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Cinq siècles de relations franco-algériennes

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1550 : Les premières « relations franco-algériennes »

Tomasino Lenche, un entrepreneur corse de Marseille, obtient du Dey d’Alger, en 1550, l’autorisation de pêcher du corail près de Bône, sur la côte algérienne.

Quelques années plus tard, afin de développer son activité, il fonde le Bastion de France, un comptoir marchand proche de La Calle, dont l’activité rayonnera sur la Méditerranée pendant plus de cinquante ans.

1827 : Le coup d’éventail

Après deux siècles d’un calme relatif, les relations avec la Régence d’Algérie se ternissent. C’est un coup d’éventail qui serait à l’origine de l’histoire houleuse qui a déchiré les deux pays pendant plusieurs décennies.

En 1827, un impayé de la France, contracté pendant la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte, aurait été mentionné lors d’une rencontre entre le consul-général français et le souverain du protectorat turc qu’est alors l’Algérie. Ce dernier, suite à une discussion peu amicale avec le Français, lui aurait donné le coup d’éventail qui allait assombrir les relations franco-algériennes pour longtemps.

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1830 : Les Français débarquent en Algérie

Le 14 juin 1830, les troupes françaises de Charles X débarquent à Sidi-Ferruch. La conquête de l’Algérie se fera progressivement selon des plans établis par l’espion français Vincent-Yves Boutin, vingt-deux ans plus tôt. Alger est prise le 5 juillet sur capitulation du Dey.

Deux ans plus tard, en 1832, l’émir Abd El-Kader proclame le djihad contre les Français. Suivront deux grandes campagnes de « pacification » jusqu’en 1847, date à laquelle Abd el-Kader se rend.

1848 : L’Algérie est proclamée « territoire français »

L’année suivante, le 12 novembre 1848, l’Algérie est inscrite dans la constitution de la IIe République comme « territoire français ». Pour autant, la France ne contrôle pas tout le territoire : elle doit donc se lancer dans plusieurs campagnes de colonisation et faire face à de nombreuses révoltes.

Mais le 4 août 1914, le conflit déclenché deux mois plus tôt à Sarajevo atteint brutalement les côtes algériennes. Deux croiseurs allemands bombardent Bône et Philippeville, deux villes de l’est de l’Algérie française, avant de trouver refuge dans les eaux ottomanes.

Pendant ce premier conflit mondial, l’Algérie sera un réservoir de soldats : environ 25 000 Algériens musulmans trouvent la mort sur les champs de bataille.

1927 : L’Algérie entame ses rêves d’indépendance

C’est pendant l’entre-deux guerres que le nationalisme algérien prend de l’ampleur. En 1927, Ferhat Abbas donne naissance à l’Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA), un groupe qui aura un rôle capital dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le Parti du peuple algérien (PPA) sera quant à lui crée dix ans plus tard par Messali Hadj, et dissout deux ans après.

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1942 : La France entraîne l’Algérie dans le conflit mondial

Depuis l’armistice signé par Pétain en 1940, les Allemands avaient le champ libre pour mener leurs opérations en Algérie. Mais en 1942, les Alliés débarquent sur le sol algérien et libèrent la zone de l’influence vichyste.

À la Libération, le général de Gaulle fait un pas de plus vers l’intégration totale de l’Algérie au territoire français. En 1944, il signe une ordonnance qui supprime le statut d’ « indigène » et accorde la nationalité française à plus de 65 000 Algériens.

1954 : Début de la guerre d’indépendance

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Algérie est parcourue d’une série de révoltes et d’émeutes qui font plusieurs milliers de morts. En 1954, un groupe radical appartenant au PPA fonde le Front de libération algérien (FLN) : débute alors la guerre d’indépendance d’Algérie. Deux ans plus tard, on compte près de 500 000 soldats français en Algérie.

Alors que l’armée française multiplie les actes de torture à partir de 1957, la situation se détériore. Le général de Gaulle est rappelé sur la scène politique et est investi président du Conseil en 1958. C’est deux jours après sa nomination, le 4 juin, qu’il prononce une phrase restée célèbre : « Je vous ai compris ! »

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1962 : L’Algérie est indépendante

C’est à la suite d’un référendum organisé des deux côtés de la Méditerranée, et grâce à la signature des accords d’Évian en mars, que l’Algérie gagne son indépendance. Ferhat Abbas devient le premier chef d’État de la République algérienne démocratique et populaire.

Ainsi, le 5 juillet 1962132 ans jour pour jour après la prise d’Alger en 1830, l’Algérie proclame son indépendance. La guerre, qui a duré huit ans, a fait entre 300 000 et 600 000 morts selon les sources.

Commence alors l’exode de plus de 700 000 Européens d’Algérie, les « pieds noirs », qui pour la plupart se réfugient en France. Il faudra attendre la fin des années 1960 pour que l’armée française quitte complètement le territoire algérien.

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1975 : La France renoue avec son ancienne colonie

Un an après son élection aux présidentielles, Valéry Giscard d’Estaing effectue la première visite d’un président français en Algérie depuis l’indépendance. La diplomatie franco-algérienne reprend des couleurs.

C’est François Mitterrand qui transforme cette diplomatie en relations économiques. Trois mois après sa visite à Alger en avril 1981, un accord sur le gaz est signé. Le président socialiste reçoit pour la première fois un président algérien, le colonel Chadli Bendjedid, à l’Élysée en 1983.

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1999 : Bouteflika, le président qui consolide la « bonne entente »

Avec plus de 73 % des suffrages, Abdelaziz Bouteflika est élu à la présidence de l’Algérie. Cependant, la France émet des réserves sur les conditions de l’élection, tous les autres candidats s’étant retirés 48 heures avant le scrutin.

C’est également en 1999 que la France reconnaît officiellement que les évènements d’Algérie sont bien une « guerre », et que les soldats qui ont été tués se sont bien « sacrifiés pour la nation ».

Le président Bouteflika effectuera par la suite plusieurs visites en France. En 2004, année de sa réélection, il signe un accord de partenariat stratégique avec la France.

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2005 : La France accusée de négationnisme

Le début des années 2000 est marqué par les tensions diplomatiques liées au passé qui ressurgit, et notamment au principe de la torture qui, selon le général Massu, était un « mal nécessaire » et une « mission donnée par le pouvoir politique ».

En 2005, la France est accusée de négationnisme par le président Bouteflika à cause d’un texte de loi qui fixe les indemnités des Harkis. L’article souligne entre autres les bienfaits de la colonisation sur l’Algérie ; il sera supprimé en 2006.

2012 : La reconnaissance des massacres

Suite à une visite en Algérie au cours de laquelle il avait appelé le pays à « se tourner vers l’avenir », le président Nicolas Sarkozy reçoit des Harkis à l’Élysée. Pour autant, il ne reconnaît pas les massacres qui ont eu lieu durant la guerre d’Algérie, contrairement à ce qu’il avait annoncé avant son élection.

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Il faut attendre 2012 pour voir François Hollande faire un pas vers la reconnaissance d’un massacre, celui perpétré par les policiers français lors de la répression d’une manifestation organisée par le FLN à Paris en 1961. La création d’une  journée nationale en mémoire des victimes de la guerre d’Algérie est adoptée par l’Assemblée nationale le 8 novembre.

Avec sa visite du 19 décembre, François Hollande invite une nouvelle fois la France et l’Algérie à « se tourner vers l’avenir ». Les questions de l’immigration et d’un soutien militaire au Mali semblent être au cœur de cette nouvelle rencontre entre les présidents français et algérien.

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