Site icon La Revue Internationale

Nos politiques en 2012, ils ont bien mérité des prix…

debat_sarkozy_hollande.jpgdebat_sarkozy_hollande.jpg

Au cours des dernières semaines, JOL Press vous a proposé une série de rétrospectives, autant d’occasions de revisiter, avec un autre regard, l’actualité internationale 2012.

Si nous nous efforçons d’aborder les affaires du monde avec une indispensable dose d’optimisme, l’effort est souvent vain tant sont difficiles les temps qu’il nous est donné de traverser. Alors, à l’heure des bilans et avant d’entamer la suite et 2013, une année que nous espérons pleine de raisons d’espérer, une petite touche d’humour… Franck Guillory revient sur quelques temps forts de l’actualité politique française et s’offre l’audace de décerner quelques prix… Un cadeau de Noël très personnel, teinté de malice mais plein de respect.

[image:1,l]

Chose promise, chose due… Avec la perspective d’une double séquence électorale – une élection présidentielle suivie d’élections législatives -, l’année politique 2012 s’annonçait passionnante, fascinante. Rive droite comme rive gauche, 2012 a tenu toutes ses promesses. Un exemple à suivre…

Tout le monde n’a pas gagné mais ils ont été nombreux à se distinguer. Et ils méritent donc des prix toutes catégories

Le prix de « la formule qui fait mouche »

Le prix de « la formule qui fait mouche » – on aurait pu dire « la formule qui tue » – est décerné à… François Hollande.

De tous les rendez-vous télévisés qu’offre la vie politique française, c’est depuis 1974 ce qui se fait de mieux. Depuis 38 ans, à chaque élection présidentielle – exception faite de 2002 où Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen -, les débats entre les deux candidats qualifiés pour le second tour ont réservé de formidables moments d’anthologie.

Ces images appartiennent à la mémoire collective, ineffacées, ineffaçables. Le « Vous n’avez le monopole du cœur » de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand en 1974, le « Vous avez tout à fait raison, Monsieur le Premier ministre » du même François Mitterrand à Jacques Chirac en 1988, le « Je ne m’énerve pas » arraché, tout en finesse, par Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal en 2007… Ces instants ont fait basculer une élection ou retiré ses espoirs à l’adversaire en difficulté.

L’édition 2012 entre Nicolas Sarkozy et François Hollande n’a pas échappé à la règle…

Le débat dure depuis 2 heures16 minutes et 30 secondes. En réponse à une question de Laurence Ferrari sur le type de président qu’il entend être s’il est élu, François Hollande entame une longue tirade, préparée, construite sous la forme d’une anaphore, à savoir la répétition de la même formule au début de chaque phrase : 

« Moi, Président de la République, je ne serai pas chef de la majorité. Je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Élysée. Moi, Président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur. Moi, Président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fonds pour mon propre parti, dans un hôtel parisien… »

Le tout dura plus de trois longues minutes sans que – fait exceptionnel – Nicolas Sarkozy ne vienne interrompre son interlocuteur. Espérons que l’Histoire nous permettra un jour de comprendre objectivement pourquoi le président sortant a laissé ainsi s’exprimer l’aspirant « président normal ».

Sans attendre que l’Histoire ne fasse son œuvre, à peine six mois dans le nouveau quinquennat, il est intéressant aussi de confronter les promesses à la réalité, les ambitions du candidat à l’exercice du pouvoir par le Président. Mais ce n’est pas l’objet ici…

Hollande : « Moi président de la République, je… par LeNouvelObservateur

Prix de la révélation féminine

[image:2,s]Parmi les nominées, Marine Le Pen et Eva Joly. Cette dernière a démontré, au-delà de son score de 2,31% – qui vaut tout de même deux ministres aux Verts et un groupe parlementaire de 16 députés – que l’on ne s’improvisait pas candidat à l’élection présidentielle et qu’il fallait sans doute y penser de longue date, en se rasant ou se maquillant…

Ou être tombée dedans toute petite, comme Marine Le Pen qui, avec 17,9%, a dépassé le score de son père en 2002, même s’il ne lui a pas suffi pour accéder au second tour.

Mais le « prix de la révélation féminine » va aux 155 femmes élues députées lors des élections législatives des 10 et 17 juin 2012. Avec un taux de féminisation de 27%, l’Assemblée nationale est loin de la parité mais ces femmes ont eu le mérite précisément de dépasser les obstacles posées par les formations politiques, certaines plus que d’autres.

Prix de la révélation masculine

[image:3,s]Avec un score de 6,68%, il a terminé cinquième sur six de la primaire socialiste, un score a priori insuffisant pour espérer se retrouver en position de force dans le dispositif socialiste en cas de victoire à la présidentielle.

