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Euthanasie: le rapport Sicard préconise les soins palliatifs

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Le rapport du Pr Didier Sicard sur l’euthanasie devrait être rendu mardi 18 décembre au président François Hollande.

Les limites de la Loi Leonetti

Très attendu, ce rapport sur la fin de vie dont a été chargé l’ancien président du Comité consultatif national d’éthique au mois de juillet dernier devait « évaluer l’application » de la Loi Leonetti, texte qui entoure actuellement la fin de vie.

Le quotidien La Croix a eu accès au document et indique que deux éléments majeurs ressortent du rapport. Ainsi, celui-ci estime d’une part que le texte de loi Leonetti de 2005 doit tout d’abord faire l’objet d’ « un effort majeur d’appropriation  […] par la société et par l’ensemble des médecins et des soignants », mais également que ce texte ne sera pas suffisant pour combler les attentes des patients en fin de vie.

En effet, selon les termes rapportés par le journal La Croix, les demandes des patients ne sont pas « des revendications simplistes ou naïves  […]. Il s’agit d’une demande profonde des personnes » de ne pas être « soumises, dans cette période d’extrême vulnérabilité de la fin de vie, à une médecine sans âme. »

Pour une généralisation des soins palliatifs

Le rapport met avant tout en exergue le manque de soutien et de soins appropriés pour les personnes en fin de vie et dans la souffrance.

Après avoir tenu de nombreux entretiens, tant avec des patients, leur famille et les équipes médicales concernées, la commission d’enquête indique avoir rencontré un vrai manque en termes de soins palliatifs.

« J’ai vu mon frère mourir dans des conditions lamentables pendant plus de trois mois, sa famille a demandé les soins palliatifs, mais il n’y a eu droit que 15 jours avant de mourir, c’était trop tard », peut-on lire dans le rapport selon des propos cités d’un entretien.

Ainsi, le rapport Sicard préconise « l’intégration d’une compétence en soins palliatifs dans toute pratique clinique », contre une logique du « tout-curatif » actuellement adoptée par de nombreux médecins.

Le suicide assisté comme « recours ultime »

Si l’euthanasie n’est pas préconisée en raison de son aspect « radical », l’équipe rédactrice du document envisage une forme de sédation profonde ou d’assistance au suicide.

Lorsqu’un patient souhaite l’arrêt de son traitement, « il serait cruel de (le) laisser mourir ou de le laisser vivre sans lui apporter la possibilité d’un geste accompli par un médecin accélérant la survenue de la mort. »

Pour autant, le rapport Sicard ne préconise pas un retour sur la loi Leonetti et cette assistance ne doit pas, selon les termes du document, être « une solution proposée comme une alternative » mais comme « un recours ultime », utilisé dans des cas extrêmes.

L’euthanasie mène à la dérive

Derrière cette prudence vis-à-vis de l’euthanasie, le rapport Sicard évoque les différentes dérives qui pourraient survenir des suites d’une telle législation.

« La pratique euthanasique développe sa propre dynamique résistant à tout contrôle efficace et tend nécessairement à s’élargir », indique ainsi le document.

« Elle intériorise des représentations sociétales négatives d’un certain nombre de situations vieillesse, de maladie et de handicap », qui pourraient éloigner la médecine du « devoir universel d’humanité de soins et d’accompagnement. »

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