005 et 2009.

Mais, quels que soient les résultats de l’élection et l’ordre d’arrivée des deux principaux partis, le SPD a déjà fait savoir qu’il verrait d’un mauvais œil le maintien à la Chancellerie d’Angela Merkel. Un prêté pour un rendu puisque, de la même manière, la CDU avait exigé le départ de Gerhardt Schröeder et la place de n°1 pour Angela Merkel comme condition à la constitution d’une grande coalition. Or la « chancelière de fer » n’a nullement l’intention de quitter le pouvoir…

Un vieux rêve d’Angela Merkel

Angela Merkel en rêve depuis longtemps. Secrètement, elle a mené une politique de « recentrage » de la CDU dans l’espoir de pouvoir proposer aux Grünen, les Verts allemands, une alliance gouvernementale.

Selon les derniers sondages, les Verts sont crédités de 14 à 15% des intentions de vote. La CDU d’Angela Merkel reste en position de force, à plus de 37% des suffrages. À ce jour, une coalition SPD-Verts n’aurait pas la majorité, et le scénario d’une alliance inédite CDU-Verts devient plausible.

Victoires des « centristes » aux primaires « vertes »

Pour cela, encore faudrait-il que les Verts soient prêts à cette petite révolution que constituerait une alliance avec les chrétiens-démocrates, la droite. Les résultats des primaires écologistes, ce week-end, donnent des raisons d’espérer à la chancelière Merkel. La gauche du parti a en effet subi une cuisante défaite. Sa représentante, Claudia Roth, que l’on disait favorite pour co-représenter lors des élections au Bundestag de septembre prochain – les Verts ont traditionnellement deux candidats – a fini quatrième de la course.

Ce sont deux « réalos », de la tendance centriste, Jürgen Trittin et Katrin Göring-Eckhardt, qui seront les chefs de file du parti l’an prochain. Si Jürgen Trittin était attendu à ce poste et a été élu avec 72% des voix des militants appelés à s’exprimer, sa colistière est une surprise. Elle a recueilli 47% des suffrages et est actuellement présidente du synode de l’église protestante luthérienne allemande. Elle est considérée comme une modérée et est naturellement prête à une ouverture vers le centre-droit chrétien-démocrate – a fortiori, imagine-t-on, avec la fille de pasteur ex-allemand qu’est Angela Merkel

De nombreuses expériences locales

Traditionnellement marqués à gauche, les Verts allemands n’ont goûté au pouvoir national qu’aux côtés du SPD et de Gerhard Schröeder – de 1997 à 2005. Mais au niveau local, une coalition entre conservateurs et écologistes n’est pas une nouveauté. Ainsi, c’est une coalition bleue et verte qui dirige Francfort depuis 2006 et une autre a dirigé le land de Hambourg pendant sept ans.

Du côté des Verts, cette idée, qui ferait du parti ce qu’était le FDP de l’Allemagne de l’Ouest – le tiers-parti, faiseur de rois -, semble séduire de plus en plus, sous l’influence des pragmatiques. Angela Merkel effraie moins que par le passé et, d’après les politologues, l’électorat de cet ancien parti protestataire qu’était les Grünen s’embourgeoise et se « centrise » fortement.

Jean-Marc Ayrault pourra aussi profiter de sa première visite officielle en Allemagne, jeudi 15 novembre, pour prendre une leçon en gestion politique des écologistes…

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