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Yann M’Vila puni à titre d’exemple

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Un espoir déchu

Avant d’être cité dans les colonnes des faits divers du football et de faire la une pour ses écarts, Yann M’Vila était reconnu comme l’un des futurs hommes forts de l’Équipe de France. Il avait à peine 18 ans que Frederic Antonneti le lançait déjà dans le bain de la Ligue 1 avec le Stade Rennais. Il joue plus de trente match sous le maillot rouge et noir pour sa première saison (2009/2010). Yann M’Vila connaît aussi de nombreuses sélections avec l’Equipe de France des moins de 17 ans jusqu’au groupe pro ; il connaît une ascension sans anicroche.

Ses qualités ? Un gros volume de jeu au milieu de terrain et surtout sa capacité à récupérer beaucoup de ballons pour ensuite faire jouer son équipe vers l’avant grâce à une qualité de passe au-dessus de la moyenne. Ce n’est donc pas un hasard si le joueur du Stade Rennais figurait dans la liste des trente joueurs pré-sélectionnés pour la Coupe du Monde 2010 et encore moins sur celle de Laurent Blanc pour l‘Euro 2012 .

Une sanction démesurée ?

Difficile de ne pas voir dans cette sanction, l’une des plus sévères du football français, une punition à titre d’exemple. Si la sanction est aussi lourde, elle s’explique aussi par les antécédents du joueur rennais. À l’Euro 2012, Yann M’Vila avait refusé de serrer la main de son coéquipier Olivier Giroud et de Laurent Blanc lors de son remplacement en quart de finale face à l’Espagne. Son attitude n’avait pas été appréciée, surtout après les écarts de Samir Nasri. Pour cette maladresse, M’Vila n’avait reçu qu’un rappel à l’ordre.

Cette sanction renvoie aussi inévitablement à celles prises lors de la Coupe du Monde 2010 suite à la mutinerie de Knysna et aux insultes de Nicolas Anelka à l’encontre de Domenech. Nicolas Anelka, après son passage devant la commission de discipline, est suspendu pour dix-huit matchs, ce qui met un terme à sa carrière en bleu. Frank Ribéry et Patrice Evra, eux, avaient écopé de cinq et trois matchs pour leur rôle présumé dans « l’épisode du bus » en Afrique du Sud.

C’est donc dans ce climat délétère qui règne depuis plus de deux ans au sein de l’institution de l’Équipe de France que cette décision a été rendue.

La suspension est elle la seule solution ?

C’est maintenant devenu un rite à la FFF. Chaque écart de conduite débouche sur une convocation devant la commission de discipline, qui sanctionne et souvent suspend le joueur de matchs internationaux. Est-ce là la seule solution pour prévenir et empêcher la récidive ? La preuve que non. Il s’agit plus d’une solution de facilité avec l’espoir de frapper fort aux yeux d’une opinion publique agacée de voir ces jeunes joueurs tomber dans les excès.

On peut imaginer que le dialogue, surtout avec des jeunes joueurs comme Yann M’Vila, serait une solution beaucoup plus probante pour analyser et comprendre ces dérapages, ou pourquoi pas des sanctions qui, au même titre que des travaux d’intérêts généraux, obligeraient les jeunes fautifs à retourner dans leur club formateur pour participer à des entraînements avec des jeunes et revenir avec eux sur les fautes à ne pas commettre en tant que professionnel.

C’est surtout un travail en amont que devrait entreprendre la FFF dans les centres de formation pour préparer les jeunes joueurs à gérer leur statut de future star.

Des réactions contrastées

Suite à la décision de la commission de discipline, les réactions ne se sont pas fait attendre dans le milieu du football, et elles sont contrastées. Willy Sagnol, responsable des sélections nationales, affirme : « Si la sanction est lourde, pour moi elle est justifiée. J’espère que cela fera réfléchir M’Vila, et aussi les autres qui voudraient franchir la ligne jaune ».

Christophe Bouchet, candidat à la présidence de la FFF, se place, lui, logiquement en opposition à la décision rendue : « Là on se lâche ! Ces sanctions sont disproportionnées, c’est un peu honteux et injuste de se défouler comme ça, et cela ne règle rien. J’aurais préféré des sanctions plus pédagogiques ».

Alain Girèse est plus cynique en affirmant « N’oublions pas une chose : leur quotidien ne va pas changer. Oui, ils sont pénalisés par rapport à la sélection mais l’équipe de France, ça se mérite. Et même plus ».

Le principal intéressé a, lui, communiqué via son avocat Thierry Fillion : « Pour moi, la sanction qui touche Yann M’vila est une sanction disproportionnée. Mais elle ne me surprend pas compte tenu du battage médiatique. Je m’interroge sur le sens de cette décision qui tend à faire de M’vila un bouc-émissaire. »

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