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Les cinq plus célèbres exhumations de l’Histoire

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Yasser Arafat a été exhumé cette semaine, après que le doute a plané sur le fait que sa mort n’était peut-être pas tout à fait naturelle.

Mais Arafat n’est pas la seule figure emblématique à avoir été dérangée après sa mort. Des gens célèbres, souvent morts de façon controversée, ont déjà été déterrés – et c’est chose commune depuis longtemps, très longtemps. Voici quelques exemples intéressants de personnages qui n’étaient pas tout à fait autorisés à reposer en paix…

Abraham Lincoln…net les profanateurs de tombes

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L’emblématique Abraham Lincoln fait actuellement l’objet d’un film hollywoodien acclamé par la critique, mais la vie après la mort de ce grand président est aussi assez intéressante.

Après son assassinat, Lincoln a été enterré dans un tombeau grandiose au centre de l’Illinois, à la suite d’un dernier voyage en train remarquable à travers la campagne. Là-bas, la triste histoire de Lincoln devait prendre fin – mais cela ne s’est pas vraiment passé comme ça.

En 1876, un escroc et faussaire de l’Illinois, nommé Ben Boyd, a été emprisonné pour ses crimes. Cela n’a pas plu à son associé d’affaires « Big Jim » Kinealy, qui a décidé que ce serait une bonne idée de voler le corps de Lincoln dans son tombeau, puis de le « garder en otage » contre une grosse somme d’argent – et la libération de Boyd. Qu’est-ce qui aurait pu mal tourner avec un plan de la sorte ?

Kinealy et ses coompagnons ont voulu sortir le cercueil le 7 novembre 1876, mais ont seulement réussi à le déplacer d’à peine 40 centimètres. Ils ne savaient pas que l’un de leurs complices était en fait un agent des services secrets, qui avait placé des détectives dans le cimetière pour les capturer. Ils sont partis, mais ont été rapidement arrêtés et emprisonnés pendant un an chacun pour cet étrange crime.

Après cet incident, la famille Lincoln a décidé que la tombe de l’ancien président devait être rendue plus sûre. Cela signifiait que le corps de l’« honnête Abe » [le surnom d’Abraham Lincoln, ndlr] devait être temporairement exhumé, un acte qui a eu lieu en 1901.

Le fils de Lincoln, Robert, a laissé des instructions explicites pour que le corps ne soit pas consulté. Mais il n’était pas présent lors de l’exhumation, et ceux qui se sont rassemblés autour du corps ont décidé qu’il serait mieux de voir le corps pour s’assurer que c’était vraiment lui.

Une petite portion de la partie supérieure du cercueil a été coupée, remplissant la pièce d’une puissante odeur ; ceux qui étaient présents ont alors regardé le visage de Lincoln. Il était bien conservé, selon leurs témoignages. Sa peau était devenue noire, mais sa barbe et son grain de beauté distinctif étaient toujours là. Satisfaits, les spectateurs ont refermé le cercueil. L’un des hommes présents pendant l’exhumation a survécu jusqu’en 1960, faisant de lui le dernier survivant qui ait vu le visage du président…

Oliver Cromwell : sa tête a traversé les générations

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Olivier Cromwell a conduit la sanglante révolution britannique de 1648, déposant et exécutant le roi Charles Ier dans le but d’éliminer à jamais la monarchie et de mettre l’État sur la voie de la république. Il est devenu le protecteur de l’Empire britannique, et il a eu le pouvoir ultime sur le Royaume, sans jamais prendre le titre de roi, même quand celui-ci lui a été offert.

Cromwell est mort en septembre 1658, mais son expérience politique n’a pas duré beaucoup plus longtemps que lui. La monarchie des Stuart a été restaurée en 1660, et la famille royale a voulu se venger de la mort de Charles Ier. Après avoir tué douze des régicides qui avaient collaboré avec Cromwell la première fois, le corps du protecteur était le prochain sur la liste.

Le cadavre de Cromwell a été pendu à Tyburn, affiché pendant une journée, puis décapité et jeté dans une fosse au même endroit – où ses os sont sans doute encore là aujourd’hui, quelque part sous l’agitation des rues de Londres.

Mais qu’en est-il de son crâne ? La tête d’Oliver Cromwell a été placée sur un poteau au-dessus du Westminster Hall, sans doute en exemple pour tous ceux qui avaient dans l’idée d’imiter ses combats révolutionnaires.

Il semblerait que la tête soit restée là pendant un certain temps – et puis, après avoir été abattue lors d’une tempête, est devenue un objet héréditaire de la famille Wilkinson, qui l’a acquise en 1815, et sur laquelle on peut voir une moustache distinctive.

La tête remarquablement bien conservée de Cromwell a finalement été enterrée dans la chapelle de Sidney-Sussex – l’université dans laquelle a étudié Cromwell – en 1960, selon le Cambridge Time Traveler. Où, sans doute, elle se trouve encore aujourd’hui.

