Site icon La Revue Internationale

À quand une enquête internationale sur la mort du bloggeur iranien Sattar Béhéchti ?

sattar3.jpgsattar3.jpg

[image:1,l]

Après l’onde de choc internationale et l’indignation des Iraniens provoquées par la mort sous la torture du blogueur iranien Sattar Béhéchti, le chef de la brigade de police chargée de la cybercriminalité (dite FATA) à Téhéran a été limogé. Sattar Behesti avait été arrêté le 30 octobre pour des allégations de cyber-crimes, il est décédé le 3 novembre.

Le général Ahmadi Moghadam, commandant des forces de sécurité de l’État (FSE), a révoqué le 1er décembre le colonel Mohammad Hassan Shokrian, chef de la cyber police du Grand Téhéran. Avec un semblant d’élimination d’un sous-fifre, le régime cherche vainement à sauver le chef du judiciaire et d’autres responsables directement responsables de ce crime et d’autres cas similaires.

Le critère de promotion dans cette dictature est de participer aux exactions contre les opposants politiques

Les autorités n’ont pas craint d’annoncer qu’« après avoir fait la lumière sur divers aspects de l’affaire (…) en raison de négligence et de manque de contrôle sur les agissements de ses subordonnés et la procédure à suivre pour ce décès », ce commandant a été relevé de ses fonctions. Or Ahmadi Moghadam et d’autres commandants des FSE ont tous pris part à l’assassinat de milliers de prisonniers et de personnes innocentes, qui relèvent du crime contre l’humanité. Le critère de promotion dans cette dictature et de nomination à des postes de ministre, de député ou de responsable de la sécurité, est de participer aux exactions contre les opposants politiques.

Afin de contenir les protestations sur la mort de Sattar Behechti, le régime iranien a mis en place un soi-disant comité à la commission des Affaires étrangères et de la sécurité nationale de son parlement, présidé par Aladin Boroujerdi, un proche de Khamenei, le guide suprême du régime.

– Le 12 novembre, ce comité a annoncé que Sattar Behechti était décédé de « mort naturelle ».

– Le 13 novembre, Mohammad Dehghan, député de la faction de Khamenei, et membre du bureau du Majlis, a déclaré : « Si nous avions sérieusement suivi l’affaire de Kahrizak, surtout si des promotions n’avaient pas été faites par certains hommes d’État, cet incident amer ne serait pas arrivé », selon l’agence de presse Mehr. Il faisait allusion à Ahmadinejad qui a promu au poste de directeur exécutif de l’Organisation des Fonds publics le juge criminel Mortezavi, principal élément à l’origine des crimes au camp de la mort de Kahrizak.

– Le 14 novembre, Taghavifar, directeur exécutif du quotidien Khorchid (affilié à Rahim Masha’i) écrivait : « Aujourd’hui, la raison derrière la décision de M. Ahmadinejad de visiter les prisons est claire (…) Je suis certain que si le président s’était rendu à (la prison d’) Evine, nous n’aurions pas assisté à la mort douloureuse d’un citoyen iranien. »

– Le 15 novembre, le mollah Larijani, chef du judiciaire, a réagi à cet article : « Ceux qui sont affiliés au gouvernement n’ont pas respecté l’ordre et la sécurité nationale du pays et ont apporté de l’eau au moulin de l’ennemi. Le gouvernement abuse de manière flagrante de la mort de Sattar Behechti. » (Agence de presse Fars)

– Le 18 novembre, Taghavifar a été convoqué par le tribunal sur la base d’une plainte à ce sujet venant du parquet de Téhéran.

– Le 26 novembre, Davatgari, député de la faction de Khamenei, a annoncé que « la faute commise par la police FATA dans le cas de Sattar Behechti est manifeste ». Soulignant que la prison d’Evine « répond aux normes légales », il a expliqué que « les commissariats ne peuvent maintenir en détention les suspects que peu de temps en présence d’officiers (…) les agents de la FATA ont gardé l’accusé une nuit en détention, sans ordre du juge, (…) les troisième et quatrième jours, malgré l’ordre du juge, la police FATA a repris l’accusé de la prison d’Evine pour le placer sous la supervision de la police FATA ».

– Le 30 novembre, Esmaïl Kossarri, député et membre de la commission de la sécurité nationale, a déclaré sans façon : « Le fait qu’un individu reste à la prison d’Evine pendant un moment et meure dans un centre de détention ensuite, ne signifie pas que ce centre de détention soit illégal (…) Evine est une prison légale et tous les centres de détention sont légaux et sous surveillance. » (Agence de presse ILNA)

Les opposants iraniens ont appelé à la mise en place d’une mission internationale pour enquêter sur les tortures dans les prisons et sur la mort de Sattar Behechti. Le Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI) a demandé dans un communiqué que les auteurs et les commanditaires de ces crimes soient traduis devant la justice internationale.

Quitter la version mobile