À présent, les Australiens n’ont plus le choix, les emballages de leurs paquets de cigarettes sont neutres, sans logo ni marque, mais toujours avec un message sanitaire d’avertissement. Aurons-nous bientôt la même politique en France ?
[image:1,l]
Depuis le 1er décembre, l’Australie est le premier pays au monde à interdire l’inscription de logos et de marques sur les paquets de cigarettes. Ces dernières doivent désormais être vendues dans un paquet de couleur kaki comportant des photos de poumons malades et autres rappels des effets nocifs du tabagisme sur la santé.
Dissuader les jeunes
Les compagnies de tabac ne sont autorisées à inscrire leur nom et le type de cigarettes qu’en petit, en texte clair sur le dessous de la boîte. Une première qui a pour objectif de rendre le paquet le moins attirant possible : « Si nous pouvons empêcher les jeunes de s’y mettre, c’est quelque chose qui les aidera toute leur vie », a déclaré à la presse la ministre de la Santé, Tanya Plibersek.
Selon le Guardian, l’idée est de dissuader les jeunes de commencer, car certaines études montrent qu’un jeune qui n’a jamais fumé avant 26 ans a 99% de chances de ne jamais commencer. Actuellement, 15% des Australiens fument (en France, c’est le double), un pourcentage que le gouvernement aimerait faire descendre en dessous de 10 d’ici 2018.
Réduire le nombre de victimes
Faire une loi sur le sujet était le cheval de bataille de l’ancienne ministre de la Santé, Nicola Roxon, qui a perdu son père à cause d’une maladie liée au tabagisme alors qu’elle n’avait que 10 ans. À l’heure actuelle, l’Australie recense 15 000 décès liés au tabac, un chiffre qui représente une dépense de plus de 19 milliards d’euros par an pour le pays.
D’importants fabricants de tabac – dont Phillip Morris, Imperial Tobacco et British American Tobacco Imperial – ont mené une campagne de grande envergure médiatique contre le passage à l’emballage neutre, en arguant que ce paquet allait tromper les gens et encourager la contrebande de cigarettes, ce qui entraînerait automatiquement une baisse des prix. Toutefois, les arguments du gouvernement ont été confirmés par la Haute Cour de Sydney, en août dernier.
L’industrie du tabac pense que le gouvernement australien a gagné ce procès seulement en raison des particularités du droit constitutionnel australien ; Philip Morris a promis une longue bataille juridique devant les instances internationales.
L’Australie pourrait faire des émules
La nouvelle législation australienne et les réactions que celle-ci a suscitées ont été suivies de près par d’autres pays dans le monde qui envisagent une législation similaire, comme la Grande-Bretagne, la France, la Norvège, l’Inde et la Nouvelle-Zélande. La Commission européenne avait indiqué l’été dernier « suivre de près ce que fait l’Australie », tandis que la directrice de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, a appelé le reste du monde à observer la politique menée par ce pays en matière de marketing du tabac.
Le Pr Martinet, président du CNCT (Comité national contre le tabagisme), a appelé de son côté la ministre de la Santé Marisol Touraine et l’ensemble des membres du gouvernement français à suivre l’exemple australien et à ne pas se laisser intimider par les menaces des fabricants. « Il est temps de faire aboutir la révision de la directive européenne sur les produits permettant à la France et aux autres pays de l’Union Européenne de s’engager également sur cette voie », a-t-il déclaré.