Les « poèmes exhumés » de Dante Gabriel Rossetti

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La poésie et l’art morbide de l’exhumation ne sont pas souvent associés, mais il y a des exceptions – comme dans le cas étrange du poète et peintre Dante Gabriel Rossetti, et ses poèmes qu’il a enterrés dans la tombe de sa dernière muse et femme, Elizabeth Siddal.

Elizabeth était d’une grande beauté et une modèle populaire de l’École pré-raphaélite, que Rossetti peignait souvent dans des poses lugubres. Vous l’avez probablement vue avant : elle a servi de modèle pour la grande et envoûtante peinture d’Ophélie, de Millais, où elle est dépeinte flottant presque au-dessus de l’eau, sa bouche délicate légèrement ouverte. Pour l’anecdote, elle aurait attrapé un froid terrible lors de la modélisation, attirant les foudres de son père sur l’artiste.

Mais Elizabeth Siddal souffrait d’une terrible dépendance au laudanum (un analgésique à base d’opium, populaire à l’époque victorienne), ainsi que de dépression post-partum après la naissance de l’enfant mort-né du couple. La muse est morte une vingtaine de mois seulement après leur mariage.

Quand elle a disparu [en 1862], le poète, dévasté, a enterré les seuls manuscrits existants de ses récents écrits avec son corps.

Et puis, sept ans plus tard, Rossetti se ravise. Sa vision était défaillante, et il était revenu à la poésie ; il voulait à nouveau revoir ces vieux poèmes moisis. Il n’y avait qu’une seule façon de les obtenir : l’exhumation, une perspective désagréable.

« La vérité, c’est que personne d’autre qu’elle-même aurait autant approuvé que je fasse cela », a affirmé Rossetti, comme l’a rapporté Jan Marsh dans le Times Literary Supplement. « L’art est la seule chose qu’elle prenait très au sérieux ».

Les « poèmes exhumés » extraits de la tombe de « Lizzie » sont brillants, mais la longue controverse au sujet de leur retrait du tombeau a résolument terni les versets eux-mêmes aux yeux de l’Histoire.

Charlie Chaplin et l’affaire de la tombe volée

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Charlie Chaplin, la star de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, était aimé par des millions de personnes, et sa mort en 1977, à l’âge de 88 ans, a entraîné un deuil international. Malheureusement, la star moustachue n’a pas été longtemps autorisée à reposer en paix dans sa tombe en Suisse.

En 1978, deux voleurs de tombes munis de pioches et d’un détecteur de mines, nommés Roman Wardas et Gantscho Ganev, ont réussi à déterrer le « Vagabond » et à faire main basse sur son corps. Imitant le plan plutôt farfelu des profanateurs de Lincoln, les voleurs avaient l’intention de voler le cadavre de Chaplin pour obtenir une rançon.

Ils se sont d’abord tournés vers sa veuve, lui téléphonant pour réclamer 600 000 dollars. Oona Chaplin a qualifié cette demande, à juste titre, de « ridicule » et alerté la police, qui a commencé une curieuse chasse pour retrouver la star manquante (et décédée).

Les voleurs sont ensuite partis en cavale avec les restes de Charlie Chaplin, un rebondissement qui ferait probablement un très bon film. Après des semaines de recherches, la police a finalement attrapé Wardas et Ganev, qui les conduisirent au corps de Chaplin. Ils l’avaient enterré dans un champ de maïs, à un kilomètre seulement de la maison familiale de Chaplin à Corsier, en Suisse. Les hommes ont été condamnés à sept ans et demi de prison pour extorsion et « trouble à la paix des morts ».

La tombe de Chaplin peut toujours être visitée, à Corsier. Le cercueil a été inhumé et scellé avec un enduit de ciment. On ne peut qu’espérer que Chaplin lui-même ait trouvé l’ensemble de cette affaire de tombe volée drôlement absurde.

Bobby Fischer fait un test de paternité… post-mortem

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Ce champion d’échecs mystérieux a tenu en haleine le monde entier sur un jeu de société, alors qu’il combattait les Soviétiques, n’utilisant rien d’autre que son esprit pendant les années tendues de la Guerre froide. Cet iconoclaste a voyagé de pays en pays pendant des années, et fait des déclarations de plus en plus anti-sociales pendant les rares occasions où il est réapparu sur la scène internationale.

Son passeport lui a été retiré par les États-Unis, et il a été détenu au Japon au milieu des années 2000 dans une affaire très médiatisée, après avoir fait fi des sanctions contre la Yougoslavie dans un match de 1992.

L’Islande a finalement offert à l’apatride Fischer un endroit où aller, et il a accepté l’offre. Le Parlement islandais lui-même a voté pour lui accorder la citoyenneté, lui permettant de quitter le Japon. Il a vécu sur l’île jusqu’à sa mort en 2008, à l’âge de 64 ans.

Cela aurait été pu être la fin ; mais en 2010, sa petite amie philippine, Marilyn Young, a eu recours à la justice pour pouvoir exhumer les restes de Fischer afin qu’il puisse passer un test de paternité posthume.

Le test s’est révélé négatif : Fischer n’était pas le père de la petite Jinky, 9 ans. Ses restes ont été ré-enterrés peu après.

GlobalPost/Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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