Pourtant, en quelques mois, Manuel Valls a su se rendre indispensable au candidat Hollande, mettant à son service ses compétences et son instinct exceptionnels en matière de communication politique.

Un des principaux artisans d’une campagne réussie, c’est tout naturellement que le député-maire d’Evry, dans l’Essonne, s’est en position de force après la victoire et a décroché le ministère ses rêves, celui de l’Intérieur. Place Beauvau, campant sur des positions souvent qualifiées de droitière au sein de sa propre formation politique, il entend incarner l’ordre et la continuité républicaine.

Une stratégie qui lui réussit et – puisque tout le dit, pourquoi se gêner – n’est pas sans rappeler un certain Nicolas Sarkozy, le Nicolas Sarkozy de 2002.

Être révélé ne suffit pas… saura-t-il durer ? D’ores et déjà premier ministrable, son profil serait sans doute difficile à imposer à l’actuelle majorité. À défaut, il lui faudra sans doute, une fois un bilan sécurité assuré, quitter ce portefeuille si particulier pour chercher ses lettres de créances sur le front social.

D’ici là, Manuel Valls mérite le prix de la révélation masculine 2012.

Le prix Phénix

[image:4,s]Il a, de tous les responsables politiques encore en exercice, le plus beau « palmarès » : ministre délégué, ministre, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale… 31 ans après sa premier entrée au gouvernement – en mai 1981 -, 28 ans après sa nomination à Matignon – il n’avait que 38 ans et reste le plus jeune (37 ans 10 mois et 27 jours) à avoir occupé le poste depuis les début de la République -, Laurent Fabius est de retour au Quai d’Orsay pour diriger la diplomatie française.

Après son « alter ego » de droite, Alain Juppé, en 2011, Laurent Fabius est le lauréat du prix Phénix du miraculé à la plus remarquable longévité politique.

Le prix de « l’avalage de couleuvre »

[image:5,s]Un exercice imposé en politique que « l’avalage de couleuvre »… L’avaleur est en réalité testé sur sa capacité à digérer la situation défavorable à laquelle il est confronté. En apparence perdant, affaibli sur l’instant, celui-ci montrera son réel talent s’il parvient à inverser la situation à son avantage et à en tirer un intérêt politique durable…

À ce jeu, c’est Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, désavoué par le Premier ministre en premier lieu, sur la nationalisation temporaire de Florange qui mérite ce prix. Revenu à la charge en décembre pour défendre sa position de principe en faveur de prises de participation publiques dans des entreprises privées, il pourrait à terme en tirer un sérieux avantage politique. Que le gouvernement soit contraint de suivre son plan ou qu’il décide de quitter, lui-même, le gouvernement, son positionnement à la gauche du parti socialiste ne s’en trouvera que renforcé. De ses relations avec François Hollande pourrait largement dépendre le scénario de ce quinquennat… et de l’élection présidentielle de 2017.

Le prix de l’émotion

Un moment très attendu… Le prix de l’émotion est attribué à Ségolène Royal pour sa réaction au tweet de Valérie Trierweiler, en soutien à Olivier Falorni, son adversaire dans la circonscription de La Rochelle au second tour des élections législatives. Émotion…

Le prix du « meilleur retournement de veste »

À l’unanimité, le jury accorde ce prix à François Bayrou pour avoir appelé à voter François Hollande entre les deux tours de la présidentielle et… n’en avoir tiré, à ce jour, aucun profit personnel.

Le prix de camaraderie

[image:6,s]Une compétition difficile tant sont nombreux les petits meurtres entre amis dans le monde politique. Mais, cette année, deux ténors se sont surpassés. Ils ont réussi à focaliser sur leurs seules personnalités un débat qui aurait gagné à se concentrer sur les idées. Ils ont réussi à maintenir en haleine pendant plus de trois semaines une opinion publique a priori peu motivée par un duel aux enjeux limités. Les deux compagnons, François Fillon et Jean-François Copé, ont bien mérité le prix de camaraderie pour leur capacité à se déchirer pour la présidence de l’UMP.

Le prix Nostalgie

À l’occasion de ses 80 ans, Jacques Chirac a pu constater que l’Histoire était en marche et qu’elle avait entamé son œuvre de polissage. Les hommages et les doux messages sont arrivés en masse. Nostalgie, nostalgie… Le prix Nostalgie est décerné à Jacques Chirac, président de la République de 1995 à 2007.

Une belle et heureuse année 2013 à tous !

Quitter la version mobile