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Première plainte déposée contre la pilule de troisième génération

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En septembre dernier, la Haute autorité de santé avait déjà rendu un avis défavorable jugeant le service médical rendu (SMR) des pilules contraceptives de troisième génération insuffisant. Ces pilules, censées être aussi efficaces que les contraceptifs de deuxième génération, sans leurs effets indésirables (acné, prise de poids, saignements…), sont aujourd’hui au cœur de l’actualité.

Une jeune femme, Marion Larat, accuse la pilule de troisième génération d’être à l’origine de son accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en 2006. Ainsi a-t-elle décidé de porter plainte pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine » contre le directeur général de Bayer Santé, auprès de la procureure de Bobigny (Seine-Saint-Denis). La plainte viserait aussi le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui n’a pas demandé le retrait de cette pilule du marché, « malgré le principe de précaution ».

Lien entre l’AVC et la pilule

En juin 2006, Marion Larat a été victime d’un AVC. Depuis, elle souffre de lourdes séquelles : « Handicapée à 65 %, épileptique, sa main droite ne lui est plus d’aucune utilité (elle était droitière), sa marche et son élocution sont extrêmement laborieuses », explique le Monde. Or on va lui apprendre un peu plus tard que c’est sa pilule qui a provoqué l’AVC.

La Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux de la région Aquitaine a confirmé le lien : « L’AVC est survenu dans les trois mois de la prescription du Méliane. Ces éléments constituent autant de présomptions graves, précises et concordantes permettant d’imputer la survenue de l’AVC à l‘administration du Meliane », rapporte le Monde. Les risques se multiplieraient lorsque la patiente est porteuse de la mutation du facteur V de Leiden, une anomalie génétique qui accentue la coagulation, une contre-indication à la prise d’une contraception orale.

Elle ne serait pas la seule victime

Le Monde a recueilli les témoignages d’autres victimes, ou familles de victimes, ce vendredi 14 décembre. Selon elles, cela ne fait aucun doute, c’est bien la pilule de troisième génération qui a été l’origine de leurs différentes maladies. « Comment peut-on accepter aujourd’hui de laisser des jeunes femmes dans l’ignorance de ce risque, sans leur indiquer précisément les signes précurseurs qui pourraient attirer leur attention et les faire consulter un médecin ? », interrogent les parents d’une jeune Adèle, victime d’un embolie pulmonaire.

Les risques pour la santé de cette pilule, mise sur le marché dans les années 1980, ont été révélés dès 1995, quand l’organisme de pharmacovigilance britannique, se fondant sur trois études épidémiologiques, a restreint l’utilisation des pilules de 3e génération du fait d’un risque deux fois plus élevé de phlébite et d’embolie pulmonaire qu’avec les pilules précédentes. Des résultats confirmés l’année dernière par le British Medical Journal.

Entre 1,5 et 2 millions de femmes utilisent aujourd’hui une des nombreuses pilules de 3e génération disponibles sur le marché, dont la moitié ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale. Les pilules de 3e génération contiennent de nouveaux progestatifs, notamment le gestodène ou le désogestrel.

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