Site icon La Revue Internationale

Pourquoi Marisol Touraine n’ouvre pas le don de sang aux homosexuels

[image:1,l]

« Je ne peux lever l’interdiction qui existe que si on me donne une garantie absolue que cela n’apportera pas davantage de risques pour ceux qui seront transfusés. Aujourd’hui, je ne peux pas lever cette interdiction », a indiqué la ministre de la Santé Marisol Touraine, vendredi 14 décembre sur BFM-TV. Une déclaration surprenante pour celle qui avait lancé à l’occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang : « On peut et on doit revoir cette politique (…). La sécurité doit être assurée, il n’est pas question de prendre le moindre risque en termes de transfusion, mais le critère ne peut pas être (…) l’inclination sexuelle ».

« Discrimination d’État »

Pour le député écologiste Sergio Coronado, par cette déclaration, la ministre de la Santé instaure une « discrimination d’État ». « Alors même que le gouvernement avance vers l’égalité des droits avec l’ouverture du mariage pour tous les couples, c’est une véritable discrimination d’État que vient d’entériner la ministre de la Santé », écrit le député dans un communiqué.

« Triste jour pour les hommes homosexuels, mais bien pire encore pour les malades », écrit-il avant d’ajouter : « Il est temps de cesser ces discriminations nocives pour la santé publique et le vivre-ensemble ».

Un avis partagé par Gaylib, un cercle de réflexion gay qui, à l’intérieur de l’UMP, réfléchit à la place des homosexuels dans la société. « En 2012, la France persiste encore et toujours dans un raisonnement sécuritaire, discriminatoire et homophobe depuis bientôt trente ans, qui conduit à exclure une partie de la population du circuit transfusionnel : les hommes gays et bisexuels », explique le groupe sur son site. « Nous souhaitons la discussion avec tous les acteurs du système transfusionnel français, et préconisons dans les plus brefs délais la tenue d’états généraux de l’autosuffisance et de la sécurité transfusionnelle. »

Une meilleure sélection des donneurs

Or selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), publié mardi 23 octobre et consacré au don de sang, l’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Établissement français du sang (EFS) auraient constaté que les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) seraient à l’origine de la moitié du risque de transmission du VIH par transfusion. Sur les 28 donneurs contaminés par le virus du Sida entre 2008 et 2010, 14 étaient des HSH.

Selon les chercheurs, modifier la mesure, qui exclut les homosexuels du don de sang, pourrait augmenter le risque de transmission du VIH par transfusion. En France, les hommes homosexuels sont exclus du don du sang depuis le début des années 1980 « parce qu’ils ont un risque plus élevé d’être infectés non seulement par le VIH mais aussi par d’autres infections transmissibles par transfusion, telles que l’hépatite B ou la syphilis », expliquent les chercheurs dans leur étude.

« Cette mesure, jugée discriminatoire par certains, fait l’objet de débats publics. De plus, elle n’est pas totalement respectée, car certains hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ne déclarent pas leurs pratiques sexuelles avant le don », ajoutent-ils.

C’est la première fois qu’une étude évalue la part du risque de transmission du VIH par transfusion attribuable aux homosexuels ne respectant pas leur exclusion des dons du sang.

Quitter la version mobile