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Inventer l’équilibre énergétique

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Mme Sophie Menthon, présidente d’ETHIC et organisatrice de l’événement, a dénoncé un débat actuel sur l’énergie trop « partisan ». D’après Joël de Rosnay, scientifique et président exécutif de Biotics International, la solution de l’énergie du futur se trouve dans « la démocratie énergétique ». Pour ce dernier, nous sommes encore loin d’une démocratie, puisque assistés et soumis par des lobbies pétroliers et nucléaires attachés au pouvoir politique.

Selon lui, la combinaison des énergies renouvelables connectée à des moyens de stockage et à des réseaux intelligents de distribution est la voie de l’avenir. Il faudrait ainsi mixer les trois E – Économie d’énergie, Efficacité énergétique, Énergies renouvelables – avec les énergies classiques et nucléaires afin de laisser progressivement place à une énergie responsable. Il est également important pour Joël de Rosnay que la France ait une vision plus modulaire et moins pyramidale de l’énergie pour sortir progressivement du tout nucléaire. « Nous allons vers une société du Peer to Peer énergétique, un Internet de l’énergie où les gens pourront produire, échanger et vendre de l’énergie. C’est comme cela que nous créerons une démocratie énergétique débarrassée des lobbies».

Les enjeux internationaux

Pour Michel Derdevet, maître de conférence à l’Institut d’études politiques de Paris, l’aspect « humain » de cette transition est également important. « Il est évident que si toute la planète consommait autant d’énergie que l’Europe et les États-Unis, nous serions dans une situation des plus critiques. Si l’énergie est indispensable au développement, il est important que tout le monde s’implique afin de trouver l’équilibre pour notre avenir énergétique », a-t-il affirmé lors du colloque de l’Ena.

Un autre intervenant, Thierry Lepercq, président de Solaire Direct, a présenté les différents avantages de l’énergie solaire. D’après lui, elle serait capable de produire en un jour autant d’énergie que la totalité des réserves de pétrole. Il a ainsi souligné l’importance de l’innovation dans ce secteur.

Pour André Merlin, président de Medgrid, l’avenir serait dans l’interconnexion entre toutes les productions locales d’énergies au niveau mondial. D’après lui, il est nécessaire de mettre en relation les producteurs et les consommateurs d’électricité en fonction de l’offre et de la demande (vision modulaire). Léonidas Kalogeropoulos, vice-présidente d’ETHIC, a également insisté sur l’importance de parvenir à économiser l’énergie produite.

La politique et l’énergie en France

L’économiste Pascal Perri a abordé le déficit de la facture énergétique française (63 milliards d’euros), évoquant l’indispensable nécessité de changements. Pour Pascal Hamamdjian, si le monopole d’EDF a su tenir ses promesses en délivrant une énergie de meilleur coût avec une qualité de service, cela ne semble pas être pour autant une solution pour l’avenir.

La loi NOME a également été évoquée lors de ce colloque à l’Ena. Votée en 2010, elle a permis aux concurrents d’EDF de lui racheter une partie de sa production électrique afin de la revendre. Une bonne initiative, mais inéquitable pour les nouveaux acteurs, étant donné que les tarifs d’électricité restent moins avantageux pour les entreprises autres qu’EDF.

Aujourd’hui, l’offre s’adapte à la demande. Pour l’avenir, il serait intéressant d’inverser ce schéma, afin de transformer les consommateurs en « consommacteurs ». Si la concurrence ne fait pas baisser les prix, elle permet néanmoins de proposer une offre plus adaptée au client, lui permettant ainsi de réduire sa facture énergétique.

Pour Corinne Lepage, députée européenne et ancienne ministre de l’Environnement, il est important de penser production locale en suivant le modèle de plusieurs communes devenues progressivement autonomes en énergie et revendant les bénéfices de l’électricité aux acteurs locaux et aux contribuables. Il s’agit selon elle d’un modèle d’avenir.

Enquête UFC

Une enquête publiée il y a quelques jours par l’UFC-Que Choisir et relayée par le site 20 minutes a montré que les ménages utilisant le gaz ou le fioul pour se chauffer payaient, en plus de leur propre consommation, une partie de celle des ménages se chauffant à l’électrique. 

En effet, selon l’organisation, « les coûts liés au chauffage électrique, notamment en termes de production et de transport, ne sont pas répercutéssur les factures de leurs usagers, mais sur celles de l’ensemble des consommateurs ».

L’UFC a toutefois rappelé qu’en vertu de la loi NOME, tous les usagers devront payer leur consommation réelle. Ainsi, d’après l’organisation, les 8,2 millions de foyers français au chauffage électrique régleront des factures supérieures d’au moins 12% à celles des autres ménages.

Au même moment, en Suisse, un collectif du canton de Fribourg organisait un référendum à propos d’une nouvelle loi sur l’énergie qui préconisait purement et simplement le remplacement de tous les chauffages électriques résidentiels dans le but de réduire la consommation d’énergie. Le « non » l’a très largement emporté. Le collectif a rappelé que le chauffage électrique n’était pas responsable de l’augmentation de la consommation d’électricité, celle-ci étant plutôt imputable à la prolifération des appareils ménagers. En outre, la suppression des chauffages électriques signiferait évidemment une hausse du nombre de logements chauffés au gaz, contraire aux objectifs de réduction de l’émission des gaz à effet de serre.

Il est également important de signaler que revenir à des coûts réels pour chaque Français signifie remettre en cause le principe du service public et pénaliser ceux qui ne paient qu’un seul abonnement – et non deux avec le gaz – et qui économisent les frais de maintenance. Comme dans toute logique commerciale, les plus gros consommateurs bénéficient de remises. De plus, si l’électricité va certainement augmenter, ce sera aussi le cas du gaz. Les demandes d’augmentation du prix du gaz facturé par GDF-Suez ont été jugées légitimes par le Conseil d’État .

 
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