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«Nikola Karabatic»: le livre qui retrace l’affaire des paris truqués

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30 septembre 2012. Nikola Karabatic sort du stade Pierre de Coubertin, encadré par des policiers. L’image, forte, est reprise par tous les médias. L’histoire des « paris suspects » est devenue une affaire judiciaire. Pourtant, de la Yougoslavie à l’équipe de France en passant par Montpellier et Kiel, la trajectoire de Nikola Karabatic aura été limpide. Celle d’un gamin surdoué, qui voulait devenir le meilleur handballeur du monde. Une ambition déjà accomplie à 28 ans pour le double champion olympique, du monde, d’Europe, multiple champion de France et d’Allemagne : un destin de rêve. Jusqu’à cette interpellation qui écorne son image, l’entache d’un doute.

Pour la première fois, un livre retrace heure par heure cette affaire qui aura fait trembler le handball hexagonal. Que s’est-il passé autour du match Cesson-Montpellier ? Pourquoi l’affaire a-t-elle été aussi médiatisée ? Les preuves avancées par la justice sont-elles solides ? Scandale sportif ou fiasco judiciaire

Extraits de « Nikola Karabatic, la victoire et l’honneur » de Sylvain Pignol

Au terme de ces deux jours complètement fous, de nombreuses questions demeurent. Plusieurs joueurs se sont-ils entendus pour truquer un match ? Peut-on décemment parier sur la défaite de sa propre équipe ? Pourquoi la police et la justice ont-elles agi ainsi ? D’abord, le match a-t-il été truqué ?

Dès le départ, l’hypothèse des enquêteurs semble avoir été que plusieurs joueurs se sont entendus pour fausser l’issue du match Cesson-Montpellier. La mise en examen par les juges Meindl et Desplats-Didier de 13 personnes, le 2 octobre, en est la traduction judiciaire. Sur la base de quelle infraction ? La veille, le procureur Brice Robin a parlé de l’existence d’un « pacte de corruption » et a appuyé sa démonstration grâce au délit de « corruption sportive ». Le lendemain, c’est pourtant pour « escroquerie par l’emploi de manœuvres frauduleuses » que les présumés parieurs sont mis en examen. Ce point de droit est un détail important. Car ce délit « de corruption sportive » a été introduit par une loi très récente, promulguée le 1er février 2012. Soit trois mois avant le match suspect. La concomitance est troublante. C’est sur cette base que les premières investigations ont été menées. Policiers de la PJ et magistrats de Montpellier ont en quelque sorte testé, inauguré ce texte sur le terrain. Peut-être même ont-ils voulu l’utiliser coûte que coûte puisque ce délit existait désormais en droit pénal. L’escroquerie est plutôt un délit « à l’ancienne », passible de cinq ans de prison ferme et de 375 000 euros d’amende.

Pour la prouver, plusieurs éléments doivent être réunis. L’article 313-13 du Code pénal dispose que « l’escroquerie est le fait, (…) par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque ». Dans cette affaire, les éléments présentés par la justice ressemblent-ils à des manœuvres frauduleuses ? À en croire le procureur, celles-ci peuvent d’abord être détectées au travers de leurs prestations, ce soir du 12 mai. Selon Brice Robin, « certains joueurs ont joué avec le frein à main ». Un faisceau de déclarations l’a conduit à cette conclusion. Tout d’abord, « lors de leurs auditions, les arbitres des matchs ont estimé que la prestation du gardien de but avait été, je cite, “très moyenne”». Ainsi donc, la mauvaise prestation d’un gardien de but en ferait donc un suspect de triche.

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