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Si l’huile de palme est nocive, une taxe ne suffit pas

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L’huile de palme serait nocive pour la santé. C’est pour cette raison que le sénateur socialiste Yves Daudigny propose de la taxer : « Cette taxe s’adresse aux industriels, pas aux consommateurs, et vise à diminuer leur usage d’huile de palme dans les produits agroalimentaires », argumente le parlementaire. Un amendement qui représenterait par exemple une hausse de 6 centimes d’euro par kilo de Nutella. Mais l’huile de palme est est-il si mauvaise pour la santé ?

Où trouve-t-on l’huile de palme ?

Si l’amendement déposé par Yves Daudigny a été appelé « Amendement Nutella », il est important de souligner que l’huile de palme n’est pas présente uniquement dans les aliments considérés comme gras. On en trouve dans toute sorte de produits tels que les soupes lyophilisées, les biscuits, le lait pour bébé, les sardines en boîte, la sauce tomate, les pâtes à tartes ou encore les plats préparés. La WWF a estimé qu’il y avait environ un produit sur deux qui contiendrait de l’huile de palme. C’est l’huile végétale la plus consommée au monde car elle représente un faible coût de production.

Risque de maladie cardio-vasculaire

L’huile de palme contient près de 50% d’acides gras saturés (contre 15% dans l’huile d’olive) mais aussi de l’acide palmitique qui favorise l’obstruction des artères. La consommation excessive de cet acide augmente le risque de maladie cardio-vasculaire. Dans un rapport sur la « Réévaluation des apports nutritionnels conseillés en lipides : ni trop, ni trop peu », publié en mars 2010, l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire, précise : « Les lipides ont des effets bénéfiques sur la santé à condition de diversifier les apports en graisses végétales et animales pour respecter l’équilibre des apports entre les différents acides gras. À l’exception de l’huile de palme (très riche en acide palmitique et présente dans de nombreux produits manufacturés), il est conseillé de consommer et de diversifier les huiles végétales (les huiles de colza et de noix sont les sources principales d’acide alpha-linolénique). »

Autre danger, l’huile de palme peut être hydrogénée. L’hydrogénation est un procédé solidifiant n’importe quelle huile. Les acides gras naturels sont alors transformés en acides gras trans, c’est-à-dire en matière grasse hydrogénée. Ils sont plus dangereux pour la santé que les acides gras saturées, car ils se stockent dans le corps et sont quasiment impossible à éliminer. Ces acides favorisent les dépôts graisseux à l’intérieur des vaisseaux sanguins, ce qui augmente le risque cardio-vasculaire. Le Nutella est composé, par exemple, à 5% d’acides gras trans.

Risque de cancer du sein

L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et l’Institut Gustave Roussy publiaient en 2008 dans la revue American Journal of Epidemiology une étude qui révélait que les acides gras trans étaient impliqués dans le développement du cancer du sein dans les pays industrialisés.

L’équipe de l’Inserm et de l’Institut Gustave Roussy s’était alors intéressée à 363 femmes qui ont développé un cancer du sein après les prélèvements sanguins. Les chercheurs ont comparé les taux des différents acides gras à ceux de 702 témoins. Les résultats de l’étude montraient alors que le taux d’acides gras trans semblait lié au risque de développer une tumeur dans la glande mammaire, jusqu’à multiplier par près de deux la probabilité d’apparition de la maladie. « À ce stade, nous ne pouvons que recommander une diminution de la consommation de produits manufacturés, source d’acides gras trans d’origine industrielle. Il conviendrait en particulier de limiter les procédés industriels générant des acides gras trans (huiles végétales partiellement hydrogénées) », avaient indiqué les chercheurs dans un communiqué de l’Inserm.

Pourquoi ne pas retirer l’huile de palme du marché ?

En prenant connaissance de ses données, l’amendement du sénateur Daudigny peut sembler légitime. Mais une autre question se pose : puisqu’il est avéré que l’huile de palme est dangereuse pour la santé, pourquoi ne pas l’interdire tout simplement ? Lors de sa campagne pour les primaires du PS, Arnaud Montebourg l’avait assuré : « L’Union européenne s’orientera rapidement vers une interdiction de l’huile de palme ». Mais qu’en est-il vraiment ?

Le 6 juillet 2011, le Parlement européen adoptait un règlement concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaire. Dès lors, concernant les matières grasses, il est précisé entre parenthèses de quelle huile il s’agit, par exemple huile de tournesol ou huile de palme. Mais faut-il aller plus loin ?

Pour Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), l’huile de palme n’est dangereuse que si elle est consommée avec excès. La discussion est ouverte. Le PLFSS sera examiné en séance par le Sénat à partir du 12 novembre.

 

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